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INTRODUCTION

« Jésus-Christ remplit le monde, et les siècles portent son « nom, dit Monseigneur l'archevêque de Paris dans son man« dement pour le Carême de 1864. Toutes les générations s'in«< clinent en passant devant lui: ses autels, assis dans les <«< consciences, environnés de respects et défendus par l'amour, « bravent les injurés des hommes et la main du temps; ils « survivent à toutes les révolutions et à toutes les ruines. »

Voilà de bien belles paroles; voilà la vérité

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Pourquoi donc des auteurs audacieux ont-ils voulu de nos jours enlever au Christ ces magnifiques priviléges? Pourquoi, « dans ce solennel concert d'hommages, quelques notes discordantes se font-elles entendre?» Monseigneur Darboy, dans la même œuvre que nous venons de citer, nous donne la réponse à cette question : « Comme il s'est trouvé des so<< phistes pour nier le mouvement au milieu de l'univers, qui « les emportait dans sa marche, il s'en trouve pour blasphé«mer Jésus-Christ et combattre sa divinité au milieu des

« splendeurs d'une civilisation qui vient de lui, et malgré << tous les bienfaits dont il les comble et les accable; esprits « malades, qui croient avoir l'audace de la science, et n'ont

que la fièvre du paradoxe; esprits faibles, qui se croient « forts, parce qu'ils s'affranchissent de la vérité, du raison<< nement et du respect. »>

Voici leur jugement: « Non-seulement leur œuvre im<< pie est un outrage à la foi des chrétiens, mais l'histoire, la logique et le bon sens même y sont méconnus et contredits « d'une manière qui ne se nomme pas et où ne peut des«< cendre la discussion. >>

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Et voici leur châtiment : « C'est leur premier châtiment d'offrir le spectacle d'une intelligence qui ne se tient pas, << et d'un cœur qui n'a plus le sentiment des grandes choses: ils vengent le christianisme par l'abaissement moral où ils « sont forcés de se réduire pour l'attaquer. La seconde puni<«<tion qui les frappe, c'est que, s'ils tirent on ne sait d'où << quelques éloges d'un caractère d'ailleurs équivoque, d'autre << part ils reçoivent de toutes les consciences honnêtes le «blâme le plus autorisé, jusqu'au moment, prompt à venir, « où le public leur accorde la protection de son indifférence : « oui, ils ont beau faire et beau dire, l'humanité continue « d'adorer Jésus-Christ, sans les prendre au sérieux, et elle « étouffe leur voix méprisée sous la puissance de ses can«<tiques. »

Oui, on a beau vouloir anéantir Jésus-Christ dans les âmes, on ne fait que l'y ressusciter. Christus et in secula, le Christ vivra dans les siècles des siècles. Voyez la communion pascale de cette année n'est-elle pas la plus éloquente protestation que l'on puisse faire contre d'obscurs et impies blasphémateurs, qui cherchent un nom à travers les voies ténébreuses d'une systématique incrédulité?

Je ne puis passer sous silence le fait remarquable de la Communion pascale à Notre-Dame de Paris, dont nous venons d'être témoin. Tous les ans, elle y a lieu. Tous les ans, c'est un spectacle aussi consolant que magnifique; mais cette année, c'était quelque chose de plus encore, c'était un grand acte de foi en la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ;

c'était une énergique protestation contre les blasphèmes qui affligent les âmes et qui déshonorent la France.

Aussi, le cœur du premier pasteur de ce diocèse était-il inondé d'une pure et sainte joie! Et cette joie, il l'a traduite en d'éloquentes paroles. Nous regrettons de ne pouvoir citer tout entière cette chaleureuse allocution que Monseigneur Darboy a adressée aux communiants; mais nous ne pouvons omettre ce passage, qui est tout un fait, et bien significatif : « Ce n'est pas sans une grande et vive émotion, dit le prélat, que je vous ai vus si nombreux à la Table sainte, et que d'ici encore, je contemple vos rangs si serrés. C'est une belle page que vous écrivez de la Vie de Jésus, et celle-là est honnête et loyale.

« Soyez bénis et soyez remerciés. »

Oui, soyez bénis et soyez remerciés, vous qui, contre les œuvres impies qui surgissent de tous côtés de nos jours, savez opposer le point principal de la pratique du christianisme. Car il ne faut pas se dissimuler la grandeur du mal. Il y a dans la société une plaie qui la ronge, et cette plaie, c'est l'indifférence et l'incrédulité. Et les auteurs qui ont voulu précipiter Jésus-Christ du trône de sa divinité, n'ont eu du succès que parce qu'ils ont deviné un peu l'esprit de leur siècle. A part cela, qu'est-ce que leurs œuvres?

Comparez donc ces noms-là, dont l'un se perd dans les archives d'un vieil Institut, et l'autre, dit-on, s'est produit dans un mauvais journal, comparez donc ces noms-là avec ceux des plus grands génies de tous les siècles.

Est-ce que nous aurions perdu le sentiment de la vérité et de la véritable gloire? Est-ce que les noms si célèbres de tous nos Pères de l'Eglise, et particulièrement de ces génies modernes qui dureront autant que le catholicisme et le monde, seraient trop éclatants pour la prunelle de nos pauvres yeux? Oh! non.

Ecce fides! disait saint Augustin; voilà la foi! La foi, pour elle, il n'y a jamais rien de trop grand. Je conçois parfaitement qu'un auteur impie qui veut expliquer, simplement par la raison, les miracles, se trouve parfois, et même souvent

embarrassé. Mais la foi qui transporte les montagnes, la foi qui seulement de la dimension d'un grain de senevé devient un arbre magnifique, la foi qui, logiquement, croit tout possible au Créateur, la foi grandit un homme dans des proportions qui ne peuvent plus s'exprimer.

Elle est bien dépeinte dans ces quelques lignes :

<< Restez donc avec nous, ô Jésus-Christ! vous qui, vain« queur du mal et de la mort, êtes venu rendre la vie aux <«< âmes et guérir les nations, Restez et bénissez vos enfants, << donnez aux pauvres du travail et du pain, aux riches un « cœur compatissant et généreux; donnez-leur la commisé<< ration, la tendresse ; donnez à ceux qui sont dans la priva<«<tion, dans le deuil et la souffrance, le secret de s'y montrer ‹ supérieurs; à ceux qui sont dans la joie et la prospérité, le << secret de ne pas s'y laisser corrompre; donnez aux faibles. << et aux petits la résignation et le courage, aux forts et aux «< puissants la mansuétude et la douceur. Donnez-nous à tous « la foi qui éclaire les horizons de la vie, le courage qui main<< tient l'homme dans les combats de la vertu, et la charité << surtout, qui lui marque sa place dans ce pays de lumière et d'amour où doivent habiter les élus! »

Une chose qui nous a toujours surpris est celle-ci : Lorsqu'il suffit de lire attentivement les Évangiles, qui portent un caractère tellement évident de vérité, que toutes les subtilités des philosophes et tous les contes des romanciers ne peuvent rien contre lui; lorsque nous entendons les Apôtres parler de conviction de cœur, revêtir une forme et un style qui ne sont propres ni aux enthousiastes ni aux visionnaires; lorsqu'ils annoncent une doctrine inconnue et sublime, supérieure à toutes les idées reçues alors; « lorsque ces illettrés, selon ce beau passage de saint Chrysostôme, proclament ce qu'aucun << philosophe n'aurait rêvé, lorsqu'ils l'annoncent avec une pleine assurance, et le persuadent non-seulement de leur «< vivant, mais encore après leur mort, non à deux ou à vingt < personnes, non à cent, à mille ou à dix mille, mais à des << villes entières, à des nations, à des peuples, à la terre, à la << mer, à la Grèce, aux Barbares, à l'univers habité et aux « déserts, et que pourtant ils parlent de choses qui sont bien

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• au-dessus du génie de l'homme ; comment se fait-il qu'il se trouve encore de nos jours de petits pygmées littéraires qui s'efforcent de torturer les textes, de voir et de faire voir des fables et des allégories là où la pure histoire est racontée si simplement?

Ce n'est pas tout les vérités évangéliques, et particulièrement la divinité du Christ, a été acceptée, traitée, prêchée par les plus grands génies de tous les siècles et de toutes les nations. Quels noms glorieux par leurs talents et par leurs vertus que ceux de tous les Pères de l'Eglise, dont la nomenclature serait un hors-d'œuvre, et d'ailleurs trop longue pour figurer ici! Quels noms glorieux que ceux de tous nos philosophes chrétiens, de tous nos illustres prédicateurs, de tous nos écrivains catholiques, soit anciens soit modernes, qui ont tous proclamé la divinité du Christ!

Eh bien il paraît qu'on ne tient aucun compte, au dixneuvième siècle, de cette illustre phalange, puisqu'on veut, puisqu'on a voulu renverser Jésus-Christ du trône de sa divinité.

Mais prions plutôt pour les blasphémateurs, sûrs que nous sommes qu'ils n'atteindront jamais leur but sacrilége, et contentons-nous de dissiper les ténèbres de l'erreur par les ineffables clartés de la vérité.

Au nombre de ceux qui ont écrit la vie de Jésus-Christ, et prouvé sa divinité, il y a un auteur connu depuis longtemps, et dont l'ouvrage jouit à juste titre d'une grande réputation : c'est Ludophe de Saxe ou le Chartreux.

Bellarmin, dans les Ecrivains ecclésiastiques, s'exprime ainsi à son sujet : « Ludolphe le Chartreux était Saxon de naissance; il était recommandable par sa grande piété. Il écrivit l'histoire de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tirée des Évangiles; il composa aussi des commentaires sur les Psaumes, interprétés surtout selon le sens spirituel. Il florissait vers l'an du Seigneur 1330. »

La chronique de Hermann Schedel nous dit que Ludolphe était Saxon de naissance, de l'ordre des Chartreux, dont il fut prieur à Strasbourg, vers l'an 1330. C'était un homme

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