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En marge de cet acte (1) on lit: Bénédiction de la maison des écoles de filles donnée à la paroisse par Mlle de Menou, comtesse de Charnisay, qui l'a fondée à perpétuité et y a établi des Sœurs de la Sagesse, tant pour l'instruction de la jeunesse que pour le soulagement des malades.

On se demandera comment l'inscription de la tablette place en 1779 la création de cette école; alors que d'après le registre paroissial elle n'eut lieu qu'en 1780, il est permis de supposer que le local étant construit et aménagé, des difficultés d'organisation en retardèrent l'ouverture.

La paroisse de N.-D. du Chemin comprenait, dans l'ancien régime, à l'intérieur de la ville, l'extrémité orientale de la Grande-Rue appelée depuis rue Bourgogne et s'étendait au dehors, dans le faubourg voisin; sa petite église qui ne disparut complètement qu'en 1878, s'élevait dans l'angle formé par cette rue avec le rempart de ville de l'est, à peu près en face de l'immeuble qui a conservé cette plaque commémorative, e il est bien probable que ce fut en ce lieu que Mlle de Menou y établit son école de filles. En effet, nous lisons dans les titres de la propriété actuelle que la grande maison moderne en bordure de la rue de Bourgogne, au no 20, fut construite avant 1850, sur l'emplacement de deux maisons portant les nos 22 et 24, et que la première avait appartenu à Notre-Dame du Chemin (2). La disposition d'un grand jardin qui subsiste encore s'étendant, jusqu'au Champ Saint-Euverte, rend vraisemblable qu'on ait installé une école en cet endroit, mais l'examen des documents d'archives (3) ne nous a donné aucune certitude sur ce point.

Mlle de Menou appartenait à la Maison de Menou, dont l'origine remonterait au x1° siècle, d'après les Preuves de la

(1) Mlle de Villaret qui, dans son livre précité, a publié ce procès-verbal, ne donne pas cette mention marginale.

(2) La maison n° 22 devint sous le premier Empire une auberge à l'enseigne : Au Désir de la Paix, et porta le no 59.

(3) Arch. dép., série G, fonds de Notre-Dame du Chemin.

Maison de Menou, notice intéressante que nous avons trouvée à nos Archives départementales (1). Elle était la nièce. d'Augustus Roch de Menou, mort évêque de La Rochelle en 1767, et réputé pour sa charité inépuisable envers les pauvres. << Marie-Françoise de Menou fut digne des vertus qu'elle avait eues sous les yeux. Sur la fortune considérable qui aurait dû lui revenir, elle ne se réserva que ce qui lui était strictement nécessaire pour accomplir le projet qu'elle avait formé de se consacrer à Dieu et au bien. Elle acheta une maison à Orléans, s'y établit et ne vécut que pour les pauvres. Elle fonda trois écoles gratuites pour les enfants et mourut en odeur de sainteté en 1799 » (2).

Pendant la Terreur, elle faillit devenir une de ses victimes; un prêtre, l'abbé Julien Dervillé, arrêté à Orléans, dans des circonstances bizarres, le 26 novembre 1793 (6 frimaire an II) déclara que, depuis quinze jours, il était hébergé chez une personne bienfaisante, Mlle Poullin, demeurant rue de la Bretonnerie, no 32, et révéla imprudemment qu'il avait reçu l'hospitalité chez Mlle de Menou, rue du faubourg de Bourgogne, no 70. Celle-ci, décrétée d'arrestation par le Comité révolutionnaire, réussit à se dérober aux recherches, mais il n'en fut pas de même pour l'abbé Dervillé, Mlle Poullin et sa domestique, Marguerite Besnard; déclarés coupables de conspiration par le jury du Tribunal révolutionnaire le 1er nivôse an II (21 décembre 1793, ils subirent la peine capitale. Cinq filles de la Sagesse qui demeuraient également chez Mlle Poullin furent condamnées à la détention jusqu'à la paix (3).

Il est exact que Mlle de Menou mourut à Orléans; nous

(1) Section g, 183, Preuves de la Maison de Menou, par le comte Jules de Menou, avec un rapport de M. le docteur FauconneauDufresne à la Société du Berry, 1857-1858.

(2) Extrait de la notice citée plus haut.

(3) On lira avec intérêt, sur cet événement, dans la revue le Correspondant du 10 février 1912, l'article de M. Paul Gaulot : L'aventure tragique du Jésuite Dervillé.

avons relevé comme suit son acte de décès à nos Archives communales :

« 13 germinal an VII (2 avril 1799).

« Décès de Marie-Françoise Menou Charnizay, âgée de << 77 ans et demi, propriétaire, native de Varzy (Nièvre), fille « des défunts André Menou Charnizay et Marie-Angélique « Brisson, décédée la veille, en son domicile, faubourg Bour« gogne, 70. »

Il nous a paru que le nom et la mémoire de cette femme charitable, bienfaitrice de la jeunesse populaire, méritaient justement d'être conservés.

A. POMMIER.

LE MAUSOLÉE

DE

LOUIS PHELYPEAUX DE LA VRILLIÈRE

à Châteauneuf-sur-Loire

PENDANT LA REVOLUTION

D'APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS

Le 24 septembrs 1792, l'an Ier de la République, il fut donné lecture au Directoire du district d'Orléans d'une lettre dans laquelle le citoyen Louis Picasnon, curé assermenté de Châteauneuf (1), demandait instamment que l'Administration prît des mesures pour protéger le célèbre mausolée de Phélypeaux de La Vrillière (2), mausolée dont ce prêtre paraissait craindre la destruction. Certains habitants pensaient, en effet, c'est du moins Picasnon qui l'affirme, — que les principes de la Liberté et de l'Égalité exigeaient la démolition de ce monument élevé, au XVII° siècle, à la mémoire d'un «< ci-devant seigneur du lieu ».

Après avoir entendu le Procureur-syndic, le Directoire,

(1) Picasnon avait prêté le serment civique dans l'église de Châteauneuf le 23 janvier 1791 (archives communales de Châteauneuf, délibérations municipales). Les Archives départementales du Loiret possèdent une copie moderne et informe de cette prestation de serment (série L).

(2) Sur ce mausolée, consulter les travaux dont la liste chronologique est donnée à la fin de cette étude.

TOME XVII.

BULLETIN No 207.

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considérant que le mausolée était un ouvrage précieux dont la conservation intéressait les arts, considérant que la Municipalité avait fait disparaître les signes de féodalité qui l'entouraient, arrêta que, conformément aux lois, ladite Municipalité serait spécialement chargée de veiller à sa préservation et de rendre compte des mesures qu'elle aurait prises à cet égard.

Il arrêta, en outre, que la Convention nationale serait informée de l'existence du mausolée, afin qu'elle pût en disposer comme elle le jugerait convenable (1).

Le mémoire de Picasnon et la décision du District furent transmis le lendemain au Directoire du Département (2).

Le 2 octobre 1792, les Administrateurs départementaux écrivaient à ceux du District :

«< CITOYENS,

« Nous ne pouvons qu'approuver les mesures que vous avès prises pour la conservation provisoire du mausolé (sic) qui se trouve dans l'église paroissiale de Châteauneuf. Il seroit effectivement à désirer qu'on laissat subsister ce monument qui fait honneur aux arts et l'admiration des connoisseurs. Nous venons, en conséquence, de faire passer au Ministre de l'Intérieur le mémoire que le curé de cette paroisse nous a présenté à ce sujet ; et, en luy expo. sant les motifs qui paroissent militer en faveur de la conservation de ce mausolé, nous le prions de nous faire connoitre le parti qu'il aura jugé convenable de prendre à cet égard. Aussitôt que sa réponse nous sera parvenüe, nous aurons l'attention de vous en donner connoissance. Vous pouvès, en attendant, prévenir le curé de Châteauneuf de notre démarche auprès du Ministre.

Les Administrateurs, etc. (3). »

(1) Arch. dép. du Loiret, délibérations du Directoire du District d'Orléans, L. 715, p. 104 (cote provisoire).

(2) Arch. dép. du Loiret, série L. 499 (cote provisoire), monuments et objets d'art (liasse); expédition. 2 feuillets.

cette

(3) Arch. dép. du Loiret, série L. 499 (cote provisoire), monuments et objets d'art (liasse) minute, 2 feuillets, avec : adresse: « Les citoyens composant le Directoire du District à Orléans »; et la mention

expédié ».

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