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ture du Loiret? M, Cuissard, dans son catalogue des Manuscrits publié en 1889, p. 738, affirme à tort qu'elles ne se trouvent pas dans la collection des Lettres missives de Henri IV. Elles figurent dans le Supplément imprimé en 1876, t. IX, p. 787; mais elles sont indiquées par M. Guadet comme originales, tandis qu'elles sont autographes, et comme lui ayant été communiquées par les Archives départementales. Il y a là un petit mystère qui est peut-être la cause pour laquelle ces lettres avaient disparu momentanément du dossier du Manuscrit, n° 328 (anc. 415).

G. BAGUENAULT DE PUCHESS2.

UNE SUPERCHERIE GÉNÉALOGIQUE

LE BAILLI JEROME GROSLOT SE DONNE DES ANCÊTRES

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Un intéressant usage des notaires Orléanais du xvre siècle. - s'il exista en d'autres régions, je l'ignore, était d'insérer, dans l'intitulé des contrats de mariage, à la suite des noms des époux, l'ascendance des deux familles. Cette recherche était souvent très étendue, parfois même allongée hors de toute proportion pour amener le nom d'un ancêtre notable. Les érudits trouvent là une précieuse mine de renseignements, ou plus exactement un canevas sur lequel brocher les résultats de leurs recherches on ne saurait accepter sans contrôle des données évidemment fournies par les intéressés et qui peuvent, dans un but de vanité, porter de sérieuses atteintes au vrai. Le cas n'est pas fréquent, mais il en est de notables, particulièrement celui que je viens signaler ici le contrat de mariage passé, le 22 mai 1553, entre Jérôme Groslot, bailli d'Orléans, et Pernelle Hate.

Dans un travail sur la date de construction de l'hôtel Groslot (1), j'ai cherché, l'an dernier, à éclaircir, par de nouveaux documents, les origines et la généalogie des Groslots. Des actes notariés, de tout repos, ceux-là, baux, constitutions de rente, et le contrat de mariage de Jacques Groslot, ont apporté la preuve certaine que les deux baillis d'Orléans, Jacques et Jérôme, le père et le fils, descendaient de Jean Groslot, marchand bourgeois d'Orléans, fils lui-même d'Étienne

(1) Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, t. XVII, p. 40.

Groslot, aussi marchand bourgeois d'Orléans. Dans le contrat de Jérôme Groslot, ces degrés sont trop rapprochés pour être modifiés à Orléans même : on en voile la trop évidente roture, Puis, au lieu d'Étienne Groslot, de Châtillon-sur-Loing, que donnent ces documents comme père d'Étienne, on nous sert un Jean Groslot, écuyer et gentilhomme ordinaire de la maison de la duchesse de Brabant, fils lui-même de noble seigneur Jean Groslot, chevalier et capitaine de ces étonnants << trois chasteaulx faisants la lymite d'entre ledit Brabant et Gueldre », dont on serait curieux de connaître les noms.

Or, il n'est pas douteux que le père légitime d'Étienne Groslot, marchand bourgeois d'Orléans, était Étienne Groslot, de Châtillon-sur-Loing. Dans un acte du 8 août 1488 (1), Étienne et Jean Groslot sont qualifiés tuteurs des enfants de feu Étienne Merlin, marié à Châtillon-sur-Loing et de feue Jeanne, sa femme, fille de feu Étienne Groslot, en son vivant demeurant au même lieu. Le 10 février 1470 (2) Jean Groslot, marchand, demeurant à Orléans, était dit déjà tuteur des trois enfants de feux Étienne Merlin et de Jeanne, soeur dudit Groslot, domiciliés durant leur vie à Châtillon-sur-Loing. Étienne- bisaieul de Jérôme et Jean, les deux frères, que nous connaissons par un grand nombre d'actes, étaient donc frères de Jeanne et, par suite, fils comme elle d'Étienne Groslot, de Châtillon (3). Il n'y avait que cette famille du nom de Groslet ou de Groslot à Orléans.

La supercherie paraît donc flagrante. Rien ne forçait Jérôme Groslot, épousant Pernelle Hate, qui n'était que de bonne bourgeoisie, à se chercher d'autres aïeux que ceux indiqués

(1) Min. Sevin, Ét. Gaullier.

(2) Min. Petit, Ét. Baron. — Cť. Bulletin, t. XVII, p. 52.

(3) Un acte de 1454 confirme encore ce fait: Jean Groslot, marchand à Orléans, y est dit amateur de Guillaume Groslot, étudiant, son frère, alors qu'un acte du 27 novembre 1453 note que Guillaume Groslot, étudiant en l'université d'Orléans, est de Châtillon surLoing. (Min. G. Breton, Ét. Berlencourt et Min. Chauvaux, Ét. Joblin.)

dans le contrat de mariage de Jacques (1). Mais l'homme qui ignorera bientôt la religion de ses pères commence par rougir de leur honnête médiocrité. Post tenebras lux..... Cette vaine gloriole indique une tendance, précédant la révolte orgueilleuse qui conduira Jérôme Groslot à sa perte moins de vingt ans plus tard.

Eug. JARRY.

22 MAI 1553

Contrat de mariage de Jérôme Groslot avec Pernelle Hate (Min. F. VIVIEN, Étude MACHEREAU)

« Le mariage de noble homme maistre Hierosme Groslot, escuier, s de Champbaudoin et de l'Isle, conseiller du roy nostre sire, bailly d'Orléans, filz de noble seigneur messire Jacques Groslot, ou vivant de luy chevalier, chancellier d'Alençon et de dame Jehanne Garrault, jadis sa femme, à présent sa vefve, ledit feu messire Jacques Groslot, filz de feu Jehin Groslit, ou vivant de luy s dudict Champbaudoin, et de feue Françoise Bouci cault (sic) (2), sa femme, fille de feu Gilles Boucicault (sic) (2) sr de Roynvillier, ledict feu Jehan Groslot, filz de feu Estienne Groslot, qui estoit filz de feu Jehan Groslot, quant il vyvoit, escuyer, filz de feu noble homme Baltazard Groslot, jadis escuyer et gentilhomme ordinire de la maison de la duchesse de Brabant, le lit feu Balthazard, filz de feu noble seigneur messire Jehan Groslot, ou vivant de luy chevallier, cappitaine et chef pour les duc et duchesse de B abant de trois chasteaulx, faisants la lymite d'entre ledit Brabant et Gueldre, ladicte dame Jehanne Garrault, fille de feu honnorable et prudent homme Thibault Garrault, en son vivant maire de Sully, sr de la Buffière et de feue Anne Roillart, jadis sa femme, fille de feux Jehan Roillart, s de Chevau et de Roze Framberge, sa femme,

à la personne de damoiselle Pernelle Hate, fille de noble homme me Jehan Hate, sr des Marois, notaire et secrétaire du roy nostre

(1) Bulletin, t. XVII, p. 55.

(2) C'est Coucicault.

sire, habitant à Orléans, et de damoiselle Loise de Sainct-Mesmin, sa femme, ledict m° Jehan Hate, filz de [feu] honnorable et prudent homme Euvertre Hate, jadis sr dudit lieu des Marois et de Faron, et de feue Anne Luillier, sa femme, ledict feu Euvertre Hale, filz de deffunct Jehan Hatte et de Ysabeau Simon, jadis sa femme, fille de feu Gaultier Simon et de feue Jehanne de Biscons, jadis sa femme, ladicte feue Anne Luillier, fille de feu Jehan Luillier le jeune de Lamothe et de feue Guillemine Le Charron, sa femme, fille de feu noble homme Guillemin Le Charron et de feue Ysabel Trotet, sa femme, et ladicte damoiselle Loise de S. Mesmin, fille de feu noble homme me Aignan de S. Mesmin, en son vivant escuier, sr du Brueil, conseiller du roy, lieutenant général des bailliage et gouvernement d'Orléans, et de feue damoiselle Pernelle Boudet, jadis sa femme; ledict feu me Aignan de S. Mesmin, filz de feu noble homme Aignan de S.-Mesmin, quant il vivoit aussi escuier, er du Breuil et de la Queuvre, et de feue damoiselle Jehanne Simon, sa femme, fille de feu noble homme m Jehan Simon, en son vivant conseiller du roy et son advocat en sa cour de Parlement a Paris, et de feue Marguerite de Bailly, sa femme, et ladicte feue damoiselle Pernelle Boudet, fille de feu noble homme Michel Boudet, en son vivant sr de Roccons, et de feue damoiselle Ysabel de Villebreme, sa femme ». Présence et avis de Jeanne Garrault, de Jean Hate et de Louise de S. Mesmin, de Françɔis Robot, sã de Martinville, conseiller ordinaire du roy en son Grand Conseil, et de Louise Hate, sa femme, sœur de Pernelle. Dot de 15.000 livres tournois. Douaire de 8.000, 4.000 s'il y a un ou plusieurs enfants. Pernelle, si elle survit, gardera ses vêtements et habillements et, en outre, 1.150 livres tournois de bagues et joyaux.

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