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Voici maintenant le décret :

EXTRAIT DES MÉMOIRES DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT

Au Palais impérial des Tuileries, le 15 janvier 1814.

NAPOLÉON, Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, Médiateur de la Confédération suisse, etc., etc., etc.

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

ARTICLE PREMIER. Il sera formé des Régimens de volontaires composés des ouvriers des manufactures de Paris, Rouen, Amiens, Alençon, Caen, Lille, Rheims, Saint-Quentin, Louviers, Elbeuf et autres villes et fabriques des 1re, 2e, 14e, 150 et 160 divisions militaires, qui se trouveront sans ouvrage.

ART. 2.

Les volontaires qui se présenteront pour entrer dans les dits corps contracteront l'engagement de servir jusqu'à ce que l'ennemi ait été chassé du territoire français.

Ils seront licenciés immédiatement après et seront rendus aux fabriques d'où ils sont sortis.

ART. 3. A compter du jour de leur départ, les femmes et les enfans des dits volontaires recevront du gouvernement un secours qui leur sera distribué par les mains des chefs des manufactures fabriques ou ateliers auxquelles (sic) ils appartiennent.

Ces secours ne pourront être moindres que ceux fixés par notre Décret du 9 décembre dernier.

ART. 4. Ces volontaires formerout des Régimens de tirailleurs et fusiliers qui seront à la suite de la Jeune Garde; ils seront habillés, nourris et soldés comme elle.

ART. 5.

Ces volontaires seront dirigés sur Paris.

Chaque chef d'établissement formera l'Etat de ceux de ses ouvriers qui se seront présent's, et certifiera leur bonne con luite.

ART. 6. Au moment où les volontaires recevront leur feuille de route, le Préfet enverra les Etats dont il est parlé à l'article précédent au général Drouot, aid -major général de la Garde, chargé

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de l'organisation, lequel réunira dans le même corps les ouvriers des mêmes fabriques et du même lieu.

--

ART. 7. Les volontaires ouvriers de notre bonne Ville de Paris formeront un ou plusieurs Régimens.

ART. 8. Nos Ministres de l'Intérieur, des manufactures, de la Guerre, de l'Administration de la Guerre et du Trésor sont chargés de l'exécution du présent Décret, qui sera inséré au Bulletin des Lois.

PAR L'EMPEREUR,

Le Ministre, Secrétaire d'Etat,

Signé LE DUC DE BASSANO.

Signé NAPOLÉON.

POUR AMPLIATION :

Le Ministre de l'Intérieur,
Comte de l'Empire,
MONTALIVET.

Aussitôt après la réception de la lettre ministérielle, le baron Pieyre, préfet du Loiret, s'empressa d'envoyer aux deux sous-préfets d'Orléans et de Montargis, « les deux seules villes du département où, écrivait-il, « il y eût des manufactures » (1), la copie du décret, accompagnée d'une lettre, dans laquelle il se bornait à reproduire les arguments développés par le ministre (2). Le préfet avisa également le maire d'Orléans, Crignon-Desormeaux « baron de l'Empire », qui saisit de l'affaire la Chambre de commerce, avisée elle-même d'autre part, afin de se concerter avec elle sur les mesures à prendre (3).

(1) Les importantes papeteries de Buges et la manufacture de serge d'Amilly, appartenant à l'arrondissement de Montargis, ressortissaient, dans la circonstance, du sous-préfet de Montargis, comme si elles eussent été situées à Montargis même.

(2) Nous n'avons pas trouvé trace des réponses des deux souspréfets.

(3) Lettre du maire d'Orléans à M. le baron Pieyre, préfet du Loiret (19 janvier 1814).

Les registres de délibérations de la Chambre de commerce d'Or

En fait, le préfet dut être profondément embarrassé par la requête gouvernementale. La levée des gardes d'honneur de 1813 lui avait déjà fait passer de très durs moments, et, cette fois, les instants étaient plus précieux encore. Il ne faut pas oublier, en effet, que Napoléon allait, dix jours après la publication du décret, quitter Paris pour l'armée et qu'il fallait faire vite.

Qu'advint-il de ce fameux projet? Ce qu'il était advenu des autres, c'est-à-dire rien. Les régiments volontaires ouvriers n'existèrent que sur le papier, où nous les avons retrouvés.

Henry Houssaye fait bien mention de levées de gardes nationaux ouvriers, demandées à Paris par l'Empereur (1), et qui n'aboutirent pas, mais cela ne paraît avoir aucun rapport avec notre sujet. Il dit aussi, d'autre part (2), que le nombre de volontaires, par suite de l'avantage des remplacements, ne s'éleva qu'à 291 dans tout Paris, pour le mois de janvier 1814. Peut-être s'agit-il là des levées de nos volontaires ouvriers, mais l'imprécision générale du brillant historien de 1814 ne permet pas de s'en assurer plus explicitement.

Les ouvriers sans travail de notre région, ayant le moindre goût pour l'état militaire, étaient déjà, pour la plupart, partis comme remplaçants, métier infiniment plus rémunérateur que celui de volontaire, étant donnés les hauts prix atteints à la fin de l'Empire; quant aux autres, ils durent rester parfaitement indifférents à l'appel impérial, car Lottin, dans ses Recherches historiques (3), fait mention du grand succès de la réquisition d'ouvriers en chômage devant concourir à la défense de la

léans, obligeamment mis à ma disposition par son président, M. Georges Dessaux, ne contiennent aucun renseignement relatif à cette affaire.

(1) 1814, p. 423.

(2) 1814, p. 11, note 1.

(3) Recherches historiques sur la ville d'Orléans, 3o partie, tome Ier, p. 162.

ville, ordonnée, le 11 février 1814, par le maire d'Orléans, sur la demande de l'autorité militaire.

C'est là une preuve nouvelle de l'insuccès de toutes les formations hâtives essayées au déclin de la fortune militaire de l'Empire, d'avance condamnées, à la fois, par l'absence de moyens matériels suffisants et par l'indifférence résignée de la plus grande partie de la population.

Albert DEPRÉAUX.

NOTE

SUR

UN SABRE DE SOLDAT D'INFANTERIE DE LA CARDE IMPÉRIALE

(1815)

DÉCOUVERT A ORLÉANS

L'arme que vous avez sous les yeux ne peut pas, à proprement parler, être qualifiée d'«< ancienne, puisqu'elle ne date guère que d'un siècle; elle rappelle cependant assez de souvenirs d'histoire orléanaise pour que nous ayons cru devoir vous la présenter.

Ce sabre, qui m'a été fort aimablement offert par notre collègue, M. Soyer, a été tout récemment découvert dans un jardin du faubourg Saint-Jean, à une très petite profondeur.

En me défendant de vouloir bâtir un roman sur cette trouvaille, je puis dire cependant qu'elle n'a rien d'étonnant, en cet endroit surtout. Elle se rattache certainement, soit au passage par Orléans, le 8 juillet 1815 (1), de la garde impériale en retraite, gagnant la rive gauche de la Loire, conformément à la capitulation signée par le gouvernement provisoire, soit, plus vraisemblablement encore, au désarmement des habitants d'Orléans, le 16 juillet 1815, par ordre du commandant prussien de la ville (2).

Les troupes prussiennes, en grand nombre, occupèrent le

(1) Lottin. Recherches historiques sur la ville d'Orléans, 3 partie, tome Ier, p. 285.

(2) Id. p. 296.

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