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NOTE

SUR

LA MAISON ROMANE DE BEAUGENCY

DITE "MAISON DES TEMPLIERS

La ville de Beaugency, outre plusieurs monuments remarquables, possède des maisons très anciennes et très dignes d'intérêt. La plus curieuse, dit Pellieux, dans ses Essais historiques sur la Ville de Beaugency (1), est celle de la rue du Puits-de-l'Ange, dont la façade supérieure parfaitement conservée offre un des rares spécimens de l'architecture civile romane dans l'Orléanais. Elle portait jadis le nom de Maison du Temple, comme ayant probablement appartenu à l'ordre des Templiers ».

M. Pillon, dans le récit d'une excursion qu'il fit à Beaugency avec plusieurs membres de notre Société, le 19 mai 1858 (2), la mentionne comme un bijou archéologique : « C'est une vieille maison, dit-il, qui devait être magnifique (3), avant que son propriétaire actuel n'eût renversé quatre arcades à plein cintre ouvrant sur la rue, pour leur substituer la devanture d'un magasin de pâtisserie. Il ne reste plus que les fenêtres du second ordre au premier étage ».

(1) Tome II, page 232.

(2) Voir Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais, tome II, page 447.

(3) La maison en question aurait appartenu, avant la Révolution, à M. d'Avaray, grand bailli d'Orléans.

Notre confrère n'exagérait pas, loin de là! Nous avons pu, récemment, visiter cette vénérable maison qui, malgré la mutilation qu'elle a subie au rez-de-chaussée, est restée intéressante. L'industrie du pâtissier a disparu; elle est en vente et il est à craindre que l'acquéreur futur ne la bouleverse encore davantage. Elle se trouve à l'angle de la rue du Puits-del'Ange et d'une petite rue qui continue la rue de la Treille jusqu'à la place de l'Hôtel-de-Ville. La façade principale a gardé à l'étage supérieur son caractère très net de construction romane; elle est partagée dans toute sa largeur par quatre larges arcades en plein cintre bien conservées qui, jadis, donnaient la lumière à l'intérieur; mais les ouvertures ont été bouchées. Ces arcades en profil circulaire ou tores reposent sur des colonnes cylindriques surmontées de chapiteaux ornés de feuillages et elles sont insérées dans des voussures striées de zigzags. Des vestiges très apparents montrent qu'au-dessous des cintres, il existait une autre arcade surbaissée. L'une d'elles, c'est dans la seconde à gauche, subsiste dans son intégrité; mais deux ont été remplacées par des persiennes qui font un triste effet sous des arcs romans. La façade orientale de la maison, sur la petite rue, possède une arcade du même style et de la même décoration et d'une meilleure conservation, car on y remarque entre les colonnes deux petits cintres en boudins autour desquels court un zigzag; ils reposent à leur liaison sur un chapiteau commun. Bien que l'une de ces petites arcades soit endommagée, l'ensemble est encore élégant. L'intérieur de cette demeure est très curieux; nous y avons vu, au rez-de-chaussée, une cheminée en pierre datant évidemment de la construction originaire; son manteau, plat sans autre ornement qu'une corniche, repose sur deux colonnes cylindriques avec chapiteaux non décorés. La salle où elle se trouve est éclairée par deux petites lucarnes géminées dont les encadrements évidés en arêtes révèlent le style du xve siècle. Une figure grotesque un enfant assis ayant une tête de chien - intacte est sculptée en haut relief dans un angle du mur contre la lucarne de gauche.

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