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Une personne que je ne vous nomme point, admirant dans un jardin tous les arbres en fleur, s'écria : « Ah! faut-il que je sois la « seule qui ne porte point de fleurs dans le « délicieux jardin de l'Église! »

Une autre, voyant de petits poussins ramassés sous leur mère, dit; « O Seigneur, con«<.servez-nous sous l'ombre de vos ailes. »

Une autre, regardant un tournesol: « O mon « Dieu, quand mon âme suivra-t-elle les at«traits de votre bonté? » Et, à la vue de ces petites fleurs qu'on appelle pensées, assez belles à la vue, mais sans odeur: « Hélas! << telles sont mes pensées, belles à dire, et « bonnes à rien. >>

Voilà, Philothée, comment on peut tourner en bonnes pensées et en saintes aspirations toutes les idées que nous inspire la grande variété des objets de cette vie mortelle. Malheureux ceux qui, par leurs péchés, donnent aux créatures un usage contraire à l'intention de leur Créateur! Bienheureux ceux qui cherchent la gloire du Créateur, et qui font servir ce qu'elles ont de vanité à glorifier la vérité ! << Pour moi, dit saint Grégoire de Nazianze, « je suis accoutumé à rapporter toutes choses «an profit spirituel de mon âme. » Je vous conseille encore de lire l'épitaphe de sainte

Paule, composée par saint Jérôme : vous y verrez avec plaisir de combien d'aspirations elle faisait usage en toutes sortes de rencontres. La grande œuvre de la dévotion consiste en cet exercice de la retraite spirituelle du cœur et des oraisons jaculatoires; il est d'une si merveilleuse utilité, qu'il peut, au besoin, suppléer à toutes les autres manières de prier; et qu'au contraire, si on le néglige, on ne peut remplir les devoirs de la vie contemplative, et on s'acquitte fort mal de ceux de la vie active; alors le repos n'est qu'oisiveté, et l'action qu'un embarras et une dissipation. C'est pourquoi je vous conjure de l'embrasser de tout votre cœur, et de ne le quitter jamais.

CHAPITRE XIV

De la très sainte Messe, et de la manière
de la bien entendre.

Je ne vous ai point encore parlé du très saint sacrifice et sacrement de l'autel, qui est, entre les exercices de la religion, ce que le soleil est

entre les astres; car il est véritablement l'àme de la piété et le centre de la religion chrétienne, auquel tous ses mystères et toutes ses lois se rapportent. C'est le mystère ineffable de la divine charité, par lequel Jésus-Christ, se donnant réellement à nous, nous comble de ses grâces d'une manière maguifique.

La prière faite en union avec ce divin sacrifice en reçoit une force merveilleuse; de sorte, Philothée, que l'âme qui y est remplie des grâces de Dieu, des suavités de son esprit et de la force de Jésus-Christ, se trouve dans l'état que l'Écriture nous exprime en disant que la sainte épouse des Cantiques était appuyée sur son bien-aimé, comblée de délices, et semblable à une colonne de fumée que le feu du bois aromatique le plus excellent pousse vers le ciel, et dont tout l'air est parfumé.

Faites donc ce que vous pourrez pour vous ménager le temps d'entendre tous les jours la sainte Messe, afin d'y offrir avec le prêtre le sacrifice de votre Rédempteur à Dieu son Père, pour vous et pour toute l'Église. Saint Jean Chrysostome nous assure que les Anges y assistent en grand nombre pour honorer de leur présence ce saint mystère : nous ne devons donc pas douter qu'y étant unis entre eux dans un mème esprit, nous ne puissions nous rendre

le Ciel propice, tandis que l'Église triomphante et l'Église militante entrent en société avec Jésus dans cette divine action, pour nous gagner en lui et par lui le cœur de Dieu son Père, et pour nous mériter toutes ses miséricordes. Quel bonheur pour une âme que d'y contribuer en quelque chose par une dévotion sincère et affectueuse !

Si vous ne pouvez pas absolument aller à l'église, il faut suppléer au défaut de la présence corporelle par celle de l'esprit ainsi ne manquez pas, à une heure quelconque du matin, de laisser votre cœur aller au pied de l'autel, d'y unir votre intention à celle du prêtre et des fidèles, et de vous occuper du saint sacrifice, quelque part où vous soyez, comme vous le feriez si vous étiez à l'église. Voici maintenant une méthode que je vous propose pour bien entendre la sainte Messe.

1o Dès le commencement jusqu'à ce que le prêtre soit monté à l'autel, faites avec lui la préparation, qui consiste à vous mettre en la présence de Dieu, à confesser votre indignité et à demander pardon de vos péchés.

2o Depuis que le prètre est monté à l'autel jusqu'à l'Évangile, considérez la venue et la vie de Notre-Seigneur en ce monde, vous en faisant une idée simple et générale.

3o Depuis l'Évangile jusque après le Credo, considérez la prédication de notre Sauveur : faites-lui une sincère protestation que vous voulez vivre et mourir dans la foi, dans la pratique de sa divine parole, et en union avec la sainte Église catholique.

4o Depuis le Credo jusqu'au Pater, appliquez votre cœur au mystère de la passion et de la mort de Jésus-Christ, qui sont actuellement et essentiellement représentées dans ce saint sacrifice, que vous offrirez avec le prêtre et avec tout le peuple à Dieu, le Père des miséricordes, pour sa gloire et pour votre salut.

5o Depuis le Pater jusqu'à la Communion, efforcez-vous de faire naître dans votre cœur mille ardents désirs de vous unir à JésusChrist par les liens d'un amour éternel.

6o Depuis la Communion jusqu'à la fin, remerciez Jésus-Christ de son incarnation, de sa vie, de sa passion, de sa mort, et de l'amour qu'il nous témoigne encore dans son saint sacrifice, le conjurant par tout cela de vous ètre à jamais propice, à vos parents, à vos amis, à toute l'Église; et puis, vous humiliant profondément, recevez avec beaucoup de dévotion la bénédiction que Notre-Seigneur vous donne par son ministre.

Si vous voulez faire votre méditation pen

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