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al-dzeheb et de la présente relation, je me crois en droit de conclure qu'Abou-Zeyd et Massoudi étaient contemporains, qu'ils se sont vus et qu'ils se sont fait réciproquement des communications. Abou-Zeyd a pris copie des notes que lui fournissait Massoudi, et les a en général reproduites dans les mêmes termes, ayant soin seulement de parler à la troisième personne, là où Massoudi figurait comme témoin oculaire. A son tour, Massoudi a profité des observations qu'avait recueillies AbouZeyd. Cette explication rend compte, ce me semble, d'une part, de ce qu'il y a de commun dans les deux ouvrages, et, de l'autre, de quelques variantes dans le récit, variantes qui sont indépendantes de la différence du plan qui avait présidé à la rédaction des deux traités. On trouve d'ailleurs dans le Moroudj, notamment dans la partie qui touche à l'histoire orientale, des faits qu'on chercherait vainement dans la présente relation : d'un autre côté, cette relation contient plu

sieurs remarques qui n'auraient pas été déplacées dans le Moroudj.

Une des considérations qui me font croire que la relation ne peut pas être de Massoudi lui-même, c'est la manière dont les faits y sont présentés. Massoudi, qui s'était donné beaucoup de peine pour recueillir des renseignements, et qui tenait à ce que le public lui en sût gré, ne s'est pas borné, en divers endroits de son Moroudj, à s'élever contre les écrivains peu délicats qui cherchent à s'approprier les matériaux rassemblés par autrui. Dans son Moroudj, comme dans ses autres écrits, à mesure qu'il a rapporté un passage emprunté à un auteur, chose qui lui arrive souvent, il ne manque jamais de reprendre en ces termes : « Massoudi rapporte, etc. 1»

Le savant M. Quatremère, qui, depuis longtemps, a eu occasion d'examiner la présente relation et le Moroudj-al-dzeheb, a émis, sur divers points, une opinion différente de celle que je viens d'exposer. M. Quatremère, sur quelques-uns de ces points, s'est peut-être

Le récit d'Abou-Zeyd et la relation entière se terminent par ces mots, qu'a omis Renaudot : «Voilà ce que j'ai entendu raconter de plus intéressant dans ce temps-ci, au milieu des nombreux récits laissé entraîner par Renaudot et Deguignes. Voici comment il s'exprime dans le Journal asiatique de janvier 1839, pag. 22: «La connaissance que j'avais acquise des qualités et des défauts qui distinguent Massoudi m'a fait reconnaître pour une production de cet écrivain un ouvrage estimable; je veux parler du livre intitulé Anciennes relations des Indes et de la Chine, traduites par l'abbé Renaudot. En lisant cet ouvrage, on est vivement frappé du désordre qui règne dans la narration, de la manière peu naturelle avec laquelle sont rapprochés des faits curieux, mais qui appartiennent à des régions fort éloignées les unes des autres, en sorte qu'il est fort difficile de voir, dans cet amalgame un peu informe, le récit d'un ou de plusieurs voyageurs. On observe que les deux marchands dont les noms se trouvent indiqués en plusieurs endroits, ne sont nullement désignés comme les auteurs de la narration, mais seulement comme des hommes véridiques qui, ayant par

auxquels donnent lieu les voyages maritimes. Je me suis abstenu de rien reproduire des narrations mensongères que font les marins, et auxquelles les narrateurs eux-mêmes n'ajoutent pas foi. Un récit fidèle, bien que court, est préférable à tout. C'est Dieu qui dirige dans la droite voie. » couru une grande étendue de pays, et observé avec soin les particularités propres à chaque contrée, formaient des témoins respectables, sur l'autorité desquels l'écrivain anonyme avait cru devoir appuyer une partie des détails consignés dans son ouvrage. Or, ce désordre dans la narration des faits est un caractère distinctif des productions littéraires de Massoudi. D'un autre côté, cet écrivain, lorsqu'il parle des Indes et de la Chine, invoque souvent le témoignage de ces mêmes marchands, prétendus auteurs de l'ouvrage traduit par l'abbé Renaudot. On peut donc supposer que les deux narrations des voyageurs arabes ne sont autre chose qu'un fragment d'un des ouvrages de Massoudi. Il est naturel de croire que le récit des prétendus voyageurs arabes formait une partie ou de la seconde édition du Moroudj, ou de l'Akhbar-al-zeman, ou de quelque autre ouvrage de Massoudi. »>

La manière dont Abou-Zeyd s'est exprimé en commençant, et la manière dont il termine le livre, me paraissent donner une idée exacte de l'origine de cette relation et du plan qui a présidé à sa rédaction. Il n'y a véritablement qu'une relation, c'est celle qui a été écrite d'après les récits du marchand Soleyman, et qui était antérieure de plus de soixante ans à Massoudi et à Abou-Zeyd. La deuxième partie, qui est l'ouvrage de celui-ci, n'est qu'une suite de remarques tendant à modifier, à expliquer ou à confirmer le récit du marchand. Voilà d'où est venu le manque d'ordre et de proportion qui se fait sentir dans l'ensemble de la rédaction 1.

1 Yacout, écrivain arabe de la première moitié du XI° siècle de notre ère, fait mention, dans son grand Dictionnaire géographique, d'un personnage appelé Misar-Abou-Dolaf, fils de Mohalhel, lequel, l'année 331 de l'hégire (942 de J. C.), accompagna, à leur retour dans leur pays, des députés de l'empereur de la Chine, qui s'étaient rendus à Bokhara, auprès de l'émir

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