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On trouve à la fin du traité ces mots écrits de la main du copiste : «Collationné avec le manuscrit sur lequel cette copie a été faite, au mois de safar de l'année 596 (novembre 1199 de J. C.).» Ces mots prouvent que le manuscrit a été copié vers la fin du XIe siècle de notre ère. Renaudot attribuait au volume un peu plus d'ancienneté; il s'exprime ainsi dans sa préface : « Son antiquité se connaît

samanide. Misar visita successivement la Tartarie, la Chine et l'Inde, et il rédigea une relation de son voyage, que Yakout a reproduite en grande partie dans son dictionnaire. Cazouyny a inséré quelques fragments de la même relation dans son ouvrage intitulé Atsar-al-bilad; mais, autant que je puis en juger par les fragments que je connais, le témoignage de Misar ne mérite pas beaucoup de confiance. Les fragments de la relation de Misar qui nous ont été conservés par Yacout et Cazouyny, viennent d'être publiés par M. Kurd de Schloezer, en arabe et en latin, sous le titre de Abu-Dolef Misaris ben Mohalhal, de itinere asiatico commentarium; Berlin, 1845, in-4°.

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assez par le caractère; mais il y a une marque certaine qu'il a été écrit avant l'an de l'hégire 569, qui répond à celui de J. C. 1173; car on trouve à la fin quelques observations de la même main, touchant l'étendue de Damas et d'autres villes de Syrie, dont Nour-eddin était le maître, et l'écrivain parle du prince comme étant encore vivant. Or ce prince mourut l'année qui vient d'être marquée. » Il est certain que dans le manuscrit on lit ces mots : « Mesure de quelques-unes des villes soumises au prince juste Nour - eddinAboul-Cassem-Mahmoud, fils de Zengui, l'année 564 (1169 de J. C.). » Mais le nom de Nour-eddin est accompagné des mots: «De qui Dieu ait pitié, et dont il illumine la tombe1;» et ces mots prouvent qu'au moment où les observations furent mises

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Voyez dans la présente édition, pag. 149 du texte. Du reste, les chiffres 564 qui se trouvent dans l'édition manquent dans le manuscrit. La date est seulement marquée une fois et en toutes lettres.

par écrit, Nour-eddin était mort. Il est facile, du reste, de lever cette légère contradiction, en disant que l'état des forteresses, tel qu'il est présenté dans le manuscrit, fut dressé du vivant même de Nour-eddin et par ses ordres, mais que la présente copie ne fut faite qu'environ trente ans après sa mort 1.

Voilà ce que j'avais à dire sur la manière dont cette relation a pris naissance, et sur les circonstances qui ont accompagné sa publication en Europe. Mais cette préface serait incomplète, si on n'y indiquait les connaissances géographiques des Arabes à l'époque où la relation fut rédi

1 Cet état des forteresses commence à la p. 149 du texte imprimé, et se termine à la page 164. On n'en trouvera pas ici la traduction. Ce tableau sort, par son objet, du cercle des matières traitées dans le présent volume; d'ailleurs, une partie des mots est marquée, dans le manuscrit, d'une manière cursive qui est à peu près illisible, et il aurait fallu souvent n'avancer que des conjectures.

gée, du moins en ce qui concerne les mers orientales, et si on ne décrivait les itinéraires suivis par les navigateurs arabes, indiens et chinois. Ces deux importantes faces du sujet sont restées presque entièrement cachées à Renaudot et à Deguignes, et ce n'est que de nos jours qu'il est devenu possible de les éclaircir.

Les relations commerciales entre les côtes de la mer Rouge et du golfe Persique d'une part, et de l'autre la côte orientale de l'Afrique et la côte occidentale de la presqu'île de l'Inde, remontent à une haute antiquité. On ne peut douter que tel ne fût l'objet de certaines expéditions des Phéniciens, expéditions auxquelles le roi Salomon ne voulut pas rester étranger. Ce fut par cette voie que les produits de l'Arabie Heureuse, de la côte de Sofala et des parages de l'Inde se répandirent en Occident. Ce commerce était une source de richesses considérables.

Ces relations se conservèrent sous les rois grecs qui suivirent la mort d'Alexan

dre;

elles furent la base principale de la grande importance qu'acquirent en peu de temps Alexandrie en Égypte et Séleucie sur les bords du Tigre. Néanmoins le trajet fut pendant longtemps lent et pénible. On sait que dans les mers orientales il règne des vents périodiques qui, pendant six mois, c'est-à-dire depuis le solstice d'été jusqu'au solstice d'hiver, soufflent du nord-est au sud-ouest, et, pendant les six autres mois, du sud-ouest au nord-est1. Mais l'imperfection de la navigation ne permettait pas encore aux vaisseaux de perdre les côtes de vue, cir

1 Pour avoir une idée précise de ces vents, que nous appelons, à l'exemple des Arabes, du nom de mousson, ou, plus correctement, maussam, l'on fera bien de consulter l'ouvrage de Horsburgh, intitulé India directory, et traduit en français par M. Le Prédour, sous letitre de Instructions nautiques sur les mers de l'Inde, tom. Ier, pag. 539, et tom. II, au commencement. Massoudi a parlé des moussons; voyez l'extrait, ci-après, pag. IVF et suiv.

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