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En 1718, un savant distingué par une instruction fort étendue, notamment dans les langues et les littératures de l'Orient, l'abbé Renaudot, publia un volume intitulé: Anciennes relations des Indes et de la Chine, de deux voyageurs mahométans qui y allèrent dans le 1x siècle de notre ère. Ces relations étaient traduites de la langue arabe, et Renaudot les avait accompagnées de remarques, dont plusieurs étaient fort

intéressantes.

Le récit des voyageurs arabes jetait un jour tout nouveau sur les rapports commerciaux qui existèrent au 1x siècle entre les côtes de l'Égypte, de l'Arabie et des pays riverains du golfe Persique d'une part, et, de l'autre, les vastes provinces de l'Inde et de la Chine. Ce récit était d'autant plus curieux, qu'au moment même où l'on finissait de le mettre par écrit, les relations qui en forment l'objet

a

ce

s'étaient interrompues, et qu'elles ne reprirent que plusieurs siècles après, lorsque les Mongols, par la conquête successive de la Perse, de la Chine et de la Mésopotamie, eurent de nouveau mis en rapport immédiat les deux extrémités de l'Asie, et que l'Occident lui-même se trouva en communication avec l'Orient le plus reculé. La partie du récit qui traite de la Chine n'était pas toujours d'accord avec que les savants missionnaires catholiques avaient écrit sur un pays si différent des autres. A la vérité, il y avait quelques erreurs provenant de Renaudot. Il n'eût pas été surprenant, d'ailleurs, que des marchands, qui ne parlaient pas la langue du pays et qui n'y étaient venus que pour affaires commerciales, se fussent trompés sur quelques points. On accusa l'abbé Renaudot d'inexactitude et de légèreté; quelques-uns allèrent plus loin: comme Renaudot n'avait donné aucune indication précise du manuscrit d'où il avait tiré ce le volume récit, se contentant de dire que

des

se trouvait dans la bibliothèque de M. le comte de Seignelay, on prétendit que l'abbé Renaudot avait lui-même forgé la relation, à l'aide de témoignages recueillis çà et là dans des ouvrages arabes.

La bibliothèque du comte de Seignelay, qui n'était autre que la bibliothèque fondée à grands frais par son aïeul, l'illustre Colbert, passa, il y a un peu plus d'un siècle, dans la grande Bibliothèque royale. En 1764, le célèbre Deguignes, que ses études sur la Chine et le reste de l'Asie avaient mis en état d'apprécier l'importance de la relation publiée par Renaudot, retrouva le manuscrit original dans l'ancien fonds arabe du département des manuscrits de la Bibliothèque royale, n° 597. Ce manuscrit formait, dans l'origine, le n° 6004 de la bibliothèque Colbert, et il était entré dans cette riche collection l'an 1673, ainsi que le constate une note de la main du bibliothécaire, le célèbre Étienne Baluze. Conformément à ce que Renaudot avait indiqué dans sa préface, on lit, à la

suite de la relation, une série de remarques, écrites de la même main, sur l'étendue et les remparts de Damas, et de quelques autres villes de Syrie et de Mésopotamie, à l'époque où ces places étaient soumises à Nour-eddin, prince de Damas et d'Alep, vers l'an 1170 de notre ère, durant les guerres des croisades. Deguignes rendit compte de sa découverte dans le Journal des savants du mois de novembre 1764, et fit quelques remarques sur le travail de Renaudot. Plus tard, il revint sur le même sujet, dans le premier volume du recueil des Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du Roi1.

Les remarques de Deguignes renferment quelques observations importantes; mais il en est plusieurs qui manquent de fondement et qui montrent que Deguignes avait lu fort rapidement le manuscrit, ou qu'il ne l'avait que médiocrement compris. La traduction de Renaudot et plusieurs de ses notes annoncent également quelque pré1 Pag. 156 et suiv.

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