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AVIS DE L'EDITEUR.

« LE Traité de la mort des persécuteurs de la religion chrétienne, par Lactance, est regardé à juste titre comme un ouvrage précieux (1). Rien ne prouve mieux que notre religion ne vient point des hommes, que l'inutilité des efforts qu'ont faits ses ennemis les plus acharnés pour la détruire. Rien aussi ne prouve mieux qu'il existe une Providence, que la fin tragique de ces impies forcenés qui eurent la stupidité de s'imaginer qu'ils viendraient à bout d'anéantir l'œuvre de Dieu.

<< Il est vrai qu'il s'agit ici des premiers persécuteurs du christianisme. Mais on sait, par l'histoire des différens siècles, que ceux qui eurent l'audace de les imiter, n'échappèrent point pour la plupart aux coups la justice divine. Le Juge suprême, qui est éternel, a

de

(1) V. la Notice de la vie et des écrits de Lactance, dans la nouv. édit. de Butler, tom. IX, p. 199, et dans la Bibl. choisie des Pères de l'Eglise grecque et latine de M. Guillon, tom. III, p. 365-475, édit. de Brux. et Louv.

T. XXIII.

A

retrouvé dans un autre monde ceux qu'il semblait avoir épargnés sur la terre. »

C'est ainsi que l'abbé Godescard s'exprime dans un avertissement qui précède la première édition de sa traduction du Traité de Lactance, publiée à Paris en 1797. A cette époque, où une persécution cruelle avait été allumée contre l'Eglise, l'on pouvait s'écrier: « Que » les persécuteurs modernes tremblent! Plusieurs d'en» tre eux ont déjà subi le châtiment qu'ils méritaient ; >> ceux qui leur survivent ne doivent point se flatter » de l'impunité. Tôt ou tard, la justice divine exercera >>> ses droits. >>

L'auteur de la Bibliothèque des Pères de l'Eglise grecque et latine observe (1), que Lactance n'est pas le premier écrivain qui ait porté au tribunal de l'histoire la justification de la Providence dans la cause des chrétiens. Avant lui Tertullien n'avait pas craint d'annoncer à la tyrannie les vengeances du ciel, non-seulement pour la vie future, mais dès le temps présent. << Loin de nous, disait-il à Scapula, préfet d'Afrique, la pensée de chercher à nous venger de nos persécuteurs. Dieų saura bien en prendre soin. Le sang des chrétiens retombera sur la tête de quiconque l'a versé (2). »

(1) Tom. III, p. 467.

(2) Absit ut indignè feramus ea nos pati quæ optamus, aut ul

S. Cyprien écrivait à un autre de ces féroces proconsuls : << Jamais la cruauté ne s'est exercée contre le nom chrétien Dieu n'ait fait à l'instant même éclater ses venque geances (1). » L'histoire nous montre partout cette main divine qui manifeste sa puissance et sa majesté dans la punition des persécuteurs (2).

Un seul manuscrit nous a conservé le Traité de la mort des persécuteurs. Ce précieux monument de la plus belle partie de l'histoire ecclésiastique, caché de

tionem a nobis aliquam machinemus, quam a Deo expectamus. Tamen, sicut supra diximus, doleamus necesse est, quod nulla civitas impune latura sit sanguinis nostri effusionem. Ad Scapulam, n. 2 et 3, p. 86, edit. Rigaltii an. 1634.

(1) Patientes facit de secutura ultione securitas. Innocentes nocentibus cedunt. Insontes pœnis et cruciatibus acquiescunt ; certi et fidentes quod inultum non remaneat quodcumque perpetimur; quantoque major fuerit persecutionis injuria, tanto et justior fiat. et gravior pro persecutione vindicta. Nec umquam impiorum scelere in nostrum nomen exsurgitur, ut non statim divinitùs vindicta comitetur. Ad Demetrianum, p. 138, edit Joan. Felli, Amstelod. an. 1700.

(2) On trouve dans les Opuscula selecta SS. Patrum spectantia ad scientiam temporis et disciplinam ecclesiasticam, Gand 1833, t. III, p. 125-241, une continuation du Traité de Lactance; elle est divisée en deux parties, la première avait paru à Gratz en 1726, la seconde a été rédigée par le savant éditeur de ce recueil, M. le chanoine Ryckwaert, président du séminaire de Gand.

puis long-temps dans la poussière de la bibliothèque de l'abbaye de Moissac, passa dans les mains de Colbert en 1678. Ce grand ministre, à qui les belles-lettres ont tant d'obligation, ne voulût pas qu'on différât à rendre public un trésor inconnu pendant onze siècles. Baluze, chargé de cette publication, y mit le nom de Lactance en suppléant quelques mots dans le titre (1). C'est sous ce nom que le Traité de la mort des persécuteurs a paru dans les éditions qu'on en a faites. Nicolas Le Nourry, bénédictin de la congrégation de S. Maur, a prétendu que Lactance n'était point l'auteur de ce Traité, et qu'il a été écrit au commencement du quatrième siècle par un nommé Lucius Cecilius (1). Deux raisons principales déterminèrent Baluze à faire Lactance auteur de ce livre. D'abord S. Jérôme nous apprend que Lactance avait laissé un Traité de la persécution. Ensuite Baluze trouvait entre le style de l'auteur

(1) Stephani Baluzii Miscellaneorum liber secundus, p. 1-46 et p. 347-463, Paris 1679.

(2) Lucii Cecilii liber ad Donatum confessorem de mortibus persecutorum, hactenus Lucio Cælio Firmiano Lactantio adscriptus, ad Colbertinum codicem denuo emendatus, accessit dissertatio in qua de hujus libri auctore disputatur, et omnia illius loca dubia, difficilia, obscura, variæque auctoris opiniones examinantur, explicantur, illustrantur. Studio et opera D. Nicolai Le Nourry. Paris 1710, in-8°

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