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divin Maître. Durant les vingt-cinq ans qui s'écoulèrent jusqu'au commencement du règne de Néron, ils jetèrent les fondemens de l'Eglise dans toutes les provinces et toutes les villes de l'Empire romain. Néron étant sur le trône, saint Pierre vint à Rome (an 54 ou 58). Cet apôtre, par la vertu des miracles que Dieu lui donnait le pouvoir d'opérer, fit de nombreuses conversions, et éleva au Seigneur un temple fidèle et durable. Néron, instruit qu'à Rome et dans les provinces on abandonnait de toutes parts le culte des idoles, et qu'au mépris de l'ancienne religion on embrassait la nouvelle, ce tyran, ce monstre exécrable, forma le projet de renverser le temple céleste et de détruire le règne de la justice; il fit crucifier saint Pierre et décapiter saint Paul. Mais ce ne fut pas impunément; car le Seigneur jeta les yeux sur la désolation de son peuple. Néron, précipité du faîte de la grandeur, disparut tout-à-coup, et il ne fut pas même possible de découvrir le lieu de sa sépulture. Quelques personnes crédules s'imaginent qu'il est encore en vie, suivant la prédiction de la Sybille, qui dit que le meurtrier fugitif de sa mère viendra des extrémités du monde, afin qu'ayant été le premier persécuteur de l'Eglise, il en soit aussi le dernier, et qu'il devienne le précurseur de l'Antéchrist.....

III.

Post hunc, interjectis aliquot annis, alter non minor tyrannus ortus est; qui, cum exerceret invisam dominationem, subjectorum tamen cervicibus incubavit quam diutissime, tutusque regnavit, donec impias manus adversus Dominum tenderet. Postquam vero ad persequendum justum populum instinctu dæmonum incitatus est, tunc traditus in manus inimicorum luit pœnas. Nec satis ad ultionem fuit, quod est interfectus domi; etiam memoria nominis ejus erasa est. Nam cum multa mirabilia opera fabricasset, cum capitolium aliaque nobilia monumenta fecisset, senatus ita nomen ejus persecutus est, ut neque imaginum neque titulorum ejus relinqueret ulla vestigia, gravissimis decretis etiam mortuo notam inureret ad ignominiam sempiternam. Rescissis igitur actis tyranni, non modo in statum pristinum Ecclesia restituta est, sed etiam multo clarius ac floridius enituit; secutisque temporibus, quibus multi ac boni principes romani imperii clavum regimenque tenuerunt, nullos inimicorum impetus passa, manus suas in orientem occidentemque porrexit, ut jam nullus esset terrarum angulus tam remotus, quo non religio Dei penetrasset, nulla denique natio tam feris moribus vivens, ut non suscepto Dei cultu ad justitiæ opera mitesceret. Sed enim postea longa pax rupta est.

IV.

Exstitit enim post annos plurimos execrabile animal Decius, qui vexaret Ecclesiam. Quis enim justitiam

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III.

Quelques années après parut un autre tyran aussi cruel que Néron (an 81). Ce tyran était Domitien. Quelque odieuse que fût sa domination, il régna tranquillement, et opprima ses sujets impunément jusqu'à ce qu'il eût osé attaquer le Seigneur lui-même.

En effet, ayant suivi l'impression du démon qui l'animait contre les justes, il fut livré entre les mains de ses ennemis, pour être punis de ses crimes (an 95). La punition ne se borna pas à une mort violente; on en vint jusqu'à tâcher d'exterminer sa mémoire. Car, quoiqu'il eût fait construire des ouvrages merveilleux, qu'il eût rétabli le Capitole, et érigé plusieurs autres monumens dignes de la magnificence romaine, le sénat jura tellement la perte de son nom, qu'il ordonna de briser toutes ses statues, d'effacer toutes les inscriptions gravées en son honneur, et qu'il rendit des décrets sévères pour imprimer à sa mémoire une flétrissure éternelle. Les actes de ce tyran ayant été abolis, non-seulement l'Eglise recouvra son ancienne splendeur, mais elle brilla d'un nouveau lustre ; et durant le règne de plusieurs bons princes qui gouvernèrent ensuite l'Empire romain, et qui ne la persécutèrent pas, elle se répandit dans l'Orient et dans l'Occident : en sorte qu'il n'y eut point de contrée si reculée où la véritable religion ne pénétrât; point de nation si féroce dont la prédication de l'Evangile n'adoucît les mœurs. Mais cette longue paix fut enfin troublée.

IV.

Après plusieurs années de tranquillité, l'exécrable Déce attaqua l'Eglise (an 249). Car quel autre qu'un méchant

nisi malus persequatur? Et quasi hujus rei gratia provectus esset ad illud principale fastigium, furere protinus contra Deum cœpit, ut protinus caderet. Nam profectus adversum Carpos, qui tum Daciam Moesiamque occupaverant, statimque circumventus a barbaris, et cum magna exercitûs parte deletus, nec sepulturâ quidem potuit honorari, sed exutus ac nudus, ut hostem Dei oportebat, pabulum feris ac volucribus jacuit.

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V.

Non multo post Valerianus quoque non dissimili furore correptus, impias manus in Deum intentavit, et_ multum, quamvis brevi tempore, justi sanguinis fudit. At illum Deus novo ac singulari pœnæ genere adfecit, ut esset posteris documentum, adversarios Dei sæpe dignam scelere suo recipere mercedem. Hic captus a Persis, non modo imperium, quo fuerat insolenter usus, sed etiam libertatem, quam cæteris ademerat, perdidit, vixitque in servitute turpissime. Nam rex Persarum Sapores, qui eum ceperat, si quando libuerit aut vehiculum ascendere aut equum, inclinare sibi Romanum jubebat ac terga præbere, et imposito pede super dorsum ejus, illud esse verum dicebat, exprobrans ei cum risu, non quod in tabulis aut parietibus Romani pingerent. Ita ille dignissime triumphatus, aliquamdiu vixit, ut diu barbaris romanum nomen ludibrio ac derisui esset. Etiam hoc ei accessit ad poenam, quod cum filium haberet imperatorem, captivitatis suæ tamen ac servitutis extremæ non invenit ultorem, nec omnino

homme pourrait se déclarer contre la justice? Et comme s'il n'était parvenu à l'Empire que pour s'armer contre Dieu, il ne fut pas plus tôt en possession de la puissance souveraine, que sa fureur s'alluma contre les disciples de Jésus-Christ. Mais cette même fureur ne fit qu'accélérer sa perte. En effet, ayant marché contre les Carpes qui s'étaient emparés de la Dacie et de la Mésie, il fut enveloppé par ces barbares, qui le tuèrent avec une grande partie de son armée. Il ne jouit pas même des honneurs du tombeau; son corps, nu et abandonné, fut dévoré par les bêtes et les oiseaux de proie digne sépulture d'un ennemi de Dieu.

V.

L'empereur Valérien se laissa entraîner par une semblable fureur contre les serviteurs du vrai Dieu (an 253). Il y eut beaucoup de sang chrétien répandu sous son règne, quoique de courte durée. Mais Dieu lui. fit subir un genre de châtiment tout nouveau, afin que la postérité apprît qu'enfin les méchans reçoivent la peine que méritent leurs crimes. Valérien fut pris par les Perses, et non-seulement il perdit l'Empire dont il avait si insolemment abusé, mais encore la liberté qu'il avait ôtée aux autres, et il passa le reste de sa vie dans une honteuse servitude. Car toutes les fois que Sapor, roi de Perse, voulait monter à cheval ou dans son char, il commandait à son prisonnier de se courber, et il mettait le pied sur son dos. Il lui disait avec un rire moqueur que c'était-là un vrai triomphe, bien différent de celui que l'on faisait peindre à Rome. Valérien vécut quelque temps encore, afin que le nom romain fût plus long-temps le jouet des Barbares. Ce qui mit le comble à ses maux, ce fut d'avoir un fils empereur, et de ne point avoir de vengeur; personne en effet ne pensa à le délivrer d'une si cruelle captivité. Au reste, lorsqu'il eut fini sa vie

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