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་ n'attendez pas sans doute que je m'abaisse jusqu'à me justifier de crimes aussi bas... Quant à mes opinions personnelles, j'en parlerai avec confiance à mes concitoyens. Depuis le jour où, dans la seconde assemblée des nota«bles, je me déclarai sur la question fondamentale qui « divisait les esprits (la double représentation du tiers), je n'ai pas cessé de croire qu'une grande révolution était préte; que le roi, par ses intentions, ses vertus et son « rang suprême, devait en être le chef, puisqu'elle ne pou« vait être avantageuse à la nation sans l'être également « au monarque; enfin que l'autorité royale devait être le << rempart de l'autorité nationale, et la liberté nationale, « la base de l'autorité royale.

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M. Lanjuinais a eu raison de dire que ce qu'on a vu s'écrouler en 1789 n'était point l'ancienne constitution de la France, mais la dernière des formes incertaines du despotisme et de l'anarchie, substituées à l'ancien gouvernement représentatif. »

L'assemblée nationale devenue constituante commença, par abolir les dîmes et le régime féodal; les priviléges d'ordres, de provinces, de villes, de communautés, d'individus; la vénalité, l'hérédité des offices, la torture, jurandes, etc. On doit à cette illustre et courageuse assemblée toutes les grandes réformes qui ont fondé notre nouvel ordre social.

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Elle rédigea ensuite une déclaration des droits et une constitution qui fut acceptée par Louis XVI.

La constitution de 1791 établit une meilleure division territoriale du royaume, fixe l'état des citoyens, définit les pouvoirs publics, pose en principe que de la nation seule émanent tous les pouvoirs, mais qu'elle ne peut les exercer que par délégation, et qu'ainsi le gouvernement est représentatif.

Les représentans sont : le corps législatif, composé de députés élus, et le roi.

On a reproché à cette constitution d'avoir trop affaibli le pouvoir royal, et de n'avoir pas établi une seconde chambre, pour servir d'intermédiaire entre la démocratie et la royauté.

On raisonne ainsi après l'événement. La nation voulait des réformes: eussent-elles été possibles avec une chambre aristocratique?

Si le pouvoir royal s'est trouvé trop faible, c'est la suite inévitable des craintes qu'on avait de voir renaître un pouvoir naguère absolu. L'esprit humain est éminemment réactionnaire.

Mais tout le mal vint-il de cette distribution plus ou moins exacte des pouvoirs et des compétences? n'eût-il pas été facile d'y remédier par la suite, si des circonstances imprévues ne s'étaient pas déclarées? Tout ce mal, si regrettable et si déploré, n'est-il pas venu de l'opposition obstinée des courtisans et des privilégiés ? N'ontils pas abusé de leur ascendant sur l'esprit et les préjugés d'un prince faible pour le porter à des résistances, à des pas rétrogrades, et par là imprimé à sa conduite un caractère de duplicité qui excita les défiances de la nation et qui conduisit le malheureux roi à sa perte? Ne vit-on pas, presque aussitôt après l'acceptation de la constitution, les hommes qui se croyaient déshérités par elle, pousser eux-mêmes à tous les excès pour avoir un prétexte de crier au scandale, et chercher à déshonorer le système de réforme dans l'espoir de mieux l'étouffer? Bientôt se manifestèrent leurs émigrations hostiles, leurs mouvemens continuels de guerre civile et de guerre étrangère : et à la suite vinrent les effroyables mesures et les lois

déréglées qu'on crut devoir opposer comme des digues contre leurs attaques, ou comme des représailles contre leurs attentats.

Le malheureux Louis XVI, que ses prétendus fidèles avaient abandonné, périt au milieu des orages qu'ils avaient excités; et la nation, privée de son roi constitutionnel, par une condamnation qui dépassait elle-même les limites de la constitution, fut en proie au gouvernement révolutionnaire.

§ II. - Gouvernement révolutionnaire.

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Ce gouvernement, si l'on peut appeler ainsi la plus cruelle anarchie, a commencé le 21 septembre 1792, et fini le 26 octobre 1695. Toute cette période offre deux spectacles divers : sur les frontières, celui de l'armée pauvre, dévouée, héroïque, défendant le territoire, et repoussant à force de victoires l'émigration et l'étranger; à l'intérieur, une assemblée unique, la convention, réunissant tous les pouvoirs, les exerçant avec rigueur, exagération, cruauté ; décimant la nation, se décimant elle-même ; ne respectant ni les personnes, ni les propriétés privées, ni le crédit public; faisant taire l'humanité, les lois, les jugemens; ayant régné par la terreur, et se séparant pour faire place au gouvernement établi par la constitution dite de l'an III.

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Une constitution essayée en 1793 n'avait pu être mise en action on lui substitua celle de l'an III.

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Cette con

1o Un conseil des cinq-cents, chargé de la proposition des lois et des contributions;

2o Un conseil des anciens (âgés au moins de 40 ans), ayant le droit d'approuver ou de rejeter les résolutions des cinq-cents, et la surveillance du pouvoir exécutif;

3o Un pouvoir exécutif, le directoire, composé de cinq membres, nommant et révoquant les ministres, les généraux d'armée ;

4o Une haute cour criminelle pour juger les accusations qui seraient portées contre les membres du conseil des anciens et contre les directeurs;

5o Une trésorerie nationale, chargée de la manutention des finances, et une commission de comptabilité.

La continuation de la guerre étrangère, la Vendée, la chouannerie, la répression des conspirations, l'exécution des lois contre les émigrés, la déportation des prêtres réfractaires, signalèrent cette époque. Tout était

réaction.

Enfin, un parti royaliste se fit jour dans les élections! Trois des directeurs crurent la constitution menacée; ils firent un coup d'état contre elle, et proscrivirent deux de leurs collègues et une partie des membres des deux conseils. La constitution fut sauvée en apparence le 18 fructidor; mais il ne resta à la suite que de l'irritation contre le pouvoir, et il tomba dans un état de faiblesse et de déconsidération qui amena la journée du 18 brumaire.

IV. Constitution de l'an VIII. Gouvernement consulaire.

In vitium ducit culpæ fuga. En fuyant l'ancien despotisme, on était tombé dans l'anarchie. Pour sortir de l'anarchie, on institua un gouvernement qui ne devait être que fort, et qui ne tarda pas à revenir au despotisme.

Trois consuls, le premier dominant les deux autres ; Un conseil d'état, chargé de la préparation des lois; Un tribunat, discutant ces projets, contradictoirement avec les orateurs du gouvernement devant le corps législatif;

Un corps législatif écoutant et votant;

Un sénat appelé conservateur.

il reçut

Ce gouvernement était un besoin de l'époque; une grande force de l'opinion. Il débuta par la victoire. Au dedans, il apaisa la guerre civile, fit cesser la rigueur des mesures révolutionnaires, arrêta les effets de la réaction; il rappela une partie des émigrés, rendit à quelques-uns leurs biens, en prit plusieurs à son service; il rétablit le culte catholique, mit de l'ordre dans les finan

ces, établit un système d'administration forte, rapide et centralisée, distribuée en rameaux où le pouvoir circulait, comme une sève, du chef de l'état par ses ministres jusqu'au dernier degré de la hiérarchie, et remontait jusqu'à lui par les mêmes voies. Enfin, il est à remarquer que Bonaparte, quoique prince guerrier, chef d'armée et victorieux, eut le plus grand soin, dans l'intérêt de l'ordre qu'il voulait rétablir et voir régner partout, d'assurer constamment la prééminence de l'autorité civile sur l'autorité militaire.

C'est au consulat qu'appartient l'honneur d'avoir doté la France d'un code civil, et rétabli les écoles de droit.

Du reste, point de liberté de la presse, peu de liberté de tribune, et bientôt plus, quand vint la suppression du tribunat. La liberté de conversation surveillée de près par la police, une liberté individuelle peu respectée, violée même sur le territoire étranger, au mépris du droit des gens, dans la personne du duc d'Enghien.-Le supplice de ce prince..., les fossés de Vincennes et les prisons d'état ! Nous sommes bien près de l'empire.

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Bonaparte, d'abord premier consul à temps, puis consul à vie, voulut être empereur. Ce titre lui fut déféré sénatus-consulte du 18 mai 1804.

par un Dans les premiers temps, sa monnaie portait, d'un côté : Napoléon empereur; et sur le revers: république française. Mais bientôt il fit disparaître cette anomalie.

Il rétablit toutes les formes d'une royauté calquée sur l'ancienne monarchie : l'impératrice-mère, l'impératrice douairière; des princes apanagistes; des fiefs sous le nom de majorats; les titres nobiliaires de duc, de comte et baron, par opposition ou en émulation et concurrence avec ceux de l'ancien régime, des chambellans, une grande aumônerie, des armoiries et des laquais à livrée, etc. Il disait, les rois mes prédécesseurs! A l'extérieur et pour l'étiquette, c'était toute l'apparence d'une restauration.

Il y joignit un divorce, pour épouser la fille d'un empereur de vieille roche; et il voulut que son fils naquît roi de Rome.

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