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J'ai ensuite donné sous le titre de Bibliothèque choisie l'indication, non pas à beaucoup près de tous les livres de droit, mais de ceux-là seulement qu'il est le plus utile de connaître et d'étudier. En effet, « le vrai savoir ne consiste pas tant dans une vaste et immense lecture, que dans une étude réfléchie des meilleurs ouvrages, avec le discernement propre pour consulter les autres livres, et savoir y trouver le point fixe de la question controversée 1. »

Ces ouvrages, qui embrassent toutes les parties du droit, sont classés sous des divisions méthodiques, et, pour ainsi dire, dans l'ordre où il conviendrait de les étudier.

Quelques Réflexions sur l'enseignement du Droit ont pour objet de rappeler les principales règles suivies ou recommandées par les plus grands maîtres, Cujas, Duaren, Leibnitz, Heineccius, pour étudier avec méthode et apprendre avec solidité.

Un Précis historique du Droit romain, écrit et saisi sous Napoléon, souvent réimprimé depuis, retrace avec indépendance et rapidité toutes les phases de cette législation et des différens pouvoirs (royal, aristocratique, républicain, impérial) auxquels il dut son origine, ses progrès et ses diverses transformations.

L'histoire du Droit français vient naturellement à la suite le sage Fleury en a écrit les premières pages; il s'est arrêté en 1674, j'ai continué jusqu'en 1834; puisse cette addition ne point offrir trop de disparate avec le travail du grand historien !

1 LENGLET, Tablettes chronologiques, tome ler, page 190.

Ces notions historiques une fois acquises, l'élève peut lire les Aphorismes de Bacon; c'est l'ouvrage d'un grand génie, qui fut à la fois philosophe, législateur et magistrat : aussi je n'ai point hésité à intituler son opuscule legum leges; car l'auteur parle en maître; il donne réellement des lois aux lois en disant à quelles conditions elles sont bonnes ou défectueuses, utiles ou nuisibles à la cité; quelles règles on doit suivre soit dans leur rédaction, soit dans leur application; et comment on doit suppléer à leur insuffisance ou à leur obscurité.

A ces règles théoriques succèdent des règles pratiques du droit naturel et du droit civil, que j'ai réunies sous le titre de Prolegomena. C'est un choix de ces adages qu'il est d'usage de citer dans les discussions et dans les plaidoyers, pour appuyer son sentiment par une autorité généralement reconnue. Ces sortes de citations, dont au reste il ne faut pas abuser, donnent du trait au discours, et, sans trop ressentir l'érudition, elles procurent à ceux qui les possèdent et qui savent les employer à propos, l'avantage de ne point paraître aller seuls au combat. Cette partie toute romaine est terminée par un index des abréviations usitées dans la citation des lois et des auteurs; il est bon de les consulter.

Les Notions élémentaires sur la Justice, le Droit et les Lois, sont le commencement d'un Cours de Droit, tel que je l'ai professé à M. le duc de Chartres en 1827, 1828 et 1829. Après 1830, je n'ai rien eu à y ajouter ni à en retrancher : j'avais parlé sous la restauration le langage que j'ai tenu depuis.

Un opuscule sur les Magistrats d'autrefois, les Magistrats de la révolution et les Magistrats à venir, publié pour la première fois en 1814, intéressera surtout ceux qui se destinent à la magistrature. Ils y trouveront des exemples à suivre, des écueils à éviter.

Après les magistrats viennent les Arrêts. Ma dissertation sur cette importante partie du droit est, comme l'indique le titre même, à l'usage de ceux qui les font et de ceux qui les citent. Aux uns elle peut apprendre à les faire bons, et aux autres à ne les invoquer qu'à propos.

La Défense des Accusés est une si grande partie des devoirs de l'avocat, même stagiaire, et la liberté de cette défense intéresse à un si haut point le Public et le Barreau, que j'ai cru devoir faire entrer, dans le Manuel du jeune Avocat, l'écrit que j'ai publié sur ce sujet en 1815, un mois avant le jugement du maréchal Ney, dont je dirai tant que je vivrai : « La condamnation n'a « pas été juste, CAR SA DÉFENSE N'À PAS ÉTÉ LIBRE 1. »

Viennent ensuite quelques pages sur l'improvisation, sans le secours de laquelle on n'est pas complètement

avocat.

La protestation dont je lui avais fourni le modèle, pour la lire quand le moment en serait venu, avait pour but de constater la violation du droit de défense et l'appel qu'elle contient à la postérité sera relevé dans tous les temps par les hommes équitables et généreux. Je garde dans mes mains, comme un précieux dépôt, la copie de cette protestation, transcrite de la main du maréchal, telle qu'il l'a lue devant la chambre des pairs de 1815. C'est la première pièce d'une instance en révision que j'aurais vivement désiré voir prononcer par la chambre des pairs de 1830.

Le volume est terminé par un Vocabulaire des termes de droit; non pas de tous, mais en assez grand nombre pour suffire à l'intelligence des mots qui se présentent le plus fréquemment. Assurément je ne garantis pas l'exactitude mathématique de toutes les définitions : j'avertis moi-même par l'épigraphe que j'ai placée en tête de ce vocabulaire, de la difficulté d'en donner d'assez justes pour satisfaire tous les esprits: omnis definitio in jure civili periculosa; plusieurs auront besoin d'être retouchées pour arriver à une plus grande précision ; mais tel qu'il est, ce Vocabulaire, avec l'avantage qu'il offre d'être portatif, sera, je l'espère, d'un assez grand secours aux jeunes gens; il leur sera utile et commode, c'est tout ce que j'ai voulu.

Paris, ce 5 janvier 1835.

DUPIN.

AVIS DE L'ÉDITEUR BELGE.

Cette édition belge est augmentée de notes qui l'ont mise en rapport avec le droit constitutionnel et la législation du royaume.

La notice des livres de droit est enrichie de la bibliographie belge ancienne et moderne.

Les éditions belges qui y sont indiquées sont généralement plus belles que celles de France, elles sont imprimées dans un format uniforme, et les prix sont moitié moins chers que ceux de Paris.

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