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Harpe mérite des égards. Ce qu'il faut observer, c'est que Locke est précisément le philosophe qui a le moins raisonné, à prendre ce dernier mot dans le sens le plus rigoureux. Sa philosophie est toute négative ou descriptive, et certainement la moins rationnelle de toutes.

XXIX.

(Page 339. Que Locke est le Pascal de l'Angleterre.)

Locke, le Pascal des Anglais, n'avait pu lire Pascal... » (Pourquoi donc? Est-ce que Locke ne savait pas lire en 1688?) « Cependant Locke, aidé de son grand sens, dit toujours: Définissez les termes.> (Note de Voltaire sur les pensées de Pascal. Paris, Renouard; in-8°, p. 289.)

Voyez dans la logique de Port-Royal un morceau sur les définitions, bien supérieur à tout ce que Locke a pu écrire sur le même sujet. (Ire partie, chap. xII, x)........ Mais Voltaire n'avait pu lire la logique de Port-Royal; et d'ailleurs il ne pouvait déroger à la règle générale, adoptée par lui et par toute sa phalange, de ne louer jamais que la science étrangère. Il payait bien vraiment la folle idolâtrie dont sa nation l'honorait !

XXX.

(Page 342. Pour humilier une autorité qui choquait Locke au delà de toute expression.)

Cette autorité, qui semble avoir suffisamment réfléchi, dans ce moment, sur toutes les questions qui touchent son origine et ses pouvoirs, doit se demander bien sérieusement à elle-même la cause de cette prodigieuse défaveur qui l'environne enfin entièrement, et dont l'Europe a vu de si frappants témoignages dans le fameux procès agité en l'année 1813 au parlement d'Angleterre, au sujet de l'émancipation des Catholiques. Elle verra que l'homme qui connaît parfaitement, dans le fond de sa conscience, et lui-même et ses œuvres, a droit de mépriser, de haïr tout ce qui ne vient que de l'homme. Qu'elle se rattache donc plus haut, et tout de suite elle reprendra la place qui lui appartient. En attendant, c'est à nous de la consoler par une attente

pleine d'estime et d'amour, des dégoûts dont on l'abreuve chez elle. Ceci semble un paradoxe, et cependant rien n'est plus vrai. Elle ne peut plus se passer de nous.

ΧΧΧΙ.

(Page 342. Des principes innés sur lesquels il ne sera pas permis de disputer.)

Locke s'exprime ainsi à l'endroit indiqué. Ce n'était pas un petit avantage, pour ceux qui se donnaient pour maîtres et pour instituteurs, d'établir comme le principe des principes, que les principes ne doivent point être mis en question; car ayant une fois établi le dogme, qu'il y a des principes innés (quel renversement de toute logique! quelle horrible confusion d'idées!) tous leurs partisans se trouvent obligés de les recevoir comme tels, ce qui revient à les priver de l'usage de leur raison et de leur jugement (Chanson protestante dont bientôt les protestants eux-mêmes se moqueront).... Dans cet état d'aveugle crédulité, ils étaient plus aisément gouvernés et rendus utiles à une certaine sorte d'hommes qui avaient l'habileté et la charge de les mener... et de leur faire AVALER comme principes innés tout ce qui pouvait remplir les vues des instituteurs, etc. (Liv. I, chap. Iv, § 24.)

On a vu plus haut (pag. 504) que cette expression AVALER plaisait beaucoup à l'oreille fine de Locke.

XXXII.

(Page 343. Il écrit à la marge de ce beau chapitre : D'où nous est venue l'opinion des principes innės?

:

Il ne s'agit point là de chapitre; ce sont des mots que Locke a écrits à côté de la XXIVe division de son chapitre me du livre Ier, où nous lisons en effet Whence the opinion of innate principles? Il semble, en mettant tous ces verbes au passé, vouloir diriger plus particulièrement ses attaques sur l'enseignement catholique, et sur-le-champ il est abandonné à l'ordinaire par le bon sens et par la bonne foi; mais en y regardant de plus près et en considérant l'ensemble de son

raisonnement, on voit qu'il en voulait en général à toute autorité spirituelle. C'est ce qui engagea surtout l'évêque de Worcester à borer en public avec Locke, mais sans exciter aucun intérêt ; car dans le fond de son cœur :

Qui pourrait tolérer un Gracque

Se plaignant d'un seditieux?

(Note de l'Éditeur.)

XXXIII.

(Page 347. Un orateur français se ferait entendre de plus loin, sa prononciation étant plus distincte et plus ferme.)

On peut lire cette lettre de Wren dans l'European Magazine, août 1790, tom. XVIII, p. 91. Elle fut rappelée, il y a peu de temps, dans un journal anglais où nous lisons qu'au jugement de cet architecte célèbre : It is not practicable to make a simple room so capacious with pews and galleries as to hold 2,000 persons and both to hear distinely and to see the preacher. ( The Times, 30 nov. 1812, no 8771.) Wren décide que la voix d'un orateur en Angleterre ne peut se faire entendre plus loin de cinquante pieds en face, de trente pieds sur les côtés et de vingt derrière lui; et même, dit-il, c'est à condition que le prédicateur prononcera distinctement, et qu'il appuiera sur les finales. (Europ. Magaz., ibid.)

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