Athênes par mon pere accrue & protégée , Reconut avec joie un roi fi généreux. Si dans le même mot l'e muet précédé d'une voyele , eft fuivi d'unes u des lettres ni,' ce mot ne peut se mettre qu'à la fin du vers , omme dans ceux-ci : Je vois combien tes voux sont loin de tes pensées. Souvent dans leurs projets les conquérans échoueni. Tu payes d'impofture & ru m'en as donné. Ce que voyent mes ieux, franchement je m'y fie. L'e muet au dedans d'un mot & à la suite d'une autre voyele, le supprime toujours & ne fait pas une fyllabe particuliere dans la proj nonciation : ce qui arive le plus ordinairement dans les futurs des Verbes. Ainsi tuerai, crierons, louerez , facrifiera, enjouement , &c. fe prononcent sûrai , crirons , loûrez, sacrifira , enjoúmeni , comme dans ces Vers : J'espere toutefois qu'un caur fi magnanime S'il vient il paiera cher un li sensible outrage. , & paiera n'en fait que deux. Des Voyeles qui forment ou ne forment pas de Diphthongues. Il est encore très-essentiel de favoir quand plusieurs voyeles forinent dans les Vers une diphthongue ou n'en forment pas, c'est-à-dire , quand elles doivent se prononcer en une ou en deux syllabes: sur quoi nous donnerons ici quelques regles particulieres, en parcourant les différentes fortes de diphthongues, dont la plus part doivent se prononcer en deux syllabes, dans la poésie & dans le discours soutenu. Is, forme généralement deux fyllabes, foit dans les Noms, foit dans les Verbes, comme dans di-amant, di-adême , étudi-1, coi fior , oublia, &c. excepté dans quelques mots qui se réduisent à peu prós à ceux-ci, diable, fiacre, liard, familiarité, familiariser : De peur de perdre un liard soufrir qu'on vous égorge. que trois, é dans labe, comme dans Je hais .... ces gens .... Dunt la fiere grandeur d'un rien se formalise, De crainte qu'avec elle on ne familiarise. le, avec l'e ouvert ou fermé, n'eft ordinairement que d'une fyfia de quelque consone qu'il soit suivi, comme dans ciel, rroifie-me, vre, pie-ce, amitié , ba-ri-ere, pa-pier, pre-mier, &c. Il faut observer que dans les Verbes en ier de la premiere conjugaila ie forme deux fyllabes à l'infinitif, à la seconde persone du plurie present de l'indicatif, ou de l'impératif, & au participe pafsif. Aile; faut prononcer, étudier , confier, déli-er, mari-er ; vous etudi-ez, F confi-ez, vous déli-ez, vous mari-ez; étudi-é, confié, déli-ė, mare. lai, dans la premiere persone du prétérit de ces Verbes , se nonçant comme ié, forme aussi deux fyllabes : J'érudi-ai , je confice je dé:i-ai, je mari-ai. On prononce de même, vous ri-ez, vous souri-ez, impié-sé, inguina inqui-érer, inqui- érude, hardi-effe, matéri-el, essential , & quelques autres mots en el de plus d'une fyllabe. HIER, s'emploie quelquefois en une seule fyllabe, comme danse Vers : Hier j'étois chez des gens de veriu finguliere. Mais on en fait plus communément deux syllabes, comme dans a Vers : Mais hier il m'aborde, & me serrant la main, Ah! Monsieur, m'a-t-il dit, je vous atends demain, Il est d'une seule syllabe dans avant-hier. Le bruit court qu'avant-hier on vous affaflina. To, est communément de deux syllabes, comme dans volence, pi-olon , di-océse. On pouroit en excepler, fio-le & pio-che. Prends la fiole ou.... Je crains en ce désordre extrême..... poi le í excepte dans poé-fie, po-eme, po-ete. Oi, avec le son de l'o & de l'è ouvert, n'est jamais que d'une syllabe, comme dans roi, voi, voi-là, emploi, &c. UE, avec l'e ouvert ou fermé, est toujours de deux syllabes, dans du-el, ruer, ru-é, arrribu-er, atrribi , fuer, fu-r. UI, ne forme qu'une tyllabe, comme dans lui, ce-lui, déduire, construi-re, fuir, fui, aigui-lei, &c. excepté dans ru-ine , ru-iner, brzine. ÍAl, eft de deux tyllabes dans ni-ais : il cft quelquefois de deux & quelquefois d'une seule dans bi-ais, bi-eiser, ou biais, biaiser. LAU , est toujours de deux syllabes, comme dans mi-auler, bifii ais, provinci-aux, impéri-aux, &c. TET, comme leu, se prononce ordinairement en deux fyllabes, comme dans pi-eux, odieux, furi-eux, pré-cieux : excepté dans cieux, Dieu, lieu, lieu-lenant, mi-lieu , mieux, pieu, é-pieu , ef liell, vieux, ieux. QUE, avec l'e ouvert ou fermé, et de deux syllabes, comme dans jouet, lou-er, lou-é, avou-er, avoueé : excepté dans fouer & foue-ter. Oui, elt de deux fyllabes, comme dans ou-ir, oui, jourir, jou-i, éblou-ir, éblou-i, excepte dans bouis, & dans oui, marquant atiiimation. Et deux fois de fa main le buis tombe en morceaux. IAN & IEN, avec le même fon, forment deux fyllabes dans étudiant, fortifi-ani, ri-ant, li-ant, cli-sht, pas-ent, im-parlence, expédi ent , expé-rience : il faut seule:nent excepter vian-de. Autour de cet amas de viur.des enrates, Régnoit un long cordon d'alouetes preilies." IEN, avec le fon qui approche de celui de l'é fermé, ne forme ord:nairement qu'une seule fyltabe, dans les noms fubiiantifs, les noms pollelifs, les verbes, & les adverbes, comme dans bien, chien, rien, mien, tien, fien, je viens, je tiens, combien, &c. excepté li-en, parce qu'il vient du Verhe lier de deux fyllabes.'' len, eft de deux fyllabes, quand il termine un nom adjectif d'état, de profession, ou de pays, comme dans Grammairi-en, comedi-en, musici-en, histori-en, gardi-en, magici-en : excepté chré-tien. Ion n'est d'une syllabe que dans les premicres perfones du pluriel de l'imparfait de l'indicatif, du conditionel préseni, du présent & de l'imparfait du fubjonciif des Verbes, quand il ne se trouve pas, avaut la terminaison de ces persones, une r précédée d'une autre confone. Il est de deux syllabes dans les premieres persones du pluriel du présent de l'indicatif ou de l'impératif des Verbes qui ont l'infinitif en ier, & dans quelque autre mot que ce puisse être, comme dans nous érudions, nous confi-ons , nous delions, nous mari-uns, nous ri-ons, li-on, religi-on', uni-on, posi-on , vifi-on, créati-on, &c. Oin, n'est jamais que d'une syllabe, comme dans coin, soin, bem soin, apointement, &c. Enjambement des Vers. Les Vers n'ont ni grâce, ni harmonie, quand ils enjambent les uns sur les autres, c'eft-à-dire, quand le sens demeure fiipendu à la fin d'un Vers, & ne finit qu'au commencement du Vers Inivant: ce qui arive principalement toutes les fois que le cominencement d'un Vers eft regime ou dépendance nécessaire de ce qui se trouve à la fin du Vers précédent, comme dans ceux-ci : C'étoit votre nourice. Elle vous ramena , Mmmmm 2 un lie où l'on voit que vcere pere a une liaison nécessaire avec la fin du Vers Terbe précédent, puisqu'il est le nominatif du Verbe donna. Cette régle ell elieptiele dans les Vers d'un fyle noble & sérieur: on s'en difpense néanmoins quelquefois dans les vers d'un flyle familier, comme dans les comédies , les fables, les contes, les épitres, &c. na lie Mais l'harmonie , en quelque flyle que ce pût être , ne seroit pas bleffee, fi le régime ou la dependance d'un Yers s'étendoit jufqu'à la fin du Vers suivans, coinme dans ceux-ci : L'amour effentiel à notre pénitence, alies Doit être l'heureux fruit de notre repentance. Mais admire avec moi le fort dont la poursuite quin Me fait courir alors au piège que j'évite. Transposition des Mots. Quoique le langage de la Poéle Françoise ne soit pas différent de celui de la Prose, & qu'on y emploie communément les mémes mots; il est cependant permis d'y faire dans la contruction de la phrase, certaines trantpohtions que la Profe n'admetroit pas, & qui contribuent beaucoup à l'harmonie & à la noblesse des Vers. Mais il faut toujours faire ces transpolitions avec esprit & avec goût, de maniere au lie qu'elles n'apportent ni dureté, ni obfcurité dans les Vers. 11. Elles contient à changer l'ordre naturel des mots : ce qui peut se faire de pluheurs manieres. 1. En mettant le nominatif après le verbe , comme on le met aufi quelquefois en Prose. Ainsi dans ces Vers : Ce traitement, Madame , a droit de vous surprendre; Mais enñn, c'eit ainli que se venge Alexandre. l'ordre naturel feroit, c'est ainsi qu'Alexandre fe penge. II. En mettant le régime absolu à l'accusatif avant le régime qui le gouverne : ce qui ne doit pourtant se faire qu'avec beaucoup de réserve, comme dans ces Vers : Le fort vrug'iy voulur l'une & l'autre amener , Que je ne lui faurois ma parole tenir. III. Eo mettant un nom au génitif avant celui dont il dépend, comme dans ces Vers : Celui qui mer un frein à la fureur des flors, Sait aufli des méchans arrêter les complots! au lieu de dire, fait aufi arreter les complots des méchans, ce CO IV. En mettant le régime relatif au datif ou à l'ablatif, avant le Terbe auquel il a raport, comme dans ces Vers : Quels charmes ont pour vous des jeux infortunés, Qu'à des pleurs éternels vous avez condamnés. au lieu de dire, que vous avez condamnés à des pleurs érernels. La Grece en ma faveur eft trop inquiétée: De foins plus importants je l'ai crue agitée. au lieu de dire, je l'ai crue agirée de soins plus imporrans. V. En mettant entre le verbe auxiliaire & le participe, des mots qui ne s'y soufriroient pas en Prose , comme dans ces Vers : Aujourd'hui même encore une voix trop fidele Ma d'un trifte desaftre apporté la nouvele. au lieu qu'il faudroit dire en Prose, m'a apporté la nouvele d'un triffe defaftre, Le Ciel enfin pour nous devenu plus propice A de mes ennemis confondu la malice. au lieu de dire, a confondu la malice de mes ennemis. VI. Enfin en mettant avant le verbe tout ce qui peut en dépendre, & ce qui devroit naturélement être mis après. Ce sont le plus communément les propositions avec leurs régimes, comme on le reconnoitra sans peine dans les Vers suivans : A ce discours, ces rivaux irrités, Mors à éviter dans les Vers. Comme un des principaux objets de la Poésie eft de flater agréable. ment l'oreille, on doit en banir tous les mots qui pouroient la choquer, on parce qu'ils seroient trop rudes, ou parce qu'ils auroient quelque conformité de fon avec d'autres mots déja employés dans le même Veis, ou parce que la répétition n'en seroit ni nécessaire ni agréable, ou enfin parce qu'ils seroient trop bas & qu'ils sentiroient trop la Profe. Il eft un heureux choix des mots harmonieux. Mmmm mij |