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Grec, Grecque, en réuniffant le C avec le Q pour former un blement mais ce doublement eft inutile, puifqu'on ne le prononce s, & qu'il n'est point fondé fur l'étymologie; Græcus, Graca.

ARTICLE IV. De la lettre D.

Le D conferve toujours au commencement des mots l'articulation qui lui eft propre, foit avant les voyeles, foit avant la confonne R, Jaquelle il peut fe joindre. Dame, Demoiselle, Dictionaire, Docteur, Droiture, Dureté.

De même au milieu des mots : ainfi on dit, Adapter, Adepte, Adipeux, Adoration; Adreffe, Adultere.

Autrefois on difoit, Addreffer, Addoucir, &c. mais nous avons vu que l'Académie a fupprimé ce doublement en écrivant, Adresser, Adoucir, &c. On le conferve néanmoins dans Addition & Reddition; non feulement parce qu'ils vienent du Latin, Additio & Redditio; mais encore plus parce que, fi on n'y mettoit qu'un feul D, ils ofriroient un fens tout différent : Adition, avec un feul, vient du Latin Aditio, & fignifie Entrée, arrivée; de même, Rédition fembleroit venir du Latin Reditio, qui fignifie Retour.

Dans les mots qui devienent d'un grand ufage, on fupprime quelquefois le D devant les confones. Ainfi du Latin, Adventus, & Advocatus, on a fait en François, Avent & Avocat. Du mot ancien, Adjourner, on a fait Ajourner. Ceux qui emploient fréquemment Adjuger & Admodier, prononcent ces deux mots fans D; & l'Académie qui conferve Adjuger, écrit Amodier, Amodiateur, Amodiation. On varie sur Adjoint: ceux à qui ce mot eft familier, prononcent Ajoint: ceux qui le difent plus rarement, prononcent adjoint, & l'Académie l'écrit ainfi, On a confervé Adverfe, vraisemblablement parce que le mot Averfe, foit qu'on le prene du Latin Aversus, ou du François même Verfe, offre un fens tout différent.

Le D, à la fin des mots, fe conferve & fe prononce dans les noms propres, Galaad, Lamed, David, Nemrod, Abiud, &c. Dans la plupart des autres mots, ou on ne le prononce pas, ou on le prononce en T devant les voyeles & devant les H non afpirées.

On ne le prononce pas dans Laid, Grand, Chaud, Bled, Pied, Révé rend, Nid, Froid, Fond, il abfoud, Talud: l'Académie écrit même Talus: & de quelque façon qu'on l'écrive, on prononce Talu.

Mais de ce même mot Talud ou Talus, ou forme le verbe Taluter. en changeant le D ou l'S en T. Du mot Bled, fe forme Bléer, en fupprimant le D; l'Académie même écrit Blé fans D. Elle conferve le D dans Pied on le prononce inême en T, en difant de pied en cap; & on le change en T dans Piéter. Piétiner, Piéton.

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Devant les voyeles, le D final imite le T c'eft ainfi qu'on le prononce dans ces expreffions, un grand Empereur; il fait chaud aujour. d'hui; il a fait hier un froid extrême de même devant une H non

afpirée, un grand homme. On prononce, Répond-il, comme Dit-il, Mais en écrivant, on conferve dans tous ces mots le D.

Le D final qui ne fe prononce point, reprend fa valeur lorsqu'il cefle d'être final: Ainfi de Grand on forme Grande, Grandeur, Grandir, &c. Cependant Nud & crud, ont au féminin Nue & Crue; mais le D reparoit dans Nudité & Crudité. C'est pourquoi on peut le conferver dans les mots primitifs, lors même qu'il ne s'y prononce pas. Au refle ce D doit abfolument être confervé dans Grand, parce qu'il fe prononce au moins devant les voyeles: mais comme en ce cas même il ne fe prononce pas dans Nud & crud, on pouroit l'y fupprimer. Mais lors même que le D fe prononce en r, on ne doit pas écrire un T, parce que ce D reparoît dans les dérivés: ainfi ce feroit abufivement que dans Courtaud, Crapaud, Échafaud, on changeroit le D en T, parce que, quoiqu'il s'y prononce ainfi devant les voyeles, cependant on dit, courtaude, crapaudine, Echafaudage, &c.

Le D néanmoins s'eft changé en T dans l'adjectif verd, d'où l'on a formé vert: l'Académie l'écrit ainfi au féminin verte quoique le D reparoille dans verd tre, verdeur, verdir, verdoyer, verdure.

ARTICLE V. De la Lettre E.

La Voyele E n'exige pas moins de détail que la Voyele A, elle a même encore plus de variétés.

§. 1. Du fon plus ou moins ouvert, bref ou long, muet ou fermé, de la lettre É.

La lettre E eft celle dont le fon varie davantage dans notre Langue: L'E eft non feulement plus ou moins ouvert, & conféquemment long ou bref, comme les autres voyeles; mais il eft encore, ce que les Grammairiens appelent, muet ou fermé. Il eft long & très-ouvert dans Bête ; bref & moins ouvert dans Bétail: fermé dans Abbé, muet dans Homme toujours bref quand il eft muet, comme dans Devoir; long ou bref quand il eft fermé, bref dans créer; long dans il crée.

L'E muet fe nomme féminin, parce qu'en Poéfie c'est celui qui termine les vers féminins, c'est-à-dire, ceux dont la rime eft afoiblie par cet E qui demeure muet, comme on le voit dans ces deux Vers: Dieu fait, quand il lui plaît, faire éclater fa gloire, Et fon peuple est toujours présent à fa mémoire.

Les trois autres E font appelés mafculins, uniquement par oppofition à l'E féminin.

L'E muet ou féminin ne commence jamais un mot; fouvent il fe trouve à la fin, quelquefois au milieu ; & jamais on ne lui donne d'accent. Rarement on foufre au milieu des mots l'E féminin ou muet dans deux fyllabes confécutives; jamais on ne foufre deux fyllabes féminines à la fin d'un mot. Ainfi l'e muet de Ja pénultieme masculine, fe change en E mafculin devant une pénultieme féminine. L'E pénul

ne eft muet ou féminin dans Mener; mais il devient ouvert ou afculin dans il mene, au fingulier, & au pluriel ils menent; il redeent muet dans il menoit, il mena; mais il redevient ouvert dans antepenultieme de il mènera, il méneroit, parce qu'alors la pénultieme efi féminine. En devenant ouvert, il prend un accent fur l'antépémultieme; il pouroit fe prendre auffi fur la pénultieme, mais ce feroit fans néceffité; parce qu'alors on le prononce toujours ouvert, il mene qu'il mene, fans qu'il foit befoin d'en avertir par un accent.

On foufre deux E muets & même trois dans quelques Verbes compofés. Ainfi de Tenir, on forme Retenir & Entretenir: venir produit de même Devenir, Revenir, Redevenir.

L'E muet fe change en E fermé devant le pronom je tranfpofé. Ainfi quoiqu'on dife, J'aime, Je chante, fi l'on tranfpofe le pronom, cet E muet fe prononce fermé, & prend l'accent, Aimé-je, chanté-je.

L'E muet final rend quelquefois longue la pénultieme qui étoit breve & change alors fon accent. Ainfi l'E eft ouvert & bref dans la penultieme de Blafphemer; mais il eft long dans Blafphème, dans il blafpheme, au fingulier; & au pluriel, ils blafphement: il redevient brei dans il blafphémoit, il blafphema; il redevient long dans il blafphemera, il blafphemeroit. Il ett long dans la pénultieme d'Extrême; bref dans Fantepenultieme d'Extrémité, long dans l'antépénultieme d'Extrêmement. I eft long dans mêler, il mele, il meloit, il méla, il milera, il méleroit; mais il eft bref dans mélange.

LE fermé efl long devant un E muet, Armée, Pensée, il crée ; & dans les adjectifs féminins defirée, &c. Mais il eft bref devant les autres voyeles: Il créa, il créoit; & devant un E fermé, ou fuivi d'une confone, créé, créer.

Il eft encore long avant le G, College, Privilège, siège; & avant l' confone, comme on l'a vu dans, Aimé-je, chanté-je.

Les E ouverts varient beaucoup plus: voici ceux qui étant longs font fufceptibles de l'accent circonflexe.

ECHE, eft long dans Béche, Griêche, Lêche, Pêche, fruit: Péche, action de pêcher, Revêche il dépêche, il empêche, il préche; & de même dans Dépêcher Empêcher, Prêcher.

EFE, ou EFFE, eft long: Grife, terme de Jardinage; Griffe, terme de Palais, Coefe ou coeffe. C'eft abufivement qu'on y double la lettre F, dont on ne fait pas fentir le doublement.

EFLE, ou EFFLE, long dans Nefle, ou abufivement Nêffle. EIL, ou EILLE, ouvert & bref, dans soleil, someil & Abeille; long & fermé dans vieil homme, vieille femme, vieillard, vieilleffe.

ELE, long dans Frèle, Grêle, Pele-mile, Podle, zile: Il bele, il féle, il mêle, & dans leurs Verbes, Beler, Feler, méler,

EME, communément long, Baptême, Blafphème, chrême, Diadême ; &c. Il ett bref dans Creme, Deuxieme, troifieme, & autres noms ordinaux, & dans Je feme, tu femes, il feme. Celui-ci vient de l'E muet dans femer. Quant à ceux qui vienent du Grec, plufieurs devroient

être brefs, comme venant d'un E bref en Grec & en Latin. Ainfi du mot Latin, anathema, où la pénultieme eft breve, comme dans le Gr.c, en devroit écrire & prononcer, Anatheme, bref. Mais la difficulte de diftinguer ceux qui font brefs d'avec ceux qui font longs, fait que communement on les prononce tous également longs: Ainfi on dit, Anatheme, corime Diademe, quoique felon l'étymologie, le premier foit bref, tandis que le fecond eft long.

ENE, communément long, alêne, Arène, cêne, chêne, &c. Il est bref dans Ebene & Phenomene. On le fait long dans les noms propres, Athènes, Diogenes, Mecène, origènes, &c. quoique dans plufieurs il dut être bref relativement à l'étymologie. Ainfi les noms de Diogenes & d'origenes ayant la penalticme breve en Grec & en Latin, devroient l'avoir également breve en François ; & en effet l'ufage eft de n'y point mettre l'accent circonflexe, qui par cette raifon ne leur convient pas. EFE, toujours long, crêpe, Guêpe.

EPRE, long dans repres.

EQUE, long dans Evêque & Archevêque.

Er, Erc, ErD, ERT, longs quand ils terminent la phrafe, ou un de fes membres, ou un Vers, Fer, clerc, verd, Desert. Mais lorfqu'ils font fuivis d'un autre mot, l'E s'afoiblit jufqu'à devenir douteux, ou même bref: Un fer acéré; un clerc tonfuré; un verd de mer; un Desert afreux.

ERE, long dans chimere, & au pluriel du prétérit indéfini: Ils allerent; ils parlerent.

ERRE, toujours long, Guerre, Tonnerre.

Es, toujours long, abfcès, accès, après.

ESE, toujours long, Aleje, Antithefe, Catachrefe, Diocèse, &c. Il y a cependant quelques-uns de ces mots où, felon l'étymologie, l'E devroit Ctre bref, tels que Antithefe, Genese.

ESSE, long dans Abbeffe, ceffe, Compreffe, confiffe, Expreffe, 1efe, Prfe, profeffe; on s'empreffe; il profeffe: & de même dans cifer, confeffer, s'Empreffer, Préffer, Profèffer.

EST, long, Il eft.

ET, long dans Acquet, Apprêt, Arrêt, Benêt, Forêt, Genêt, Intérêt, Frét, Protét, Tết. Tous ces mots s'écrivoient autrefois par EST.

ETE, long dans Arbalète, Arrête, Bête, Boête, conquête, Crête, Enquête, Féte, Quête, Requête, Tête. Les autres font communément reputés brefs, quoique l'on pût en excepter du moins ceux qui par leur étymologie devroient être longs, tels que 4thlete, Comete, Poëte, Frophete. Le mot Honête eft long après fon fubftantif: Un homme honite mais avant il devient bref: Un honete homme; & dans ce cas il doit perdre l'accent qui n'y est mis que pour le rendre long. Yous étes, dans la Poéfis, eft long ou bref au gré du Poête. Dans l'ufage commun il est bref.

ETRE, long dans Ancêtre, champêtre, chevêtre Etre, Fenêtre, Guêtre, Hitre, Prêtre, Salpêtre: Je me dépêtre : & delà, se dépêtrer.

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ETS, toujours long, en forte que dans les noms même dont la finale eft breve au fingulier, elle devient longue au pluriel: sujet, sujets. EVE, long dans Grêve, Trêve; il reve; & delà Réver.

Je reviens fur les noms en EmE, ESE, ETE, qui peuvent être longs ou brefs, felon leur étymologie tirée du Latin ou du grec.

Lifte de mots en EME, ou EMME, qut peuvent être longs ou brefs, felon leur étymologie.

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Baptifma,

Baptême.

Theorema

Theorême.

Biremis,

Birême.

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E bref.

chrisma,

Chrême.

Diadema,

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Anatheme..
A pozeme.
Theme.

Enthymema,

Enthymême.

Epicherema,

Epichéréme.

Extremus

Extrême.

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Nota. Dans le mot Femme, dérivé du Latin Femina, l'E le prononce comme l'A, mais il prend le fon foible de l'A bref: on prononce donc Femme, comme Gamme & Lame, où l'A eft réputé bref en comparaifon de Flamme & Ame, où il eft long.

Lifte de mots en ESE qui peuvent être longs ou brefs, selon

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*On trouve auffi en François Proftaphérefe, fans h après let: mais on voit ici que l'étymologie exige cette H, quoiqu'on ne la prononce pas.

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