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trouve l'un & l'autre dans ébarbé, ébauché, éboulé, &c. Lorsqu'il eft fuivi d'un doublement de confones, il forme fyllabe avec la premiere des deux, Eccléfiaftique, Effectif, Ellipfe, Emmanuel, Enneagone, Eppingen, Errata, Effence, Etternach. I fe joint auth avec l'une des deux contones fuivantes dans Ecdémique, Elbeuf, Ergot, Efcalade, & beaucoup d'autres femblables, où il conferve le fon ouvert, & foible. Mais il a le fon ouvert & fort dans être, & il varie beaucoup dans ce verbe; car il commence de s'affoiblir dans rous êtes; il eft foible dans j'étois, tu étois, il étoit; nous étions, vous étiez, ils étoient : & il eft fermé au commencement comme à la fin dans s'ai éte, j'avois été, &c.

Quand il eft précédé d'une ou deux confones, on le trouve également ouvert ou muet: Fufage varie beaucoup fur cela; effayons de découvrir ce qui en décide.

Lifte de quelques mots où l'F, dans la premiere fyllabe, eft ouvert ou muet felon l'Académie.

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Dans ces exemples, on voit que l'E fe prononce ouvert; 1o, dans les noms qui vienent du Latin, tels que Béar, Béatitude, Bénédiction,

Bénéfice; 2°, dans ceux qui font empruntés du Grec, tels que Bechique; 3, dans les noms propres tels que Bérénice; & qu'il eft muet, 1°, dans ceux qui ne tirent leur origine ni du Latin, ni du Grec, tels que Belier, Beface, Befogne, Boin; 29, dans ceux qui quoique derives du Latin ou du Grec, font devenus d'un grand ufage, tels que Renoit, Beril, 3°, dans ceux qui font d'un ufage trivial, Bedaine, Belltre, Beficles. L'expérience confirme que c'eft en effet communement de l'ufage plus ou moins fréquent des mots que dépend le fon ouvert ou muet de l'e: en forte que le même mot fera prononcé avec un muet par ceux qui fe fervent fréquemment de ce mot, tandis qu'il fera prononcé avec une ouvert par ceux qui font moins d'ufage de ce mot: tel eft le mot Beril, que l'Académie écrit fans accent, & que d'autres écrivent avec accent Beril, parce qu'ils le regardent comme d'un ufage moins commun, & qu'il vient du Latin Beryllus. Ce que nous venons d'obferver fur la fyllabe BE, el également applicable aux autres fyllables compofées d'une confone & d'une voyele: il faut feulement excepter les mots compofés des particules DE & RE.

La particule DE, en compofition, prend l'accent aigre, & l'e s'y prononce ouvert, foit que ce DE viene du Latin, foit qu'il n'en viene pas: Exemples: Débâcler, véballer, Dibander, Débarbouiller, Débarder, Débarquer, Débaraffer, Débarer, Débutér, Débaire, Débaucher, Pécecheter, Dedaigner, Deficher, Dégager, Dehüler, Déjeter; Délabrer, Démailloter, Pencter, Dépaqueter, Déraciner, Défabufer: ici il faut remarquer que la lettres qui intervient pour éviter le confid des deux voyeles, fe prononce comme z; mais que fi le mot fuivant doit commencer par un s, on la doable pour lui conferver fa force, & FE s'apuiant alors fur cette premieres, fe met fans cet accent, quoiqu'on le prononce onvert, Possaifir, Defaller, Defecher, &c. Ainh là ne en composition toujours le ouvert.

Mais le RE, en compofition, varic: il a l'E tantôt ouvert, tantôt fermé, & tantôt muet. Efluyous de découvrir d'où vient cette Variété. L'E eft fermé avant les voyeles: Réachien, réaggravé, récjournerent, résignation, réédification, réimpofition, reimpreffion, réintégrande, réitération, réordination, rénaion,

La dificulté fe réduit donc aux cas très-fréquens de l'e fuivi d'une confone. Voyons-cn quelques cxemples.

Lige de quelques mots cù PF de la particule RE le prononce ouvert, ou demeure ferme jelon l'Académie.

C muet.

Rebaptifans, de Baptifer.

Relir, de Barir.

Rebatre, de Batre.

Rebondir, de Bondir.

Reborder, de Border.

E ouvert.

Bécalcitrer, du Latin: Recalcitrare.
Récapituler, du Latin capitulare.
Rechaper, du François Echaper.
Réchaufer, du François rehaufer.
Récidiver, du Latin Recidivas.

ucher, de Boucher,
raffer, de Brafer.
roder, de Broder.
-eler, de céler.
Cenfer, de cenfer.
changer, de changer.
Recharger, de charger.
Rechaffer, de chafer.
Rechauffer, de chauffer.
Rechercher, de chercher.
Rechoir, de choir.
Reclure, du Latin Recludere.
Recogner, de cogner.
Recommander, de commander.
Recompofer, de compofer.
Recompter, de compter.
Reconduire, de conduire.
Reconnoître, de connoître.
Reconquerir, de conquérir.
Recoquiller, de coquille.
Recoudre, de coudre.
Recouper, de couper.
Recourber, de courber.
Recourir, de courir.
Recouvrer, du Latin Recuperare.
Recouvrir, de couvrir.
Recroitre, de croître.
Recueillir de cueillir.

Réclamer, du Latin Reclamare.
Récolliger, du Latin Recolligere.
Récolter, du Latin Recolligere.
Récompenfer, du françois compenfer:
Réconcilier, du Latin, Reconciliare.
Réconduction, du Lat. Reconductio.
Réconforter, du Latin confortare.
Réconftitution, du Lat. Reconftitutio.
Réconvention, du Lat. Reconventio.
Récréer, du Latin Recreare.
Récrier du François Ecrier.
Récriminer, du Lat. Kecriminare.
Récrire, du François Ecrire
Récupérer, du Latin Recuperare.
Récufer, du Latin Recufare.

Sans qu'il foit néceffaire d'aller plus loin, on voit 1°, que le plus grand nombre des mots aint compolės, prend l'E muet; 2°, que la plupart de ces mots qui ont le muet, dérivent immédiatement du François ; 3', que ceux qui dérivent plus immédiatement du Latin, ont communément l'E ouvert comme en Latin 4, que quelques-uns de ceux qui ont l'E ainfi ouvert, vienent de certains mots François qui commencent par un E; 5°, que quelquefois un verbe peut avoir l'E muet, comme étant dérivé du François, Reconduire de conduire, tandis que fon fubftantif aura l'E ouvert, comme étant dérivé du Latin, Kéconduction, de Reconductio.

Recuire, de cuire.

Reculer de culée.

Ainfi en deux mots, l'E ouvert, dans la particule RE, nous vient des Latins; l'ɛ muet, dans cette particule, eft propre au François, & s'atache aux mots qui font dérivés plus particulierement du François.

ARTICLE VI. De la Lettre F.

La lettre F conferve toujours au commencement des mots l'articulation qui lui eft propre, foit avant une voyele, foit avant une confone, telle que z & R. Ainfi on dit : Fable, Fêve, File, Fleuve, Force, France, Fuite.

Au milieu des mots, les Latins doubloient cette lettre dans les compofés, afficere, Efficere, sufficere: Delà eft venu en François, Affection, Effectif, suffire mais dans les mots d'un fréquent ufage, on

re prononce point ce doublement : ainfi on dit sufire, sufifant; fi l'on ne dit pas éfectif, au moins on dit Efet & éfets, lors même qu'en écrivant on conferve ce doublement, effet, effers, à caufe de l'étymologie.. On a admis ce doublement jufques dans les mots qui ne venoient pas du Latin, comme dans Affaire: inais ce mot eft devenu fi commun qu'on prononce faire; & pourquoi ne l'écriroit -on pas ainfi ? puifque dans ce mot le doublement n'eft apuié ni fur l'étymologie ni fur la prononciation.

A la fin des mots, la lettre F fe fait communément fentir Bref, chef, Fief, Grief, Nef, Relief, Cerf, Nerf, serf, fignifiant efclave, Bauf, Euf, Neuf, veuf, Actif, Canif, Datif, Efquif, If, Juif, Morif, Suif, Tarif. On le néglige cependant dans clef, que l'on prononce clé, même devant les voyeles; la clé à la main; ce qui pouroit donner lieu de l'écrire ainfi, fi l'on ne vouloit conferver dans clef, le veftige de fon étymologie, tirée du Latin clavis, dont on a changé l'v en F, & l' en E.

Car la lettre F ayant affinité avec l'v confone, fe confond avec lui, de maniere qu'en François : du mafculin Neuf, fe forme le féminin Neuve ; & du nom de nombre cardinal Neuf, le nom de nombre ordinal Neuvieme.

Autrefois on difoit Baillif, d'où s'eft formé le féminin Baillive: mais l'afage a prévalu de dire Bailli fans F & delà, Bailliage. L'Académie s'eft déterminé pour Bailli fans F; mais dans l'impreffion de fon DiClionaire, on a laiffé ce mot au rang que lui laiffoit cette F, c'est-àdire, après Bailliage.

On a quelquefois voulu confondre la lettre F avec le Phi des Grecs; c'eft ainfi que quelques-uns ont écrit Filofophie & Fifique; mais c'ett trop s'écarter des étymologies, fur-tout lorique rien n'y oblige; car rien n'empêche d'écrire philofophie & phyfique. De quelque maniere qu'on écrive ces mots, ils ont la même prononciation, & alors on doit préférer l'Orthographe fondée fur l'étymologie.

Par un abus tout oppofé, on a quelquefois employé le phi des Grecs dans des noms Barbares, qui n'ayant aucun raport aux Grecs, devroient être écrit avec un fimple F. C'est ainsi que l'on écrit pharamond pour Faramond; & en Latin Arnulphus pour Arnulfus ; d'où l'on a fait en François fucceffivement Arnouf, Arnoul & Arnou. De même Marculphus pour Marculfus, d'où en François, Marcoulf, Marcoul & Marcou. De même encore Theodulphus pour Theodulfus ; d'où en Fran. Cois, Thioulf, Thioul, Thiou.

ARTICLE VIII. De la Lettre G.

Le G varie comme le c, avec lequel il a beaucoup d'affinité. De même. que le c fe prononce fort dans calore, Colonne & Cuve, mais s'afoiblit dans cefure, ciment, cycle: de même le & fe prononce fort dans Gabele, Gobelet, Guttural, s'afoiblit dans Gelée, Gibier, Gymnaje; c'efl-à-dire,

qu'avant ces trois voyeles E, I, Y, il prend l'articulation de notre ♬ Confone. Pour lui rendre avant l'E & I'r fa prononciation forte, on infere un ventre ce G & la voyele: Guerre, Guichet. 11 cft peut-être affez fingulier que nous ne mettions jamais cet u entre le 6 & l'x, quoique felon etymologie t y étre. Car felon la prononciation des Greus, on devroit dire Gymnase; parcequ'il ett formé du Latin Gymnofum, ou le 6 fe prononce foible comme I's confone; nous avons imité les Latins, & nous avons écrit & prononcé Gymnase. C'eft ainfi que nous avons emprunté des Latius la maniere d'écrire & de prononcer la plupart des mots qui venant des Grecs, ont un avant

E, J, Y.

Lorfqu'on veut afoiblir le & avant les voyeles 4, 0, 0, on met un entre le G & ces voyeles: ainfi du verbe Manger, fe forme au préfent, nous mangeons; à l'imparfait, je mangeois; au parfait, je mangeai: & da verbe Geger, fe forme le fubflantif, Gageure, que l'on prononce Gajure, de même que je manjai, je manjois, nous manjens.

Le & conterve fon articulation feite avant les confones L & R : Glace & Grice, & mere avant la lettre N, au commencement des mots qui nous vienent des Grecs: Gnomon, Gnoftique.

Mais il s'afciblit au milieu des mots avant cette confone V, à laquelle il donne une articulation mouillée, comme dans`agneau, Kegue, signal.

Il confeive fon articulation forte avant la lettre H, foit au commenneut des mots, feit an milien, chifieri, malpighi.

A la fin des mots, le e fe prononce dans les noms propres, gag, Doeg, Magog, sarug: dans les mots communs & d'un frequent tape, on ne le prononce pas; rang, sang, étang, long, fe prononcent fans g: fi cependant ces mots long, rang, sang, fe trouvent fuivis d'une voyele, ou de la lettre non afphree, on y prenence le 6, nais comine fi c'étoit un ; c'at ainfi qu'on dit : Un sang épais; un rang. elové; un long hiver. L'Académie obferve que même en ce cas on ne prononce point le & dans Erang.

Le & fe trouve fuivi d'un r dans le mot ringt, & on ne prononce ni l'un ni l'autre devant les confones, viage perjones; vingt jerames: devant les voyeles & devant la lettre non afpirée, on prononce le r, mais le & demeure muet: rings hommes; vingt animaux. On n'y conferve donc le &, qu'à caufe de l'étymologie de ce mot, qui vient du Latin viginti, quoiqu'il fo foit éloigné de fa forme primitive.

ARTICLE VIII. De la Lettre H.

La lettre n'eft qu'une fimple afpiration, qui au commencement des mots conferve on perd fa force dans notre Langue, felon que ces mo's font plus ou moins ufités. On pout en juger paples exemples fuivants.

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