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IVRE, long dans le fubflantif vivre il s'alonge dans le verbe vivre. Il et douteux ou même réputé bref dans les terminaifons qui fuivent : IBE, Caraïbe, scribe.

IBLE, Bible, Crible.

IBRE, Libre, Calibre, Equilibre: mais cependant long dans Fibres. ICE, Avarice, Bénéfice, Calice, cilice, vice.

ICLE, Article, sicle.

ICTE, vindicle.

IDE, Aride, Avide, Aride, Fluide.

IFE, Grife, Pontife.

IFLE, sifle.

IFRE, chifre, Fifre.

IGLE, Bigle.

IGME, Enigme.

IGNE, Benigne, Digne, Ligne.

fa

IGRE, Tigre, & autres femblables; en forte qu'il ne feroit pas cile de déterminer pourquoi cet I eft long dans les autres terminaisons tandis qu'il eft bref ou douteux dans celle-ci.

l'i eft long au milieu des mots avant le muet, que l'on peut même fupprimer en mettant un circonflexe fur li. Ainfi on écrivoit autrefois Remerciement aujourd'hui l'Académie écrit Remerciment, comme on le prononce. Mais la prononciation même exige que l'e foit confervé dans licenciement, pour adoucir la terminaifon en t, forte dans ti, foible dans tie.

L'i eft bref avant l'E ouvert on fermé, & avant les autres voyeles, Piece, Piege, Diable, Diu, Fiole, Reliure. Mais il eft long dans les noms dérivés de l Hébreu en 14s, Ananias, Azarias, Ezéchias, Helchias, Jofias.

Il s'éclipfe après les voyeles A, E, & ne fert qu'à asoiblir le son, comme dans Flaine & Pleine, qui fe prononce fans aucune difference, & fans que l'on puiffe y diflinguer l'1 d'avec l' ou l'E, ni l'a d'avec

l'E.

Il a le même effet après l'o dans certaines perfones des verbes : J'aimois, tu aimois, il aimoit; nous aimions, vous aimiez, ils aimoient. On n'y diftingue point l'1 d'avec l'o: on n'y reconnoît pas même le fon de l'o; mais des deux fons réunis, il fe forme un fon commun qui tient de l'E plus ou moins ouvert, c'efl-à dire, plus ouvert dans j'aimois, tu aimois, ils aimoient; moins dans il aimoit.

Il tient auffi de l'E plus ou moins ouvert dans Boifon & Boire: mais dans l'un & dans l'autre on diftingue l'o.

On diftingue de même l'u d'avec l'1 dans nuire & nuifible : mais l'1 eft long dans le premier, & bref dans le fecond: long dans le premier, parce qu'il eft fuivi d'un E muet; bref dans le fecond, parce que le mot s'alonge.

L'I devient natal en s'uniffant avec M ou N, dans Imbecille, Imperieux, Incapable, Incertain, Indifcret, Infini, Ingénu, Ingrat, Injujte,

Inquiet, Insatiable, Intelligent, Invariable. Mais il reprend le fon qui i et propre dans Immaculé, Innombrable, Inacceffible, Ineftimable, Inimitable, Inopiné, Inufité.

Lr vulgaire fe confondoit autrefois avec l'r au commencement & à la fin des mots, de maniere qu'encore aujourd'hui on écrit yeuse, Yeux, Yves, Yvoire, rwre, Yvreffe, rvrogne, de même qu'autrefois on écrivoit Foy, Loy, Moy, Toy, soy. On a très-bien réformé tous ces faux r à la fin des mots : & pourquoi donc les conferveroit-on encore au commencement? Puifque nous écrivons Foi, Loi, Roi, Moi, Toi, tei, écrivons donc auffi reuse, ieux, Ives, ivoire, ivraie, ivre, ivreffe, imagne.

Lorfqu'on veut féparer l'1 d'avec la voycle qui le précede, on mer deffus les deux points que l'on nomme le tréma. Ainfi on écrit Ifaïe, semei, Eloi. Sur quoi il faut obferver que le tráma n'eft pas néceffaire dans Semei, parce que l'acqent aigu fur l'E, montre affez qu'on le fepare d'avec l'z: ainfi on peut très-bien écrire obéir & obéiffance fans trema. Mais c'eft abufivement que l'on met le tréma en Latin, parce que dans cette Langue l'i eft toujours féparé de la voyele qui le précede ;ainfi on doit écrire en Latin Ifaias, fans tréma, & en François faie, avec tréma.

Mais on fe méprend fort lorfqu'on met l' tréma à la place de l'r dans moife: c'est défigurer & corrompre ce nom, qui vient du Grec, & du Latin Moyfes C'est encore abufer de l'i trema, que de le mettre dans Païs, qui alors fembleroit devoir être prononcé pa-ïs, au lieu qu'on doit prononcer pai-is ; & c'eft ce que l'ufage exprime par l'r, Pays, qui alors vaut deux i, comme dans Payfan. Mais on doit exprimer Faien avec l'i tréma, parce qu'on doit prononcer Pai-en. Nous reviendrons fur ces derniers objets en parlant de l'r.

ARTICLE X. De la Lettre J.

Les deux lettres I voyele & confone, éto ent autrefois deux cancteres que l'on confondoit dans l'écriture & dans l'impreffion; delà rient que pendant fi long-temps on n'a compté qu'un feul i dans notre Alphabet de vingt-trois lettres, où l'on confondoit de même nos deux v. Mais enfin l'Académie, dans la derniere édition de fon Diction-, naire, nous a donné un Alphabet de vingt-cinq lettres, en diflinguant les deux i & les deux u.

Ces deux i, en effet, font non feulement deux caracteres d'une même lettre; mais deux lettres effentiélement différentes, puifque l'une eft voyele & l'autre confone: mais ce qui a donné lieu de les confondre, c'eft que l'une vient de l'autre, comme on le voit par le vieux mot Hierufalem; car c'eft bien ainfi qu'on doit l'écrire felon fon étymologie; mais infenfiblement on lui a fait perdre fon afpiration en écrivant & prononçant Ierufalem, avec un i voyele, & delà par corruption Jérufalem, avec un J confone. C'est ce qui eft également arivé au mot Hieronymus ; d'où l'on a fait fucceffivement en François Hié

rôme, Iérôme, Jerôme. De même encore du faint nom de notre Sauveur Iefus, par I voycle, felon fon étymologie, on a fait Jefus, par confone, en Latin comme en François.

L'articulation de 1 confone eft invariable: on prononce Jacob, Jefus, Jofeph, Juda. Il ne feroit pas impoffible de joindre l'z confone avec voyele; mais les exemples en font très-rares, fi ce n'eft dans ces mots; j'irai, j'imiterai, j'irriterai.

Cette confone ne fe confond avec aucune autre: elle a cependant la même articulation que le & devant les voyeles E, I on prononce Jefus & Gédéon, fans aucune différence; mais l'étymologie de ces noms veut que l'un foit ecrit par J confone, & l'autre par &; cela ne fe confond point.

L' confone au milieu des mots ne s'y double jamais, non pas même en compofition. On ne s'eft point avifé d'écrire ni de prononcer ajjourner ni rajjeunir: mais on prononce & on écrit rajeunir & cjourner.

Jamais cette lettre ne fe trouve à la fin des mots; ce qui vraifemblement vient de ce qu'elle tire fon origine des dipthongues la, le, 10, zu, d'où on a fait Ja, Je, Jo, Ju. Sur quoi il eft à remarquer que dans quelques livres, au lieu d'Alléluia, on trouve Allelijo ou Alleluya : ce font deux défauts que l'on doit éviter, parce que dans ce mot on doit prononcer qu'un feul I, & que felon fon étymologie, il doit y être prononcé comme voyele; car ce mot vient de l'Hébreu AlleluJa, ou mieux encore Hall lou-1ah, qui fignifie Laudate Deum.

ne

ARTICLE XI. De la Lettre K.

La lettre K qui nous vient du Kappa des Grecs, s'eft tellement confondue avec le c, qu'elle lui a cédé la place dans les mois vilgaires. Ainfi quoique, felon l'étymologie, on dût écrire en Latin, Kalenda, Kalendarium, on écrit aujourd'hui en Latin même, calenda, calendarium; doù en François, Calendes & Calendri r.

Ainfi le K n'eft reflé que dans quelques nonis propres, stokholm, Yorck, &c. & dans quelques mots tirés des lacques étrangeres, tels que du Grec, Kyrie, d'où en style familier Kyriele, & en termes d'Anatomie, Kyte & Kyliotome.

ARTICLE XII. De la Lettre L.

La lettre Lau commencement des mots a toujours la prononciation qui lui et propre Lacet, Légion, Livre, Loge, Fufre, Lyre

Mais au milieu des mo's & à la fin, ceite le tre précédée d'un 1, prend fouvent une artic latien adouci & compofée, telle que dans péril. d'où périlleufe: travail, d'où travailler reveil, d'où rév. iller; recueil, que l'on prononce recauil, d'où recueillir, que lou prononce reca villir; genouil, que l'on prononce genou, mais d'où fe forme s'agenouiller. On prononce de même Fille Quille, Vrille, Brille, Ciller, Driller, Etriller, Fretiller, Griller.

La

La lettre z conferve cependant fon articulation propre, dans Fil, morfil, profil, vil, civil, viril, volatil, ainfi que dans Achille, imbecille, mille, pupille, tranquille, ville, illuftre, illicite. On ne mouille point la lettre L dans mil, nom de nombre; mais on le mouille dans mil pris au fens de millet, où on la mouille audi.

Le lettre 1, dans la terminaifon des adjectifs, eft quelquefois fuivie d'un E muet dans le mafculin même, mais toujours dans le féminin, où quelquefois elle fe double. L'ufage varie finguliérement fur cela, ainsi que fur le changement de l'A en E avant cette L. Ainfi de Gene ralis, le forme au mafculin Général, au féminin Générale; mais d'oniverfalis, fe forme au mafculin Univerfel, au féminin univerfelle. De crudelis, on a formé au mafculin cruel, au féminin Cruelle: mais de Fidelis, on a fait au mafculin Fidele, au féminin Fidelle; fans qu'il y ait néanmoins aucune différence de prononciation entre ce mafculin Fidele, & le féminin Fidelle. De civilis, on a dérivé au mafculin civil, au féminin civile; mais d'utilis, on a pris au mafculin vtile, au féminin vtile, fans aucune différence. De mollis, on a fait au mafculin aol, que l'on prononce mou, & au féminin on dit molle. Ces deux L peuvent être ici confervées à caufe de l'étymologic. Mais à quoi fervent elles dans le féminin Fidelle & Univerfelle? Puifque de Generalis, on a fait Général au mafculin, Générale au feminin; de civilis, au masculin civil, au féminin civile, fans aucun doublement; ne feroit-il pas naturel d'écrire de même au mafculin Fidel & util, fans E, & au féminin, Fidele, Cruele, Univerfele, fans doublement ? Cela devient même d'autant plus néceflaire, que le doublement ne peut avoir lieu dans les adverbes dérivés de ces féminins: Car on prononce fans aucun doublement, Généralement, Universélement, Cruélement, Fidelement, Civilement, vtilement. De ces fix adverbes il n'y en a même que trois où le doublement fe foit gliffé, Univerfellement, cruellement, Fidellement. Mais il eft évident que cela eft contraire tout à la fois à l'étymologie, & à la prononciation, puifqu'en Latin ces mots n'ont qu'une feule z, & qu'en François on n'en prononce qu'une. On prononce Fidèlement comme Fidélité: il eft done conforme à la prononciation comme à l'étymologie d'écrire l'un comme l'autre, c'eftà-dire, tous les deux avec une foule L.

La lettre z s'éclipfe totalement après l'1, à la fin de plufieurs mots qui font devenus d'un ufage fort commun; ainfi on ne la prononce point dans Baril, Fufil, Gentil, outil, perfil, sourcil.

On vient de voir qu'elle fe change en u dans Mol, que l'on prononce arou; il en eft de même de col, Fol, Licol, que l'on prononce cout, Fou, Licou. L'Académie préfere même d'écrire cou, comme on le prononce en obfervant feulement que dans certains fens moins communs, on doit écrire & prononcer col, comme un col de chemife; le col de la zeffie; un col de montagnes. De même elle obferve qu'on écrit ordinairement Fou, excepté lorfque ce mot étant adjectif fe trouve fuivi d'un fubftantifqui commence par une voyele; ainíi on dit un fel amour; un

ful entêtement: mais on dit: un fou sérieux; un fou trifte. C'eft ainfi qu'on dit un bel homme. & un beau vifage, tandis qu'au feminin on dit également une belle femme; une belle étoile. On prononce sol en note de Mufique & au fens de terroir, mais en terme de monoie, on prononce sou, & l'Académie l'écrit ainsi.

On demandera peut-être pourquoi doubler la lettre z dans Belle & Folle; cela vient de l'ancien ufage, que l'on n'a point encore reformé dans ces petits mots, parce que le moindre changement que l'on y puiffe faire, femble déplaire à l'oeil, qui eft acoutumé à y voir ce doublement, au lieu que cette réforme devient prefque intenible dans les mots plus étendus & analogues à d'autres où ce doublement n'a pas lieu Ain quoique l'on continue d'écrire Belle & Folle, rien n'empeche qu'on écrive Fidele pour les deux genres, & Fidelement comme Fidélité, & folement comme Folie

On écrivo autrelcis Appeller, parce qu'il vient du Latin Appellare: mais l'Academie en fe raprochant de la prononciation, écrit appeler, Appoint, Appele. Elle ne conferve les deux z dans ce verbe, que devam l'E muet, c'et à dire, qu'au préfent elle écrit, J'appelle, tu appelles, il appelle; nous appellons, vous appellez, ils appellent au futur 'uppellerai, & au conditionel J'appellerois. Du refle elle écrit 'appelois, J'appelai; Que j'appelaffe; en forte que la réforme de l'Ortho graphe, par l'Académie méme, a fait naître dans ce verbe une variété d'Orthographe qui au refle n'eft qu'une invitation à revenir à l'uniformité, en achevant de fupprimer de ce mot ce doublement qui ne s'y prononce fous aucune forine. L'accent aigu peut fuffre dans j'appelerai & J'appelerois; & il n'eft pas même neceffaire dans 'appele avec une feule L. parce que l'E penultieme, fuivi d'un E muet, fe prononce toujours fans avoir befoin d accent. Alurs ce verbe fe conjugue fans aucune irrégularité. J'appele; J'appelvis; s'appelai; J'appelerai; J'ap pelerois; Que j'appele; que j'appelaffe; Appeler, Appelant; appelé. Cependant on continuera d'écrire, à l'exemple de l'Acariemie, Appellatif & Appellation avec deux . parce que non feulement elles y font en Latin, mais que même en François on les y prononce.

De niême du Latin cancellarius, on a fait chancellier & chan ellerie : mais aujourd'hui on prononce chancelier & Chancelerie; & l'analogie demande qu'on écrive l'un comme l'autre, c'est-à dire, tous les deux avec une feule L. Du Latin candela, on a fait en François chandelle &, chandellier: mais on prononce chandele & chandelier ; & Fanalogia demande que l'on écrive ainfi, puifque même en l'écrivant ainfi on fe rapproche de l'étymologie, qui n'y met qn'une feule z. Du Latin caffellum, on a fait en François châtel, charellain, charellenie: mais aujourd'hui on prononce château, châtelain, chârelenie: & l'analogie vent qu'on l'écrive ain, en ne mettant dans ces deux derniers mots qu'une feule, puifqu'on n'y en prononce qu'une, & que dans le premier des deux, l'E devient même muet, & par-là incapable de foufrir le doublement de la confone, qui le fuit.

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