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voir écrits ainfi: mais en même temps elle fait remarquer que le mor ail, doit fe prononcer uil.

L'o fe joint en diphthongue avec l'1, qui alors prend le fon de l' plus ou moins ouvert, comme on le voit dans oie, où ceste diphthongue eft longue, ainfi que dans voie, monoie, joie, au lieu qu'elle eft breve dans oifeau, cifif, oifon, ainfi que dans Foi, Loi, Roi. Mais l'1 fe perd totalement dans cignon, où il ne fert qu'à mouiller la prononciation de la derniere fyllabe. Au contraire l'E fe perd dans Dévoiement, où il ne fert qu'à alonger la diphthongue, en forte qu'on peut même écrire Dévoiment avec un circonflexe, fans E.

L'o fe joint en diphthongue avec l'u, mais de maniere que cette diphthongue tient réellement du fon des deux voyeles: elle et longue. avant l'e muet, mais dès que cet E celle d'être muet, la diphtongue devient breve. Ainfi elle eft longue dans boue, moule, poudre, & breve dans boueux, moulé, poudré. Longue dans rouille, elle s'abrege autant qu'il fe peut dans rouillé. Mais la voyele é fe perd dans Dévouement en forte qu'on peut écrire Dévoûment avec un accent circonflexe, fans E. L'o fe joint encore en diphthongue avec l'x: mais fi cet y ne vaut que I'I fimple, aujourd'hui on y fubftitue l'1. Ainfi autrefois on écrivoit voye, mais inaintenant on l'écrit comme on le prononce, voie. L'r ne s'y conferve que lorfqu'il vaut deux 1, qui uniffent deux diphthongues. Ainfi on écrit Envoyer, parce qu'on doit prononcer en trois fyllabes, En-voi-ier.

L'o prend le fon nafal en s'uniflant aux lettres M ou N, comme nous l'avons fait obferver en parlant de ces Lettres. C'eft ainfi qu'on prononce ombelle, ombilic, ombre; once, onde, ongle où il faut remarquer que l'o a pris la place de l'o des Latins; Umbella, Umbilicus, umbra; Uncia, Unda, ungulus.

ARTICLE XVI. De la Lettre P.

L'articulation propre de la lettre P paroît dans ces mots: Palais, Peine, Pierre, Poète, Puiffance, Pyramide. Elle a la même articulation avant les lettres liquides, L & R, & avant s. plaifir, Prudence Pfalmodie; mais avant la lettre H, elle prend l'articulation de la lettre F: Phaethon, Philofophie, Phlegme, Phosphore, Phrase, Phthifie Phyfique.

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Quelques-uns négligeoient autrefois le P dans la prononciation des mots Pfaume Pfautier en forte qu'on difoit saume & sautier : mais il eft évident que c'étoit alterer ces mots en s'écartant de leur étymolo gie, tirée du Latin Pfalmus: cet abus n'a point prévalu. On eft revenu prononcer comme on écrit, Pfaune, où fi l'on veut pfeaume: mais il eft remarquable que l'Académie écrit Pfautier, & que par là elle semble nous inviter à écrire Pfaume, puifqu'il eft certain que ces deux mots ont la même étymologie & la même prononciation.

Le P finalfe prononce dans cap, Cep, sep & Sap, nom de ville; mais

dans

dans les mots d'un ufage commun & trivial, Drop, galop, firop, trop, coup, loup, on ne prononce le P que forfqu'il ell fuivi d'une voyele: Un drap écarlate; un firop amer, un coup offreux, un loup enrage.

Le P final fuivi d'une S ou d'un T, s'éclipfe totalement, celt-àdire, de maniere que dans le cas même où ces contones feroient fuivies d'une voyele, on ne feroit entendre que la feconde : ce temps eft doux, ce corps est dur; cet homme eft prompt à parler; il eft exempt d'impôts. Dans les deux premieres phrafes la lettre s fe fait fentir, & le T dans la troisieme feulement.

Le P s'éclipfe de même dans compte & compter: mais il fe fait fentir dans Redempteur & Rédemption, qui tienent plus du Latin que du François. Il s'éclipfe encore dans fept & feptieme; on ne ly conferve qu'à caufe de l'étymologie.

C'est ains que dans le cas même du doublement de la lettre P, on ne fait fentir ce doublement que dans les mots moins unités, & qui tienent plus du Latiu. Ainfi du Latin appellare, on a fait d'abord appeller; 1 Académie écrit appeler, & on prononce apeler, apelant, apele ; mais on prononce appellatif & appellation; & c'etl ainfi que l'Académie écrit ces deux mots. D'approximare, on a fait approcher, & on prononce aprocher; mais on prononce & on écrit approximation.

Le défaut de Richelet dans la reforme de ces doublemens que la prononciation ne fait pas fentir, n'eft pas précisément d'avoir négligé les étymologies pour fe raprocher de la prononciation, mais d'avoir voulu du premier coup, pouffer cette réforme trop loin, au lien dy procéder lentement & par degrés, comme fait ici l'Académie, qui autorife maintenant de fon fuffrage ceux qui écrivent apelant, apeler & appelé, avec une z fimple, quoiqu'il y en ait deux dans le Latin; mais en même temps y conferve les deux P du Latin, quoiqu'en François on n'en prononce qu'un. En y retranchant une L, parce que reellement on n'en prononce qu'une, elle femble nous inviter à y retrancher également un P, puifqu'en effet on n'en prononce qu'un ; & il y a lieu de préfumer que comme aujourd'hui elle appuie de fon fuffrage ceux qui ont retranché une L, elle applaudira de même à ceux qui du même principe qui lui a fait retrancher une L, en concluront le retranchement d'un P. C'eft aux Imprimeurs qu'elle laiffe le foin & l'honeur d'introduire dans notre Orthographe ce nouveau degré de perfection. Elle n'y oblige perfone; mais elle en laiffe la permiflion, & fe montre difpofée à ratifier tout ce qui poura contribuer à perfectioner notre Orthographe. La raifon d'etymologie doit prévaloir dans les mots peu ufites, où la prononciation même s'y conforme; mais dans les mots très-ufités, & où la prononciation s'en écarte, il eft naturel de céder à la prononciation. C'eft ce qu'on a déjà fait dans une multitude de mots; c'est ce que l'Académie a elle-méme approuvé dans un très-grand nombre, & ce fera en fuivant fes principes & fon exemple, que nous parviendrons à donner à notre Orthographe les degrés de perfection qui peuvent encore lui manquer.

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Q

ARTICLE XVII. De la Lettre Q.

La lettre nous vient des Latins, de qui elle emprunte la voyele u, dont elle et toujours accompagnée lorfqu'elle n'eft pas finale. Mais la prononciation de cet u várie beaucoup: car en Latin il fe prononçoit comme ou, & il en conferve le fon en François dans ces mots : aquatique, Equation, Quadragénaire, Quadragefime, quoi.

Mais il s'afoiblit & le prononce comme un fimple v dans Equeflre, Quefleur, Quinquagénaire, Quinquagefime.

Il s'éclipfe totalement dans Qualité, Querele, Quitance, Quotité. Aucun mot Francois n'ajoute un fecond u après celui-là.

Dans Quoique, le premier fe prononce ou; le fecond ne fe prononce pas.

Le o final ne fe trouve que dans cinq & ceq: dans ce dernier mot on doit toujours le prononcer; mais dans cinq, il ne fe prononce que lorfqu'il eft fuivi d'une voyele ou d'une H non afpiréc; ainfi on le prononce dans cinq hommes, mais on ne le prononce pas dans cinq femmes. Si cependant ce mot cinq ett pris fubftantivement, c'est-àdire, fans être joint à un fubftantif, la lettre q, quoique fuivie d'une confone, fe fait fentir. Ainfi on le prononce dans cinq pour cent & dans un cinq de chifre.

ARTICLE XVIII. De la Lettre R.

L'articulation de la lettre a fe montre dans racine, regard, richefe, royaume, rubrique. La raifon d'étymologie y attache quelquefois une H qui n'ajoute rien à fon articulation, comme dans rhétorique. Ainfi on prononce le nom de l'île de Rhodes comme celui de la ville de Rhodes, quoique ce dernier n'ait pas l'afpiration que la raison d'étymologie niet dans le premier.

La lettre à fe prononce communément à la fin des mots char, fer, cuir, cor, mur, nectar, enfer, defir, trefor, aqur. Mais à la fin des infinitifs en er, fi elle eft fuivie d'une confone, elle s'éclipfe & change l'e ouvert en e fermé. Aimer Dieu, aimer le prochain fe prononcent aimé Dieu, aimé le prochain. Cependant fi cet infinitif eft fuivi d'une voyele, la lettre A fe fait fentir, & rend à l'e le fon ouvert, aimer un ennemi.

Souvent à la fin des mots la lettre R fe double entre deux voyeles, & alors elle rend longue celle qui la précede; Barre, Terre, Squirre, clore. Elle a le même effet dans arrêt; mais l'a s'abrege dans arrêter & arrété.

Ce doublement peut mériter d'être confervé lorsqu'il eft fondé fut Tétymologie & fur la prononciation. Ainfi on le conferve dans arreger & arrogant, parce qu'il eft également fondé fur la prononciation & fur l'étymologie: mais rien n'oblige de doubler çette lettre dans arafer & arondir.

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Ce doublement s'exprime & fe fait fentir particuliérement au futur & au conditionel préfent de quelques verbes cn rir, qui perdent ces i. Ainfi d acquerir, je forme j'acquerrai, j'acquerrois; de courir, je courrai, je courrois; de mourir, je mourrai, je mourrois.

Le doublement fe conferve & s'exprime dans les mois compofés, Irrationel, Irréconciliable, Irrefragable, Irrégulier, irreligieux, irrémediable, irreparable, Irrépréhensible, Irréfola, Irrevocable; on le conferve meme & on l'exprime jufque dans le mot irriter, quoique derivé du Latin tra; mais les Latins même doubloient la lettre & dans le vorbe irritare; & nous les avons imités, avec cette différence cependant, que dans le difcours familier on infifte peu fur le doublement en François dans irriter.

Il faut ici remarquer la différence que l'Académie met entre Eclore & enclorre; elle ne donne à l'un qu'une feule r & dans l'autre deux. Lile dit au futur de l'un, il éclora; au conditionnel, il éclorcit; au futur de l'autre, j'enclorrai: au conditionel, j'enclorrois, Ainfi dans le premier lo eft long: dans le fecond l'o paroit bref. On dira peut-être que le mot Enclorre vient de Clorre, & qu'Eclore n'en vient pas ; ais cependant au participe l'un & l'autre prenent également un long & tres ouvert : éclos, éclose, enclos, enclofe; de même que clos, defe & on prononce de même avec un o long & très-ouvert les fubtantifs clos, cloture & enclos. Tout cela paroit montrer qu'originaitement on écrivoit & on prononçoit également avec un o bref, clorre, uciorre & éclorre: mais que l'o eft devenu long dans éclore, d'où l'on a forme avec une foule R, il éclóra, il écloroit, tandis qu'au contraire l'o eå rette bref dans clorre & enclorre, d'où l'on a formé avec deux R, je clorrzi, j'enclorrai; je clorrois, j'enclorrois. L'Académie dans la maniere décrire ces deux mots, fe determine par la maniere de les prononeer: elle ne met qu'une R où on n'en prononce qu'une, & elle en met deux où on en prononce deux. Si l'on prétend que lo eft long dans clorre & enclorre, dans leurs futurs, je clorrai, j'enclorrai, & dans leur conditionel, je clorrois, j'enclorrois; il demeurera toujours vrai que dans ceux ci l'Académie conferve les deux R, parce qu'on les y prononce, au lieu que dans éclore, éclóra, il éclôroit, elle n'en met qu'une, parce qu'on n'en prononce qu'une.

Le doublement de la lettre R dans ces mots a pu venir de leur étymologic tirée de claudere, includere, & peut-être excludere: car quoiqu'il n'y ait qu'une feule & dans ces mots, elle s'y trouve précédéo d'un P, qui, en difparoiffant, fe convertit en R, & forme ainfi le doublement. C'el pourquoi la raifon d'étymologie, loin d'en exclure une A, contribueroit plutôt à y conferver les deux ; mais felon l'Academie, ce qui en doit décider, c'eft la prononciation, qui en permet deux dans clorre & enclorre, & n'en fouffre qu'une dans éclore. La raifon detymologie mérite d'être préférée, fur-tout lorfqu'elle ne contredit point la prononciation; mais lorfque la prononciation même s'écarte de l'étymologie, elle follicite & exige même la préférence, qui en eut lui eft fouvent acordée.par l'Académie.

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ARTICLE XIX. De la Lettre S.

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L'articulation de la lettre S varie, c'eft-à-dire, qu'elle eft forte ou foible. Elle est forte au commencement des mots: sageffe, sejour silence, soleil, subfide, Syllabe. Mais elle s'afoiblit au milieu entre deux voyeles, Phrafe, mefure, mifere, chofe, Mufe, analyfe: elle s'y prononce comme un z.

A la fin des mots elle donne aux voyeles un fon long & très ouvert, & elle fe prononce dans les noms propres & peu ufités : Pallas, Cérès, Ifis, Amos, Titus, Atis: mais dans les mors d'un ufage fréquent, elle ne fe fait fentir que lorfqu'elle eft fuivie d'une voyele: par exemple, dans cette phrafe: vos propres intérêts le demandent, elle alonge & rend tres-ouverte la voyele de vos; mais elle laite muet l'e du mot propres, & ne fe fait fentir qu'en s'apuiant foiblement fur le mot intérêts, à la fin duquel elle s'éclipfe totalement Elle ne fe prononce pas même dans le nom propre Denys, précisément parce qu'en Fiance il eft d'un ufage fréquent.

Cette lettre fe joint au e, mais de maniere qu'elle fe prononce féparément avant les fyllabes ca, co, cu, & qu'elle fe confond avec lui dans les fyllabes ce, ci, cy. Ainfi on dit scabreux, Scorpion, Sculpture, mais on dit scène, scie, scythie. Elle fe joint de même au CH, foit qu'on le prononce fortement, comme dans scholie, fait qu'on le prononce foiblement, comme dans schisme.

On la joint avec le P & le PH, comme dans spatule & sphere : & avec @ dans squelete. Elle fe joint de même avec T & TR, dans statue, flerile, ftigmate, ftratageme. Rarement avec les autres confones: sbire, slefurick, smyrne.

Elle a l'articulation forte après les voyeles nafales, comme dans anfe, danfe, defenfe, depenfe, Alfonfe, réponse. Mais elle s'afoiblit dans les mots compofés de trans, tels que tranfactions, tranfiger, tranfalpine: on prononce de même cifalpine. Alface & Bolfamine.

Dans les mots compofés des particules a, dé, pré & ré ou re, on la double pour lui donner le fon fort, quoiqu'on n'en prononce qu'une fenle: Ainfi on écrit affervir, afsocier, deffaifir, deffaler, de fécher, prefen tir, reffentir, refferrer, reffouvenir, reffufciter. Sur quoi il faut obferver que même avec ce doublement, l'e demeure muet dans reffentir, refferer, reffouvenir: mais il fe prononce ouvert dans reffufciter & dans les autres. Il faut auffi remarquer qu'on ne met qu'une s dans réfurrection, & elle s'y prononce foible comme un z; mais elle fe prononce forte dans préféance & préfuppofition, quoiqu'on ne l'y double point. En la fimplifiant, on fe raproche de l'etymologie; & comme ces deux mots préféance & préfuppofition font d'un ufage plus rare, ceux qui les emploient, favent communément les prononcer d'une maniere conforme à leur étymologie. Au contraire, les mots reffufciter & refurrection étant d'un ufage commun, qui donne à l'un l'articulation forte, & à l'autre l'articu

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