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ennui-ier; mais avant l'E muet, l'r fe change en 1 fimple, il apuie, il s'ennuie, parce qu'on n'y prononce qu'un feul I, comme dans pluie. L'u après l'a lui donne le fon de l'o long ou bref, plus ou moins ouvert le fon eft long & très-ouvert avant l'E muet: Aube: Auge, Aune, Paule, Paume Pauvre. Hors ce cas il eft communément bref & Ioins ouvert: Auberge, Audace, Augure, Baudrier, Cautere, Paupiere ul. Mais il eft long & très-ouvert dans ces monofyllabes. Haut, chaud, Ct..ux. Faux, adjectif, & Faux, autrefois Faulx, nom d'inftrument de même dans Faucon, autrefois Faulcon, & jufque dans les dérivés C ces mots, chaufer, Fauffer, Faucher, Fauconier, Hauteur, Hautle. I bref à la bn du fingulier, long au pluriel; Joyaa, Joyaux;

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La diphaugue EV, qui tient du fon de l'E muet, eft de même zat figulier, longue au pluriel, Feu, feux ; jeu, jeux ; bleu, bleus : furve de l'ɛ muei, cile eft longue: bleue, queue, meûle, feûtre. Elle el beve dans Fu, Europe. Elle eft plus longue que breve dans les noms moins ufités: Euchariftique, Eunuque, Euphrate.

La diphthongue o eft longue avant l'E muet, boue, foule, poutre®; ma's rependant moins longue dans poule, & breve dans boueux, poudreux, moulure: longue dans outre, breve dans outrage, longue dans j'ouvre, tu ouvres, il ouvre; breve dans ouvrage, nous ouvrons, vous ouvrez longue dans ils ouvrent. La différence eti foible; elle s'éteint totalement à la fin des mots, où on prononce un fou & des fous, fans aucune différence que de faire fentir au pluriel la lettre s, lorfqu'elle eft fuivie d'une voyele: Les fous aiment leurs folies.

ARTICLE XXII. De la Lettre V.

Comme l' confone eft venu de l'1 voyele; de même l'r confone eft venu de l'u voyele: en forte que le va des Latins vient du Grec: car les Grecs qui n'avoient aucun de nos v, exprimoient également l'un & l'autre par la diphthongue, ou. Mais enfin chez les Latins cette diphthongue, avant les voyelas, s eft changée en confone, on a prononcé va, ve, vi, vo, vu.

&

L'articulation de la lettre y fe montre dans valear, vérité, vigilance, volupté, vue: & cette articulation ne varie jamais.

Il faut feulement remarquer que cet y fe double quelquefois dans des noms Allemands, Flamands, Anglois ou autres des pays du Nord; & ce double tient de l'r confone & de la diphthongue ou, comme on le fent dans vaat, waftminster, weftphalie, wibourg, worchefter, wurtzbourg: mais au milieu des mots l'articulation de l'v prevaut, comme dans Brevik, Hedvvige: au contraire, à la fin on prefere le fon de l'u voyele dans Brijgavv, Czernikovy, Pagarfchevv

ARTICLE XXIII. De la Lettre X.

La lettre x nous vient du xi des Grecs: fon articulation varie

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elle

beaucoup, parce qu'elle tient du c & du G de l's & du z. Ainfi au commencement des mots, dans les noms peu ufités, prend l'articulation forte du cs, Xantippe, xercès; dans les noms plus communs elle s'adoucit en prenant l'articulation du G Z, Xavier,

Ximenes.

Au milieu des mots, elle a l'articulation forte du cs dans Extrême: moins forte & du c feul dans Exception; foible & de l's feule dans Auxerre. Bruxelles.

A la fin elle prend l'articulation forte du cs dans les mots étrangers & peu communs, Linx, sphinx; styx; & même jufque dans Prefix. Dans les mots très ufités, cette lettre s'éclipfe totalement, ne fe faifant entendre que devant une voyele; Prix, Crucifix, Paix, choix, Animaux, cheveux; & lorfqu'elle s'apuie fur la voyele fuivante, c'est avec l'articulation la plus foible, celle du z: La paix est annoncée aux

hommes.

Dans les mots dix & fix, on ne prononce point l'x devant les confones: dix chevaux on le prononce comme z devant les voyeles, & devant l'H non aspirée, dix ânes; fix hommes: & comme à la En de la phrase: Ils étoient dix; Ils étoient fix.

Comme l'article les fait au datif aux, il en résulte que le pronom relatif lefquels doit avoir pour datif auxquels: On trouve cependant aulfi aufquels, parce que c'eft ainfi qu'on le prononce; mais dans le difcours familier on ne le prononce pas. D'ailleurs, comme la lettre x fe prononce fouvent comme s, rien n'empêche d'écrire auxquels, comme on écrit aux, qui lui-même fe prononce par z devant les voyeles & devant l'H non afpiree: aux hommes; aux animaux.

Le lettre x eft caractéristique du pluriel dans plufieurs noms : mais nous reviendrons fur cela en parlant de la formation des pluriels. Comme la lettre x eft communément une articulation composée de es ou Gs, elle foutient la voyele qui la précede, de maniere que l'ɛ qui fe trouve avant elle n'a pas befoin d'accent: Exactitude, exemple, exigence, exorcisme, exubérance.

ARTICLE XXIV. De la Lettre Y.

Il eft important ici de remarquer ce qu'obferve l'Académie que l'r en François et tantôt un caractere fimple & tantôt un caractere compofé. Caractere fimple, il n'a pas d'autre valeur que l'i voyele, & fon principal ufage eft d'exprimer l'upfilon des Grecs dans les mots qui nous vienent du Grec, tels que Phyfique, Etymologie, Syntaxe, Hypocrifie, Hyperbole. &c Sur quoi il faut obferver que la regle n'eft pas de mettre un y dans tous les mots qui nous vienent du Grec: il n'en

faut point dans Philofophie, mifantropie, Aristocratie, &c. Car les Grecs ont leur tota qui eft un 1 fimple; mais c'est leur upfilon, qui doit être rendu par un y: & lorfque ces deux lettres fe trouvent dans un même mo, il faut bien fe garder de les confondre. On rencontre quelquefois Hippolite: c'eft une faute; il faut écrire Hippolyte : c'eftà dire, que dans ce mot le premier 1 eft fimple; c'eft le fecond qui doit être exprimé par r.

L'r fervoit autrefois au commencement & à la fin des mots. On le trouve encore quelquefois au commencement dans reux, reuse, rpreau, Yacht, voire, rvroie, vvreffe: mais l'Académie écrit Ivreffe, Ivroie Ivoire; & rien n'empêche d'écrire de même racht, Ieufe, Ipréau, & même, reux, dès qu'il ett conftant que dans yeux l'r ne vient que de cet ancien ufage qui eft aujourd'hui communément négligé dans les anties mots. De même à la fin des mots, on écrivoit Foy, Loy, Roy, d'où l'on avoit même formé, Royne: mais aujourd'hui l'on écrit par un timple 1 Foi & Feine; Foi & Loi. On ne conferve cet inital & final que dans quelques noms propres, Yve, Yvetot, Yvry, Sainte-Foy, le Puy en velay C'eft qu'en général les noms propres varient peu, doivent peu varier. L'r fe conferve encore au lieu de l'1 dans la particule r , parce que l'œil accoutumé à voir cette particule ainfi exprimée, feroit peut être bleffé fi on l'exprimoit autrement.

&

il

L'r confidéré comme caractere double, a la valeur de deux 1, dont le premier finit une fyllabe, & le fe ond en commence une autre, comme dans citoyen, employer, royal, apuyer, pays, &c. qui fe prononcent comme s'il y avoit citoi-ien, emploi-ier, roi-ial, apuiier, pai-is tels font les exemples que donne l'Académie, qui ajoute que, mal-à-propos, quelque Auteurs ou Imprimeurs écrivent citoïen, moien, &c. avec un tréma. Sur quoi il faut obferver qu'entre l'o & I'ɛ muet cette y fe change en I fimple, parce qu'on n'y prononce que le premier des deux. L'Académie écrit donc : J'envoie, tu envoies, envoic; nous envoyons vous envoyez, ils envoient. Au contraire, on ajoute un après l'r aux deux premieres perfones du pluriel du préfent du fubjonctif: que nous envoyions, que vous envoyiez, pour les diftinguer de celles du préfent de l'indicatif : nous envoyons, vous envoyez. De même avec l'A on dit à l'indicatif nous payons vous payez, fubjonctif; que nous payions, que vous payiez; mais entre l'A & l'E muet, I'r demeure: Je paye, tu payes, il paye; que je paye, que tu payes, qu'il paye. L'I fe joint encore à l'r dans les deux premieres perfones plurieles de l'imparfait à l'indicatif. J'envoyois, tu envoyois il envoyoit; nous envoyions, vous envoyiez, ils envoyoient: Je payois tu payois, il payoit; nous payions, vous payiez, ils payoient. Mais dans les verbes terminés en ier, comme prier, il ne faut point d'r, la feule répétition de l'r fuffit à l'imparfait de l'indicatif : nous priions, vous priiez & au préfent du fubjonctif: que nous priions, que vous priiez.

& au

On a prétendu que comme nous difons au fubjonctif: que nous payions,

que vous payier, nous devions dire de même: Que nous avions, que vous ayie; mais l'Académie n'admet point cela, & c'eft qu'en effet le cas eft différent: dans le verbe payer nous fommes obligés d'ajouter cet au fubjontif, pour le diflinguer de l'indicatif : nous payons, vous payez au lieu que dans le verbe avoir il n'y a point de juivoque à eviter à l'indicatif on dit nous avons, vous avez ainfi rien n'empêche de dire au fubjonctif avec un fimplex Que nous ayens, que vous ayız, comme on dit, que nous foyons, que vous foyer; quoiqu'on dife, que nous envoyions, que vous envoyiez. Car dans le verbe envoyer, il a fallu diftinguer par-la ce fubjonctif d'avec l'indicatif, nous envoyons, vous envoyez, au lieu que dans le verbe étre, il n'y a aucune équivoque, puifqu'à l'indicatif on dit : nous sommes, vous êtes. De même à l'imparfait on dit: nous étions, vous étiez; nous avions, vous aviez ainfi ayons, ayez; foyons, foyez, apartienent uniquement au fubjonctif & à Timpératif, fans qu'il foit befoin d'y inférer cet I qui eft néceffaire dans les autres verbes pour eviter l'équivoque.

ARTICLE XXV. De la Lettre Z.

La lettre z, en François, a l'articulation fimple de la lettre s adoucie; c'eft ce que l'on éprouve dans zara, Zete, zinc, zone, Zurich, Zermotechnie. Cette articulation eft invariable au commencement, au milieu & à la fin des mots : mais à la fin des mots elle ne le fait pas toujours fentir.

Le z fe fait fentir à la fin des noms propres de perfones ou de lieux, & alors il rend longue & ouverte la voyele qui le précede: phaz eliphaz, cenez, afcenez, booz, buz. On le prononce dans fez, où il rend le très-ouvert : il rend de même l'E très-ouvert dans Milanez ; mais on ne l'y prononce que quand il eft fuivi d'une voyele. Dans les mots d'un ufage plus commun, il rend l'E fermé, affez, chez, le nez: & il ne fe prononce que quand il eft fuivi d'une voyele: affez & trop long-temps: chez un de vos amis: un nez aquilin. Il a la même articulation dans les fecondes perfones plurieles des Verbes: Vous lifez, vous lifez; vous lirez, vous liriez

Les Verbes qui vienent de ceux qui en Latin & en Grec fe terminent en zo, devroient fe terminer en François par un z: baptifer, catéchifer; exorcizer; mais parce que dans leurs dérivés le z fe change en s, en Latin même & en Grec, de baptizo, baptifma, baptifta; de catechizo, catechifmus, catechefis: on préfere en François la lettre s dans le verbe même: baptifer, catechifer, exorcifer; & néanmoins on y prononce cette s comme le z; en forte que la lettre s paroît n'avoir prévalu dans ces verbes qu'à caufe de leurs dérivés, catéchisme, exorcifme, baptifmal, baptiflere, baptiftaire. Ainfi dans ce cas l'analogie previent fur l'étymologie.

Concluons de toutes ces remarques qu'il y a trois principales regles de l'Orthographe; l'étymologie, la prononciation, &, comme on vient

de le voir, l'Analogie. L'Etymologie doit être confervée lorsqu'elle ne nuit point à la prononciation, & généralement dans les mots les moins ufités, ainfi que dans les noms propres de perfones ou de lieux: la prononciation doit être préférée dans les mots les plus ufités, au préjudice même de l'étymologie: enfin l'analogie doit quelquefois prévaloir également fur la prononciation & fur l'étymologie.

ARTICLE XXVI. Des Lettres Capitales.

Jufqu'ici nous avons parlé des Lettres fans confidérer la forme des caracteres qui les reprefentent on les diftingue en grandes & petites, droites ou inclinées. Il faut ici confiderer l'ufage que l'on fait de ces differences.

Les Lettres Capitales que l'on nomme auffi majufcules, font ainfi nommées, parce qu'elles font un peu plus grandes que les autres, & qu'elles fe mettent principalement à la tête des mots les plus confidérables. On les fait auf fervir dans les titres mais leur principal ufage eft au commencement des mots que l'on veut plus particuliérement diftinguer. On les met généralement à tous les noms propres d'hommes ou de lieux, Alexandre, Céfar; Rome, Paris, Londres.. On les donne encore aux noms de dignités, Roi, Empereur, Duc, Comte, Gouverneur, Lieutenant aux noms de Sciences & d'Arts, Rhetorique, Philofophie; Imprimerie, Peinture: dans le ftyle ecclefiattique, on les donne au nom de Dimanche, & au nom des Fêtes, Noel, Pâque, Pentecôte, jufque-là même qu'on dit la Saint Martin & la Touffaints.

Mais il y a deux défauts à éviter dans l'ufage de ces lettres. Le premier eft d'en mettre trop: par là on afoiblit l'effet que doivent produire les plus effentieles. Les mots qui méritent plus de diftinction, fe trouvent alors noyés & confondus au milieu d'une infinité qui n'en méritent aucune Le fecond defaut oppofé à celui-là, eft de n'en mettre pas affez comme on le voit dans certains Livres, où on n'en trouve qu'aux feuls noms propres. Il faut avouer que cette pratique a l'avantage de trancher net fur la nature des mots qui méritent une Capitale; mais il en réfulte que quantité d'autres mots qui méritent également quelque diftinction, fe trouvent confondus avec ceux qui n'en offrent aucune.

Il s'eft élevé ici une queflion fur les adjectifs dérivés des noms qui font diftingués par une Capitale, tels que de Moife, Molaique; de Rome, Romain; de Roi, Royal; de Philo ophie, Philofophique; de Pâque, Pafchal, & ainfi des autres. Communément on leur donne la Capitale à caufe du nom dont ils font dérivés : mai fi ces adjectifs se trouvent joints à un fubftantif qui n'exige pas la Capitale, faut-il donner Ja Capitale à l'adjectif fans la donner au fubftantif, ou la donner au fubftantif pour la conferver à l'adjectif, ou l'ôter à l'adjectif pour ne la pas donner au fubftantif? Faudra-t-il écrire: la loi Mofaïque, la ehauffure Romaine, une fentence Philofophique, le temps Pafchal! On

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