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peat bien écrire la Loi Mefaïque, parce que cette Loi mérite par ellelxxj néme une diftinction: mais la chauffure, quelle qu'elle puitle être, ert-elle affez noble, pour qu'on puiffe écrire la chauffure Romaine? Faudra-t-il donc écrire fans aucune diftinction la chauffure romaine? Communément c'est un défaut de paffer ainfi d'une extrémité à l'autre: le pins fage parti ett de tenir le milieu en donnant à chaque mot le caractere qui lui convient le fubflantif chaussure ne mérite pas une Capitale, mais l'adjectif Romaine la mérite: écrivons donc : la chauffure Romaine. Dira-t-on alors que l'adjectif paroît plus noble que fon fubftantif? mais il ne l'eft que relativement au nom dont il dérive: c'eft comme fi nous difions la chauffure des Romains: cette Capitale alors ne paroit point déplacée; elle ne l'eft pas plus dans l'adjectif qui repréfente ce nom: la chauffure Romaine.

Les Capitales fervent encore au commencement de toutes les phrafes précédées d'un point, ou qui commencent un paragraphe, ou ce qu'on appele un alinea. L'ufage est aussi de les mettre en Poéfie aa commencement de chaque vers pour en marquer mieux la diftinction. Dans nos Pfeautiers & dans nos Bibles, on les place encore commanément au commencement de chaque verfet; & cela peut convenir dans nos pfeautiers, pour qu'on ne s'y méprene pas dans le chant. Mais dans nos Bibles, ces Capitales ne font néceffaires que quand le verfet precedent eft terminé par un point. Car fi dans le verfet précedent la phrafe n'eft pas finie; fi le fens n'eft pas achevé; fi ce verfet n'eft terminé que par une virgule, un point virgule, ou un comma ou un double point: c'eft obfcurcir le fens, c'est rompre la liaison des deux vertets, que de mettre au commencement du verfet fuivant une Capitale, qui n'y eft nullement néceffaire lorfque les verfets font diftingués par des chifres.

ARTICLE XXVII. Des petites Capitales.

Les petites Capitales s'emploient pour des mots entiers que l'on veut difinguer entre les autres. On les met quelquefois dans les titres: mais leur principal ufage eft au commencement des Ouvrages, des Livres, des Chapitres ou même des Paragraphes. On met alors en petites Capitales le premier mot: ou quelquefois deux, fi le premier mot eft trop court, ou s'il a une liaison intime avec le fecond. La premiere lettre de e premier mot doit étre plus grande que les autres; ce doit être une grande Capitale; & quelquefois cette grande Capitale s'étend fur les lignes fuivantes, de maniere qu'elle en foutient deux, trois quatre, ou plus c'est ce qu'en terme d'Imprimerie on appele une Lettre de deux points de trois points; &c. Quelquefois cette lettre eft chargée ou environée d'ornemens c'eft ce qu'on nomme Lettre grife. L'ufage eft qu'apres les lettres grifes ou de plufieurs points, on mette encore une Capitale qui eft la feconde lettre du mot: cependant on s'eft quelquerois écarté de cet ufage, apparemment parce que cette lettre n'eft pas la premiere, mais la feconde, & que par cette raifon en croit

qu'elle ne mérite pas d'être plus diftinguée que les fuivantes. Elle peut en effet ne le pas mériter relativement aux fuivantes; mais il femble qu'elle le mérite relativement à la premiere. Car plus cette premiere lettre eft grôfe, plus il eft convenable qu'il y ait une lettre moyene entre cette grôffe lettre & celles qui vont fuivre: telle fut fans doute la penfée de ceux qui introduifirent cet ancien ufage qui par cette raifon peut mériter d'être confervé. Mais quelquefois on emploie pour premiere lettre une lettre qui ne porte pas deux points, mais environ un point et demi, & alors on la fait entrer dans la premiere ligne fans la faire defcendre plus bas. C'eft principalement dans ce cas, qu'on fe croit difpenfé de mettre la feconde lettre en grande Capitale; & cela eft très-bien, quand cette feconde lettre n'eft pas elle-même la premiere d'un fecond mot. Car fi la phrafe commence par ce mot, L'afie, il faut néceffairement deux Capitales L'une plus grande, parce qu'elle eft la premiere; l'autre moins grande, parce qu'elle et la feconde, mais toujours plus grande que les trois lettres fuivantes, à l'égard defquelles elle eft elle-même premiere.

On emploie encore les petites Capitales pour certains noms que l'on veut diftinguer par honeur dans le difcours : c'eft ainfi que dans plufieurs Livres de piété, on met en petites Capitales le faint nom de JESUS CHRIST: & alors il faut que la premiere lettre de ces noms foit en grande Capitale.

Dans la Poefie, lorfque les Pieces font divifées par Stances ou Strophes, le prem er mot de chaque Strophe ou Stance fe met quelquefois en petites Capitales, pour en marquer mieux la diftinction: & la premiere lettre de ce premier mot doit toujours avoir une grande Capitale. ARTICLE XXVIII. Des Lettres Romaines & Italiques. On appele Lettres Romaines les lettres droites & quarrées; celles qui font inclinées font appelées 1:aliques. Les Lettres Romaines font plus communément ufitées: on a cependant vu des Ouvrages imprimés entiérement en Lettres Italiques. Mais l'ufage le plus ordinaire du caractere Italique eft de diftinguer certaines parties des Ouvrages certaines phrafes, certains mots.

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Lorfque ces Ouvrages font en caractere Remain, la Table des Chapitres on Sommaires fe fait communément en caractere Italique. S'il a une Table des Matieres, elle fe fait en caractere Romain: & alors ces deux Tables font ainfi diftinguées. La Table Italique peut fe faire du même ceil que le corps de l'ouvrage; la Table des Matieres fe fera d'un œil plus petit. Les Préfaces fe font communément en caractere Romain: fi elles font courtes, elles peuvent fe faire d'un ei! plus grôs que l'Ouvrage; fi elles font longues, on les fit d'un ceil plus petit. Si elles font précédées d'une Epitre Dedicatoire ou de quelque court Avertiffement, cet Avertiffement ou cette Epitre fe font en caractere Italique & s'il y a l'un & l'autre, l'Epitre fera en italique, & l'Ayertiffement en Romain, mais d'un œil différent de la Préface.

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Les Sommaires placés à la tête des Chapitres ou des Paragraphes s'impriment en caractere italique; ceux qui font fur les marges, en caractere romain: les Citations en caractere italique, fi elles font fous des Sommaires romains: s'il n'y a point de Sommaires fur les marges, on peut mettre les Citations en caractere romain.

Si dans un ouvrage François on raporte dans la fuite du difcours quelques mots ou quelques phrafes en Latin, on les met d'un caractere different de celui du discours : c'efi-à-dire, que fi le difcours eft en caractere romain, le Latin qu'on y place doit être italique; & fi le difcours eft en italique, le Latin fera en romain.

Si dans un difcours françois ou latin, on veut infifter fur quelques expreffions, & les rendre plus fenfibles, quoique dans la même langue, on les met d'un caractere différent, en italique, fi le difcours eft en romain, en romain, fi le difcours eft en italique.

C'eft ce qui arive particuliérement lorfqu'on énonce un terme dont on donne en même temps la définition: comme fi je dis : « Les lettres > inclinées font celles qu'on nomme lettres italiques; » ou « Les lettres italiques font celles qui font inclinées. Mais alors il faut obferver que fi on dit : « Les lettres inclinées font défignées par le nom d'italiques: ce d apoftrophé ne doit pas être en italique, parce qu'il ne fait pas partie du nom que l'on veut faire remarquer, & qui confifte dans le feul mot italiques : c'eft fur quoi on fe méprend très-fouvent. Lorfque dans un difcours qui eft en caractere romain, on raporte les paroles de quelque Auteur facré ou profane, fi ce qu'on en raporte n'eft pas long, on le met en italique: fi c'eft un fragment trop étendu pour y admettre cette différence de caractere, on les diftingue par ces doubles virgules que l'on nomme guillemers; nous en parlerons en finiffant après avoir traité des Accents. Maintenant nous allons paffer des Lettres aux Mots.

SECONDE SECTION.

DES MOTS.

Les Mots fe divifent en trois claffes principales: Noms, Verbes & Particules. Nous ne parlerons point ici des particules, mais feulement des noms & des verbes. On diftingue les Noms en Subtantifs & Adjectifs, d'où dérivent beaucoup d'Adverbes, & auxquels vienent fe joindre les Participes. C'est l'ordre que nous allons fuivre en finiffant par les Verbes, qui font d'une nature toute différente.

ARTICLE I. De la formation du Pluriel des Noms, foit Subftantifs, foit Adjectifs.

Le pluriel doit fe former fur le fingulier: c'eft une regle conflante dont on ne doit excepter que les irréguliers, Du nombre de ces der

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niers font les mots auftral, boréal, canonial, conjugal, fatal, filial, final, fragal, littéral, naval, pafchal, pastoral, pectoral, trivial, & quelquesautres adjectifs en al, qui n'ont point de mafculin pluriel, quoiqu'ils ayent un féminin, comme on peut le voir par ces exemples; terres auftrales, heures caroniales, fatales; chanfons triviales, paflorales, &c. Le mot carnaval, quoique fubilantif, n'a pas de pluriel.

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Mais régulièrement les fublantifs & adjectifs en al font aux au pluriel aini cheval, mal, brutal, veulent au pluriel chevaux, maux, brutanx, &c. De ceite regle on doit excepter ces trois fubftantifs bal bocal & regal, qui au pluriel font bals, bocals & régals.

Les mots termines en ail, prenent pareillement aux au pluricl: exemples, travail, émail font travaux, émaux. Mais cette regle n'eft pas générale; car il y en a qui prenent fimplement une s au pluriel, comme mail, camail, attirail, ferrail, détail, éventail, portail, qui font au pluriel mails, camails, &c. & enfin il y en a d'autres qui n'ont aucun pluriel, comme bercail & poitrail.

Les noms terminés en au & en eu au fingulier, prenent ordinairement un x au pluriel, comme beau, château, &c. qui font beaux, châteaux, &c. feu, vau, &c. font feux, vaux, &c. De cette regle on ne doit excepter que bleu, qui veut bleus au pluriel. On trouve aveus dans quelques anciens Livres; mais aveux paroit plus regulier avec un x.

A légard des mots terminés par un e fimple ou muet, il eft certain que le pluriel fe forme en ajoutant une s après la final du fingulier. Ainfi les motsfyllate, complice, garde, année, pontife, gage, & fem. blables, font au pluriel, fyllabes, complices, gardes, années, pontifes, gages, &c. cela eft conflant; mais on a varie fur le pluriel des mots terminés par un é fermé, autrement dit é aigu. Quelques Auteurs anciens vouloient au pluriel qualitez, alliez, abbez, tuez, & généralement ainfi tous les mots qui ont leur terminaifon en é aigu au fingulier: ce qui eft une faute que l'Auteur de l'Officina Latinitatis & plufieurs autres Savans ont remarquée, & dans laquelle on ne feroit pas tombé, fi l'on eût fait la reflexion fuivante.

Les féminins des adjectifs mafculins terminés par un é clair, fe forment en ajoutant un e fimple après la finale du mafculin. Exemples, embourbé fait embourbée au féminin; enfoncé, enfoncée ; lardé, lardée, & ainfi des autres. Or il eft certain que tous ces féminins prenent une s au pluriel pour finale; par conféquent le mafculin pluriel doit en prendre auffi ure, non feulement pour conferver le raport qui doit fe trouver entre le mafculin & le féminin, mais encore pour fatisfaire à la regle générale, qui vent que le pluriel foit formé fur le fingulier en y ajoutant une s finale, comme on le verra ci-après. En effet, il n'y a prefque que les mots terminés par une diphthongue qui prenent un x au pluriel, encore y en a-t-il qui veulent une s.

Les terminés en i &, en u, &, ceux qui le font par les confones b, c, d, f, g, h, m, n, p, q & r, prenent une s au pluriel. En voici des exemples: Fleuri lait fleuris; vertu, vertus; plomb, plombs ; fac, facs ; lourd,

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lourds; clef, clefs; long, longs; almanach, almanachs; parfum; parfans; examen, examens; loup, loups; coq, coqs; dur, durs, &c. Ceux qui font terminés en 1 prenent pareillement une s au pluriel, comme cruel, cruels; pareil, pareils; fubtil, fubtils, &c. On doit dant excepter ciel & il, qui veulent au pluriel, cieux & ieux, quoiqu on dife ails de bœuf; ciels de lit L'Académie & le P. Buffier ecrivent arc-en-ciels, parce que ces trois mois n'en font qu'un; de même que, par la même raifon, on écrit les arc-boutans.

Pour ce qui eft des mots terminés en s & en x, ils ne changent rien au pluriel matcul n, comme on en peut juger par ceux c1, epars & curieux, bois & voix, divers, gros, gras, roux, & femblables, qu'on ecrit au pluriel comme au fingulier.

A l'égard de ceux termines en t, ils méritent une attention plus particuliere, pour connoitre le caprice de I ufage & le peu d'unilormité de la plupart des Ecrivains.

Il y a des mots terminés en at, et, it, ot & ut, comme plat, fujet, maudit, devor, arribut, & femblables, dont le pluriel fe forme en ajoutant une s apres la finale du fingulier. Tous les auteurs en convienent. Il y a d'autres mots qui font terminés en c, comme respect, fufpect, &c. d'autres en pt, comme prompt, &c. d'autres en rt, comme part, ouvert, fort, dont le pluriel fe forme pareillement en ajoutant une s apres la finale du fingulier: cela eft encore général & fans difficulté. Entin il y a des mots terminés en ant, ent, int, ont & unt, comme enfant, content, faint, pont, defunt, & autres femblables. Il ett indubitable que les mots terminés en int, ont, unt, doivent prendre une s au pluriel après la finale du fingulier; & que par conféquent on doit écrire faints, ponts, defunts, & ainfi leurs femblables.

Toute la difficulté roule donc fur les mots en ant & en ent. Danet, dans fon Dictionaire François, dit que les mots qui finiffent en ans ou ent au fingulier, prenent au pluriel une s au lieu d'un final, & qu'ainfi fentiment fait fentimens au pluriel.

liaut convenir que cette Orthographe eft très ancienne, comme on le voit par une Grammaire Françoife imprimée à Orléans en 1618, & donnée par Charles Maupas Bloifien. Il faut cependant remarquer qu'on trouve dans tous les meilleurs Livres les mots dents, lents, vents, & quelques autres avec un t & unes au pluriel. MM. de l'Académie, dans les premieres Editions de leur Dictionaire, confervoient fer dans plufieurs mots. C'eft fur ce modele que plufieurs Ecrivains & Imprimeurs fe reglent dans l'Orthographe des Ouvrages qui fortent de leurs plumes ou de leurs preffes. On peut cependant leur reprocher aux uns comme aux autres de n'être pas réguliers; car ils admettent le r dans plufieurs mots au pluriel, & le retranchent on quantité d'autres de la même terminaifon irrégularité dans laquelle ils ne tomberoient pas, s'ils faifoient attention à ce que dit l'Auteur de 1 Officina Latinilaris, dans fon petit Traité de l'Orthographe, où il foutient que le plu riel fe fait du fingulier, en y ajoutant une s: ce qui eft très-véritable & conforme aux fentiment de M. Reflaut.

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