Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

en indre, comme, je crains, tu crains, crains: je peins, tu peins peins je joins, tu joins, joins: des Verbes, craindre, peindre, & joindre les verbes, abfoudre diffoudre & refoudre, qui font j'ablous, tn eblous, abfous: je diffous, tu diffous, diffous: je réfous, tu refous, refous. On remarquera que ces Verbes ont un i & non un d à la troisieme perfone du fingulier, il craint, il peint, il joint, il abso it, il diffour, il réfout. Ainfi ce n'eft pas le d qui en eft la lettre caracteristique. & c'est là la véritable raifon qui la fait fupprimer dans ces Verbes.

TROISIEME SECTIO N.

DES ACCENS,

Et autres Signes ufités dans l'Ecriture.

Les Accens dans leur premiere origine, fervoient à marquer l'élévation & labaiffement de la voix mais dans l'ufage préfent de la Langue Françoife, ils fervent principalement à diftinguer le fon plus ouvert des voyeles, & particulièrement les différens fons de l'e: quelquefois auffi ils fervent à diflinguer des particules prifes en différens fens, & néanmoins prononcées de la même maniere, en forte qu'alors l'Accent eft entiérement indépendant du fon. Nous allons traiter de chaque Accent féparement Nous parlerons enfuite de quelquesautres fignes ufités dans l'écriture & dans l'impreffion.

ARTICLE I. De l'Accent Circonflexe.

Le Circonflexe n'étoit point autrefois en ufage: il n'a été admis dans la nouvele Orthographe, que pour marquer les fyllabes longues qui avoient un ou une autre lettre dans l'anciene Orthographe, & quelques autres où cel Accent ne fupplée à aucune lettre fupprimée. Ainfi l'on écrit aujourd'hi avec â, e, i, ô, û, les syllabes que nos Anciens écrivoient par cs, es, is, os, us & dont la prononciation eft longue. En voici des exemples:

[ocr errors]
[blocks in formation]

On écrit encore syftême, extrême, par la feule raifon que les ey font longs: mais il faut oblerver que dans leurs dérivés, & lorfque cet e cefle d'être fuivi d'un e muet, il devient bref, & le Circonflexe fe change en aigu: syflématique, extrémité: mais on dira extrêmement, marce que, quoique le mot foit alongé, l'e muet y eft reflé.

avec

L'Accent circonflexe fert auffi à diftinguer plufieurs mots dont ¡Orthographe eft femblable, & le fens différent. Ainfi on écrit sûr, certus; mur, maturus; dû, debuit vel debitum, & crû, fundus, un circonflexe, pour les diferencier, au moins aux ieux, & empêcher qu'on ne les conforde avec fur, fuper; mur, murus; cru, crevit vel credidit, & du, particule qui dénote le Génitif.

Il est encore bon de mettre cet Accent fur les pénultiemes fyllabes des premieres & fecondes perfones du pluriel des Pretérits, comme dans nous iouâmes, vous jouâtes; nous rendimes, vous rendites; nous reçûmes, vous reçûtes, parce que ccs fyllabes font longues. Ceft le fen timent & l'ufage de l'Académie, comme on peut le voir dans fon Dictionaire, au mot Aoriste.

Mais il eft abfolument inutile de mettre cet accent fur les u à la fin de certains mots, comme dans lu, pu, vu, fu, conçu, fous prétexte que ces & étoient autrefois précedes d'un e, & qu'on écrivoit leu, peu, sea, fçeu, conçeu, parce que l'Accent Circonflexe n'y peut fervir de rien pour la prononciation, ni pour la fignification.

Il et néceffaire de s'en fervir à la troifieme perfone du fingulier de l'Imparfait du fubjonctif, de quelque conjugaifon que foit le Verbe, einfi on doit écrire qu'il aimât, qu'il jouit, qu'il dût, qu'il apprit, qu'il lúr, & leurs femblables.

Il refulte de ces Obfervations que le Circonflexe doit étre employé, 1o, Pour marquer qu'une voyele ou fyllabe eft longue; foit qu'on en ait retranché quelque lettre, foit qu'il n'y ait en aucun retranchement. 2o, Pour diftinguer un mot d'avec un autre femblable par l'exFreffion, dont le fens eft différent.

Hors ces deux cas, l'Accent Circonflexe n'eft qu'une fuperfluité embaraffante qui ne fert qu'à furcharger l'écriture. Il eft fort peu important d'être averti par cet Accent, qu'il y a une lettre de retranchée dans un mot; mais il fera véritablement utile, lorfque fon ufage fera fixé à indiquer une fyllabe longue. Il convient donc de le banir de toutes les fyllabes breves, quelque retranchement de lettres qu'il puifle y avoir. C'eft le plan que l'on fuivra dans ce Dictionaire.

ARTICLE II. De l'Accent Grave.

L'Accent Grave n'a lieu en François que fur ces trois voyeles à, è, ù. Sur l'à prépofition qui fe met devant l'Infinitif, ou qui marque le Datif, comme à Paris, à Pierre, à faire, &c. pour le différencier de l'a verbe auxiliaire, qui défigne un Paffé, comme il a été, il a aimé; & de l'a qui marque le Préfent, comme il y a il a, qui doit toujours étre un a fimple.

[ocr errors]

Le Grave ne doit être placé que fur les fyllabes finales dont le fon eft tres-plein & très-ouvert, & qui font terminées par une s; c'eft le fentiment de Pierre Corneille, de Meffieurs de Port Royal, & du P. Buffier. Ainfi il ne faut pas écrire par ez, comme nos Anciens, mais par ès la

derniere fyllabe des mots fuivans: abfcès, accès, agrès, après, auprès, Cerès, Cyprès, decès, dès, excès, grès, près, proces, fuccès, & leurs femblables.

On met quelquefois l'e grave à la pénultieme, foit pour y exprimer le fon implement ouvert, première, toit pour y exprimer le fon trèsouvert, diocèse. Mais dans le premier cas, il n'eft betoin d'aucun accent, premiere fat; perfone ne s'y trompera: un e pénultieme, fuivi d'une muet, doit toujours fe prononcer. Dans le fecond cas, l'accent qui y convient, eft le circonfoxe: diocèfe Aini l'accent grave, même fur l'e, paroit devoir roller fur la feule derniere fyllabe, comme chez les Latins & chez les Grecs.

Lù Grave n'a lieu & ne doit être admis que dans le feul mot où, advere, lorfqu'il peut fe tourner en Latin par la particule in, ou lorfqu'il défigne quelqu'une des queflions de licu, ubi, undè, quo & quà car lorique le mot ou ett conjonction disjonctive & fignile ou bien, qu'on exprime en Latin par vel ou aut, il faut toujours l'écrire avec un u fimple: c'eli l'ufage général.

ARTICLE III. De l'Accent Aigu.

L'Accent Aigu ne doit être mis en François que fur l'e fermé ou foiblement ouvert, foit au commencement, foit au milieu, foit à la fin des mots comme dans bonté, donné. L'é fermé à la fin des mots, bonté, donné, & quelquefois à la pénultieme, c'ef-à dire, dans les Toms terminés en ge, College, liège, privilége, fiége. Hors ces cas, Té aigu fe prononce foiblement ouvert, comme dans réfifter, réfléchir, & femblables; & il remplace dans bien des mots une fretranchée que Tétymologie y avoit fait conferver, comme dans étude, répondre, rétablir, chrétien, &c. que l'on écrivoit autrefois, etude, refpondre, Teftablir, chretien, &c.

[ocr errors]

l'é doit ordinairement avoir l'Accent Aigu dans la fyllabe re lorfqu'elle commence un mot, comme dans répondre, république, & un grand nombre d'autres. Il y en a plufieurs d'exceptes, tels que rebours, rebroufer, rebuffade, rebut, &c. on peut fe rappeler ce que nous en avons dit en parlant de la lettre E. Il faut feulement obferver que dans ces mots on ne met point d'Aigu fur la fyllabe re, parce que l'e y eft muet.

L'é eft foiblement ouvert dans rélégation, eft muet dans reléguer. On dit remiffion, quoiqu'on dife remettre: rétention, quoiqu'on dife retenir : irreligion & irreligieux, quoiqu'on dife, religion & re.igieux, &c. Communément cela vient de ce que dans les mots plus ufités, l'e devient muet.

Souvent un même mot a des fignifications toutes différentes, en y prononçant la fyllabe re avec l'e muct on avec l'é foiblement ouvert. Repartir avec le foiblement ouvert, fignifie diftribuer ; & repartir avec le muet, fignitie répondre, ou partir une feconde fois. Répondre, fignifie, faire une réponse, & répondre, ignite pendre une feconde fois.

Quand

Quant aux noms terminés en iere, comme lumiere, premiere, & tous les autres qui ont un e muet à la derniere fylabe, & un autre e à la penultieme, les uns mettent un accent aigu é fur la pénultieme fyllabe, les autres y mettent un accent grave è; plureurs ny veulent aucun accent. La prononciation de cet e tient le milieu entre celle de lé fermé & de l'é très ouvert; de forte que nous n'avons point d'accent qui puiffe indiquer le fon de cet e. Quoiqu il paroiffe approcher un peu plus de l'e fermé que de l'ê très-ouvert, cependant on peut dire qu'il n'a befoin d'aucun accent, parce que fa prononciation ett futhfament déterminée par fa pofition, le pénuhieme ne pouvant jamais être muet devant une derniere fyllabe muerte. il faut fenlement obferver que fi l'on eft obligé de divifer un mot fur cet e penultieme, il faut y mettre un accent aigu pour le faire prononcer: Ils arrivé-rent, ils pénétré-rent.

L'accent aigu fe place encore fort bien furla fyllabe pré, quand elle eft initiale dans un mot françois dérivé d'un latin qui commence par la prépofition præ; car alors l'e eft foiblement ouvert, comme dans ceux-ci, précédent, prerogative, prétexte, prébende, précaution, pecepte, precipice, precis, prédelliné, prédicateur, preface, préfet, & plusieurs autres femblables.

Enfin l'é aigu eft encore admis & fe prononce fermé, au commencement, au milieu & à la fin de tous les mots où il fe trouve faivi d'une voyele, quelle qu'elle foit, pourvu qu'il ny forme pas une diphthongue. En voici des exemples approuvés par nos modernes : Createur, néanmoins, préambule, il agréa, recl, fuppleer, cree, ceite, obeiffanee, obei, théorie, préoccupé, théologie, réunion, réufir, & pluheurs autres femblables.

Enfin, pour placer à propos l'accent aigu, il faut connoître l'é fermé ou foiblement ouvert, par-tout où il fe rencontre ; & l'oreille ne peut sy accoutumer qu'à force d'entendre parler des perfones dont la prononciation eft fans défaut.

Pour éviter la prononciation choquante de deux e muets qui fe rencontreroient de fuite, le muet des premieres perfones des verbes devient fermé & prend l'accent aigu, quand ces perfones font fuivies da pronom perionel je, avec lequel elles ne font qu'un mot: aimé je parlé-je?

ARTICLE IV. Du Tréma, ou double point place fur les voyeles.

Il n'y a en françois que trois voyeles qui portent des points en tête, favoir, e, i, u, dont l'ufage ett de montrer quelles ne forment pas une diphthongue avec la voyele qui les précede, & que par conféquent on doit les prononcer léparément, comine on va le voir. Le tréma ne fe rencontre qu'après l'a, l'o & l'u.

Après l'a, comme en ces mots Aerius, Aetius, aeré & femblables, où Te trema fert pour éviter qu'on ne prononce Erius, Etius, ré, Soca

Après l'o, dans aloës, poële, Noël, pour empêcher qu'on ne prononce l'o & l'e comme la dipthongue a, qui fe trouve en ces mots, œcuménique, adémateux, afophage, &c. quoique plufieurs bons Ecrivains n'admettent pas même l'e tréma dans ces circonftances, parce que nous n'avons point de mots où l'a fe prononce en diphthongue, car dans ceux que nous venons de citer, il tient lieu d'une fimple. D'ailleurs, toutes les fois que des deux voyeles qu'il faut prononcer féparément, l'une eft un é fermé ou foiblement ouvert, l'accent aigu qu'il porte eft fuffifant pour empêcher qu'il ne foit confondu dans la prononciation avec la fyllabe qui le précede ou qui le fuit. Ainfi dans aéré, aérien, poéfie, l'accent aigu fur le produit le même effet que les deux points. Mais fi cet e fait la pénultieme fyllabe d'un mot qui a un e muet à la derniere, comme il n'eft pas fufceptible de l'accent aigu, on peut y mettre les deux points, comme dans Noël, poele. Par la même raison les deux points font inutiles dans alcès, parce que l's s'y prononce fortement, & que l'e doit avoir un accent grave.

Et enfin après l'u, dans aiguë, ambiguë, cigue, &c. pour faire connoître qu'on doit prononcer ces mots autrement que ceux-ci, fatigue, langue & femblables.

A l'égard des mots rue, connue, menue, & tous les autres qui finissent par ue, précédés d'une autre confone que le g, il ne faut point de tréma, parce qu'on ne peut confondre la terminaifon de ces mots

avec aucune autre.

L'i tréma fe place après l'a, l'o & l'u.

Après l'a dans hair, Adélaïde, Danaïde, Thébaïde & femblables, pour empêcher qu'on ne prononce l'a & l'i comme dans les mots air, chair, chaîne, d'où ils forment la diphthongue ai. Par la même raifon, il faut écrire aïeul, faïence, caïer, ou cahier, glaïeul, païen, camaieu, gaiac, jaïet, judaique, judaïfer, judaïfme, laic, naïf, naïveté, Nicolaites, profaïque, fpondaïque & autres femblables.

L'i étant après un é fermé, & devant faire fa fyllabe féparée, les deux points y font abfolument inutiles, & l'accent aigu fuffit fur l'e, pour diftinguer la prononciation de l'e & de l'i. Ainfi il faut fimplement écrire Enéide, obéir, déité, réimpofition, réimpreffion, réimprimer, reinfecter, réintégrer, réintégrande, reiteration, réitérer, fideicommis, Néréide, plebeien, Pleiades & femblables, pour marquer que l'e & l'i n'y forment pas la diphthongue ei, comme dans ceux-ci, frein, deffein, plein, pleine, &c.

Li trema fe met après l'o dans Stoicien, foïque, foïquement, héroïque, fimois & femblables, parce que l'o & l'i n'y forment pas lą diphthongue oi, comme en ceux-ci, oiseau, moitié, emploi, &c.

Enfin il y en a qui placent l'i tréma après l'u en ces mots, Louife, bruit, nous concluïons, Druïde, jouiffance, ébloui, oui, auditus, & femblables, pour faire connoître que ces trois voyeleso, u & i, ne forment pas dans ces mots la diphthongue oui, ni ui, comme en ceux-ci, oui, ita, (qui quelquefois eft de deux fyllabes chez les Poûtes, auquel cas

« PrécédentContinuer »