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il faudroit écrire oui) patrouille, rouille, bouillon, grenouille, ruiffeau, &c.

On pouroit cependant encore fe pafer de l'i tréma après u & ou, dont le fon ne change pas, foit qu'ils forment une ou deux fyllabes avec l'i. C'est l'ufage qui aprend quand ui & oui doivent être d'une ou de deux fyllabes. Ils font prefque toujours d'une feule dans la converfation, & l'on ne doit faire fentir la diftinction des deux fyllabes que dans le difcours foutenu & dans la poetie. Ainfi dès que le fon n'en est pas différent dans ces deux manières de prononcer, y inutile.

l'ï trema

Il n'y a pas plus de raifon de mettre les deux points fur li des diphthongues ui & oui, qu'il n'y en auroit de les mettre fur l'une des trois voyeles ia, ie, io, &c. qui fe prononcent tantôt en une & tantôt en deux fyllabes. Cependant on ne les diftingue jamais par les deux points quand elles forment deux fyllabes: il en doit être de même à l'égard des voyeles ui & oui.

Lu trema fe place après les voyeles a & o.

Après l'a, dans les mots Archelaus, Emmaüs, Esau, saŭl, & femblables, pour marquer qu'elle n'y eft pas diphthongue, comme en ceux ci, Laudes, simon, Paul, &c.

Après l'o, en ces mots, Pirithous, Bagoüs, & femblables, pour faire voir que la derniere fyllabes de ces mots ne fone pas comme la diphthongue ou, qui fe trouve en ceux-ci, tout, goût, jour, &c. dont la prononciation et bien différente. Pour en avoir une preuve inconteflable, il ne faut que comparer ces deux noms Saul, roi des Ifraelites, & Saul, apôtre. L'Orthographe de ces deux mots eft femblable, ce font les mêmes lettres: cependant la prononciation en est bien differente, car le premier eft de deux fyllabes qu'on prononce feparement, Saul; au contraire, le fecond n'eft que d'une, puifqu'on prononce Saul comme Paul: ainfi il faut avouer qu'il n'y a que le tréma ou les deux points qui fe trouvent fur l'u qui en font la différence : doù il faut conclure qu'il ne doit être employé que dans ces fortes d'occafions; c'eft-à-dire, pour diftinguer d'une diphthongue les voyeles qui n'en forment pas, & qui doivent être prononcées féparément.

Par les mêmes raifons qui vienent d'être expliquées à l'égard de l'e fermé ou foiblement ouvert après o & a, & avant i, il n'eft pas néceffaire de mettre deux points fur l'u quand il eft après un é fermé, pour empêcher qu'on ne prononce ces deux voyeles comme la diphthongue eu, l'acent aigu fur l'é fuffira pour les faire prononcer féparement avec le fon qui lui eft propre. Ainfi on écrira reunion, réussir &c. & non reunion, reusfir, &c.

On a fouvent confondu l'i tréma avec l'y : delà vient qu'on le trouve dans ces mots, roïaume, nétoïer, alant, & cent autres où il ne doit pas avoir d'entrée, l'y ayant droit d'y étre placé par préférence, comme nous l'avons montré en parlant de l'Y.

On écrivoit auffi autrefois avec un u tréma les mots louer, jouer,

Louis, bouillon, grenoüille, jouir, & plufieurs autres femblables, & cela. difoit-on, pour empêcher qu'on ne prononçat lover, jover, Lovis, bovillon, grenoville, jovir, & ainfi des autres. Mais aujourd'hui où la figure de lu voyele & de l'v confone eft auff différente à la vue, que le fon l'eft à l'oreille, il n'y a que les gens qui ne favent pas lire, qui puiffent s'y méprendre.

ARTICLE V. De l'Apoftrophe.

L'Apostrophe a été inventée pour marquer l'élifion ou fuppreffion d'une voyele finale, & aider à la prononciation. Elle doit fe mettre à la place de l'e dans ces monofyllabes, je, te, fe, la, le, de, ce, me, que, ne, lorfque la finale eft mangée par le mot fuivant, qui commence par une voyele, comme en ces exemples: J'aime, il t'aime, il s'aime, l'ambition, l'honeur, c'est, d'avoir, il m'aime, il n'a, qu'il, & femblables, pour faire voir qu'on ne doit pas prononcer il je aime, la ambition, le honeur, il ne a, & ainfi des autres.

Elle fe met encore après ces mots entre & jufque, lorsqu'ils font fuivis de ceux-ci, autres, eux, elles, à, aux, ici. Exemples: entr'eux, entr'elles, entr'autres, jufqu'à, jufqu'aux, jufqu'ici, & femblables, pour marquer que la finale du premier mot et mangée par le fuivant. Lufage vent auffi qu'on la mette dans les mots, aujourd'hui, cejourd'hui, d hui en un an, d'abord.

On s'en fert encore quelquefois pour fupprimer l'e final du mot grande, quand il eft joint à ceux-ci, grand meffe, grand' peur, grand'chambre, grand felle, grand'chere, grand pitié, grand'chofe, mais cette regle n'eft générale & toujours ufitée que dans le mot grand mere.

Erfin, quand la particule fi fe rencontre devant les pronoms il & ils, l'ufage général veut qu'on faffe une élifion, & qu'on écrive s'il, s'ils, avec une apoftrophe.

C'eft abufivement que l'on a quelquefois fupprimé l'e du mot quelque, pour y niettre une apoftrophe: quelqu'afaire, quelqu'événement. C'eft unir mal à propos deux mots qui doivent être féparés. Si on fupprimoit l'e dans ce mot, bientôt il faudroit le fupprimer dans tout autre, partout où il feroit fuivi d'une voyele, & prefque tous les mots fe trouveroient confendus les uns avec les autres. Mais non; il faut laiffer cet e au mot quelque comme à tous les autres, quoiqu'il y fouffre élifion dans la prononciation.

ARTICLE VI. De la Divifion.

Le figne qu'on appele Divifion, parce qu'il fert à divifer les mots à la fin des lignes, pouroit aut être appelé Trait-d'union, parce qu'il fert à joindre & unir enfemble deux ou trois mots qui, pour ainfi dire, n'en forment qu'un, comme on peut le voir dans ceux-ci : avant coureur, avant-garde, arriere-ban, franc-fief, porte-manteuu, c'eft-à-dire, vis

sis, & quantité d'autres, qu'on trouvera diftribués felon l'ordre alphabétique dans ce traité.

Mais le principal ufage de la divifion eft, comme nous l'avons dit, de divifer ou couper les mots qui ne pouvant être mis entiers dans ure ligne où il en entre une partie, font achevés au commencement de la fuivante, ce qu'on doit abfolument éviter dans les Titres, & autant qu'il eft poffible dans les placards, les in-folio, & même dans les in 4, où elle ne doit être admife que très rarement. Dans les in-8°, in-12 & in-16, elle eft plus fupportable: cependant on doit encore l'éviter, du mois dans les premieres Pages, dans les Epîtres dédicatoires & dans les titres des Chapitres, Articles & Paragraphes; mais elle ett fi frequente que dans les petits Livres, tels font les in-12 à deux colonnes, les in-18, les in 24, les in-32 & les autres encore plus petits, aut bien que dans les additions ou notes marginales, qu'on ne peut prefque plus l'y éviter.

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Loriqu'on ne peut fe difpenfer de l'employer, voici les regles qu'il convient de fuivie dans la maniere de l'appliquer.

La Divifion ne doit être placée qu'entre deux fyllabes; & il faut que celle qui la précede foit au moins de deux lettres, comme an née ; car ce figne auroit très mauvaise grace après une feule voyele, comme en ces mots, a-vec, a-vcir, é-vénement, o-bligation, i-vrogne, & femblables, à moins qu'il n'y eût devant cette premiere fyllabes une élifon, comme d', l', n', ce qui rend la Divifion tolérable, quand d'ailleurs on eft gêné. Exemples: d'a-mour, l'é-vénement, n'a-voit, &c. Ainfi, au lieu de mettre à la fin d'une ligne a- & au commencement de la fuivante vec, il faut mettre le mot entier dans la ligne fuivante.

On ne doit jamais placer la Divifion au milieu d'une diphthongue, ni au milieu de plufieurs voyeles qui peuvent former une ou deux diphthongues. Voici des exemples de ce défaut : ca ur, a-yant, roy-aume, e-cût, recu-eillir, exempti-on, & plufieurs autres femblables qu'il faut bfolument éviter.

a Divifion a encore lieu entre les Verbes & leurs Nominatifs, quants font tranfpofés; ce qui arrive quand il y a une interrogation apres ces mots, je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles & on. Exemples: dis-je, vois-tu, croit-il, eft-elle, allons-nous, irez-vous, y feront-ils, vien

t-elles, croit-on, &c. Mais quand les Verbes fe terminent par un e muc. u par un a, on ajoute un en faveur de la prononciation, lorfque es Verbes font fuivis des pronoms il, elle & on ; & ce t fe met entre deux Divifions. Exemples: penfe-t-il, parle-t-elle, dira-t-on. Autrefois on Lettoit une Apoftrophe après le r au lieu de la Divifion; mais ce n'eft plus l'ufage, parce qu'en effet il n'y a aucune élifion; au contraire, cet eft inféré là précifément pour empêcher qu'il n'y ait clition.

La Divifion fe place encore fort bien après les pronoms moi, toi, soi, lui, elle, nous, vous, eux, elles, lorfqu'ils font fuivis du mot meme relatif. Exemples, moi-même, toi-même, foi-même, lui-même,

elle-même, nous mêmes, vous-mêmes, eux-mêmes, elles-mêmes. La raifon de cela eft que les deux mots ainfi unis, font confidérés comme ne formant qu'un feul mot. Mais c'eft un abus que d'écrire avec une Divilion en même-temps: cette expreffion eft compofée de trois mots qui doivent demeurer féparés: en même temps.

On admet la Divifion entre le mot très & l'adjectif qui le fuit immédiatement. Exemples, Très-beau, très-humble, &c. & enfin après ce mot jufque, & plufieurs autres lorfqu'ils font faivis de la particule demontirative là. Exemples, jufque-là, celui-là, celle-là, &c. Ce font toutes expreffions où les deux mots unis font confidérés comme n'étant qu'un feul mot.

Les confones qui peuvent fe joindre enfenible au commencement d'un mot, doivent aulli fe joindre dans le milicu fans les féparer. C'est le fentiment de MM. de Port-Royal ; & Ramus prétend que de faire autrement c'eft commettre un barbarifme. Suivant cette regle, on doit divifer, Do-deur, épile-pfie, Pa-fleur, pro-fpérer, &c. parce qu'il y a des mots qui commencent par les mêmes confones divitées, tels que Crefiphon, Pfittacus, fto, fpes, &c.

Il faut ici rappeler ce que nous avons déjà dit, que lorfqu'on divife fur une pénultieme qui n'ayant point d'accent, doit néanmoins fe prononcer, il faut lui donner l'accent aigu, afin qu'on le prononce : ils aimé-rent; ils murmuré-rent; ils tombé-rent.

Il ne rette plus à faire fur la Divifion, qu'une feule obfervation qui ne regarde que l'abus de divifer quelquefois deux lettres d'un mot qui finit une ligne, pour les porter au commencement d'une autre. Exemp. Téméri-té, cel-le, & femblables, ce qu'on doit éviter par deux raifons: la premiere, parce que la Division n'eft point agréable aux ieux des Lecteurs; vérité dont étoit fi perfuadé M. de Tillemont, qu'il ne la foufroit dans fes Cuvres que très-rarement: la feconde raifon eft que la Divifion tient la place d'une lettre, & qu'il faut que la ligne foit bien ferrée, s'il n'y a pas de place pour l'autre, auquel cas il vaut mieux efpacer les mots, & porter deux fyllabes au commencement de la ligne fuivante, comme témérité, ou même le mot tout en sil eft court, comme celle.

ARTICLE VII. De la Ponctuation.

L'Écriture étant l'image de la parole, elle doit avoir fes pauf, comme le difcours : c'est par ce motif que la poncluation a été inventée. Le point eft la marque de la plus forte paufe: auffi ne l'emploie-t-on que pour marquer que le fens d'une période eft parfait & fini. Les deuxpoints, que les Imprimeurs nomment comma, fe place au milieu de ce ménie période entre deux prépofitions qui fe fuivent néceffairement. Le point-&-virgule, qu'on no nine perit-qué, fe mettent quand il y a encore une plus grande liaifon entre deux propofitions: enfin, la virgule s'emploie entre des termes qui font par eux-mêmes diflincis,

mais qui font unis par la conftruction. Le petit-qué eft ainfi nommé, parce qu'autrefois il fervoit à abréger en Latin le mot que, au lieu duquel on écrivoit q; Le comma tire fon nom du Latin comma, qui fgnifie divifion d'une période. Remarquez que les conjonctions &, ni, ou, comme, & quelques-autres, tienent lieu de la virgule, quand les termes qu'elles affemblent font fimples & courts.

On peut ici obferver que quand la conjonction & unit deux nominatifs ou deux régimes, elle n'a pas befoin de virgule: Les Grecs & les Romains ent cultivé les Sciences & les Arts: mais lorsqu'elle joint deux phrafes, elle admet la virgule: Les Grecs ont fubjugué les Perfes, & les Romains ont fubjugué les Grecs. Si entre deux phrafes fe trouve une conjonction plus forte; c'eft-à-dire, car, mais, parce que, on emploie le pointvirgule: Il y aura de l'orage; car' le temps fe couvre. Mais fi entre deux petites phrafes il n'y a aucune conjonction; ceft alors la place des deux points. Le temps fe couvre il y aura de l'orage. Au refle, il eft difficile de déterminer des regles fixes fur l'ufage de ces ponctuations: Elles varient felon la fuite & l'enchaînement du difcours. Il tuffit d'obferver que le point-virgule eft plus fort que la fimple virgule. & vaut moins que le double point, & on doit avoir grande attention à ne point placer une ponctuation forte avant une autre foible. C'eft pourquoi il y a des cas où la ponctuation forte du double point doit fe changer en fimple virgule, relativement au fens de la phrafe qui demeure fufpendu. Ainfi on écrira: Le peuple crioit devant Jefus: Hofanna au fils de David. Voilà le double point précédant un point. Mais fi je dis Le même peuple qui crioit devant Jefus, Hofanna au Fils de David; quelques jours après cria, Qu'il foit crucifié: Ici je ne puis plus mettre un double point avant Hofanna, parce qu'il feroit fuivi d'un point-virgule: je fuis donc obligé de mettre avant Hofanna, une fimple virgule, & pour conferver le parallele, je mettrai de même une fimple virgule avant ces mots: Qu'il foit crucifié. En un mot c'est le fens du difcours, qui doit déterminer la nature des ponctuations.

Outre le point fimple, le double point, & le point virgule, dont nous venons de parler, on diftingue encore le point - interrogant? & le point-admiratif !

Le point-interrogant? fe place à la fin d'une période dans laquelle il y a une interrogation, pourvu cependant que cette période ne foit pas trop longue; car alors on peut la terminer avec un point fimple.

Le point-admiratif! fe place après une exclamation. Mais comme il arive fouvent que cette exclamation eft fuivie d'une interrogation, le point admiratif doit être mis immédiatement après l'exclamation, & le point-interrogant à la fin de la période. En voici un exemple: Hélas! qui l'auroit penfé!

Il faut encore obferver qu'on ne doit point mettre de Capitale après le point-admirarif ni après le point-interrogant, à moins qu'ils ne 1erminent une phrafe.

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