DE L'ESPRIT QUI DOIT ANIMER NOS ŒUVRES DE ZÈLE ET DE CHARITÉ. 1. Prél. Représentez-vous l'apôtre disant ces paroles : C'est l'esprit qui donne la vie, - la valeur aux bonnes œuvres. II. Prél. Demandez cet esprit vivifiant, c'est-à-dire : I. POINT. L'ESPRIT DE DÉSINTÉRESSEMENT. CONSIDÉRATIONS. Les hommes, dont nous nous efforçons de soulager les misères et les souffrances veulent qu'en nous employant pour eux nous agissions par des motifs surnaturels, que nous ayons surtout en vue leur bien spirituel. Il suffit qu'ils nous croient guidés par des pensées de vaine gloire, d'ambition ou d'intérêt privé pour qu'ils nous refusent leur confiance et n'écoutent pas nos avis. Que serait-ce si nos paroles ou notre conduite autorisaient ces soupçons? APPLICATIONS. Mettez à profit ces remarques fondées en raison; demandez-vous à vous-même dans quelles vues vous êtes associé aux personnes qui se dévouent aux bonnes œuvres ou, si vous y prenez part individuellement, quel est l'esprit qui vous dirige? Si c'est l'esprit de Dieu ou l'esprit du monde, le désir d'une vaine popularité, la recherche des applaudissements des hommes, etc. Cet examen mérite d'autant plus d'être fait sérieusement que les surprises de l'amour-propre sont plus à craindre en matière de bonnes œuvres faites sous les yeux du public. AFFECTIONS. Demandez la gràce de pouvoir dire en toute vérité: Je ne cherche que Dieu et mon avancement spirituel dans le concours que je prête aux bonnes œuvres RÉSOLUTIONS. Purifier souvent l'intention dans l'exercice de la charité et du zèle. CONSIDÉRATIONS. Pour travailler utilement au bien de notre prochain il faut que nous joignions au désintéressement l'esprit d'abnégation de nous-mêmes, de nos goûts, de nos préférences. C'est cet esprit qui doit distinguer toutes les associations formées entre personnes zélées pour le bien. Tout le monde n'est pas également propre à tout; il faut donc que chacun soit disposé à accepter le rôle ou la part d'action à laquelle il est jugé le plus apte. S'il l'accepte en esprit de foi, il peut croire qu'il fait ce qui est agréable à Dieu, qu'il sera puissamment secouru et richement récompensé de Dieu. APPLICATIONS. Réveillez, retrempez en vous l'esprit de foi et d'abnégation; tâchez de vous perdre de vue, pour ne voir que Dieu, et soyez persuadé qu'il vous amenera par le concours des circonstances à faire le bien qu'il veut que vous fassiez; désirez de connaître sa volonté et ne craignez rien tant que d'agir par caprice ou par des motifs d'amour-propre. AFFECTIONS. Demandez les dispositions d'une entière et sainte abnégation de vous-même dans tout ce qui est du service de Dieu. RÉSOLUTIONS. Dans les motifs qu'on fait valoir pour s'employer à telle œuvre de charité ou de zèle plutôt qu'à telle autre, agir avec droiture et simplicité. CONSIDÉRATIONS. Si tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ, comme dit l'Apôtre, doivent s'attendre à être persécutés (Aux Cor. 3), contrariés, éprouvés de mille manières, à combien plus forte raison ne doivent pas s'y attendre ceux qui s'opposent aux progrès de l'impiété, qui s'efforcent de retirer du désordre les malheureux, les malheureuses que la passion y a entraînés? Il faut donc qu'ils se préparent à ne recevoir en retour des peines qu'ils se donnent, des sacrifices qu'ils font, qu'oublis, que reproches, que calomnies! APPLICATIONS. Que rien de tout cela ne soit capable de vous rebuter, de lasser votre patience, de vous faire regretter d'être devenu membre des conférences de saint. Vincent de Paul ou d'une de ces nombreuses associations de personnes pieuses et zélées dont l'Église est justement fière redoublez plutôt de courage en pensant à ces paroles de Jésus Lorsque les hommes diront faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi, réjouissez-vous parce que votre récompense est (sera) grande dans le ciel (s. Matt. 5). : : COLLOQUE. Avec saint Laurent en qui l'on voit briller d'un si vif éclat l'esprit de désintéressement, d'abnégation, de patience et de constance dans le cruel martyre qu'il subit (l'an 285). On célèbre aujourd'hui sa fête dans l'univers entier. SUITE DU SUJET PRÉCÉDENT. 1. Prél. Je croirai entendre saint Paul disant ces paroles: La lettre tue et l'esprit vivifie (2. Aux Cor. 3). II. Prél. Je demanderai cet esprit qui doit donner la vie à toutes mes bonnes œuvres, à savoir : I. POINT.-L'ESPRIT DE PURETÉ ET DE SAINTETÉ. CONSIDÉRATIONS. Le but de cette méditation, comme celui de la précédente, est de nous convaincre intimement que plus nous excellerons dans l'esprit de Jésus-Christ, plus nous rendrons nos œuvres de zèle, de charité, fructueuses et méritoires, parce que c'est le même esprit qui doit leur donner de l'efficacité. Cette pensée nous stimulera pour atteindre le but que nous nous proposons. L'esprit de pureté est éminemment l'esprit de JésusChrist: c'est donc en nous abstenant du péché, en demeu rant toujours étroitement unis à Dieu par la grâce sanctifiante que nous devons intéresser Dieu à toutes nos bonnes œuvres; que nous pouvons espérer de les voir pleinement. réussir, produire des fruits abondants et durables. Le Sauveur nous en donne l'assurance: Celui qui demeure en moi par la charité -- et en qui je demeure, produira beaucoup de fruit (s. Jean. 15). D'autre part, l'Apôtre s'écrie: Si je n'ai pas la charité, je suis comme un airain retentissant, c'est-à-dire j'élèverai la voix, je ferai du bruit dans le monde, mais je ne convertirai personne (1. Aux Cor. 13). APPLICATIONS. Si donc vous voulez que votre zèle soit béni de Dieu, vous devez non-seulement vous conserver dans l'état de grâce, mais aspirer à une grande pureté de conscience, à la sainteté. Quels efforts faites-vous dans ce but? Quelle est votre horreur pour les moindres fautes? Quels moyens prenez-vous pour les éviter? Avec quel empressement vous en purifiez-vous dans le sacrement de pénitence? AFFECTIONS. Ardents désirs de croître en pureté de conscience. RESOLUTIONS. Mettre en pratique avec une nouvelle vigueur les moyens de réaliser ces désirs. 11. POINT.-L'ESPRIT DE CHARITÉ ET DE DOUCEUR CONSIDÉRATIONS. Une charité tendre et compatissante jointe à une douceur inaltérable, fruit de l'humilité, tel est l'esprit de notre divin Maître et modèle: Ma volonté dit-il est que vous vous aimiez les uns les autres, comme moi je vous ai aimés (s. Jean, 13). Puis: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. Voilà aussi l'espritqui doit distinguer ceux qui font profession de marcher de plus près sur les traces de Jésus; et d'une manière toute spéciale, ceux qui prétendent le suivre dans la carrière du zèle. Il veut que notre charité soit absolument étrangère à tout esprit de rancune ou de vengeance; Il veut que notre douceur soit sans fiel, comme celle de la brebis et de la colombe: Priez, dit-il, pour ceux qui vous haïssent et vous calomnient... Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups... Soyez simples comme la colombe (s. Matt. 5 et 10). C'est en suivant ces préceptes du Sauveur, confirmés par ses admirables exemples. |