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sualité est non-seulement un penchant inné et violent pour tout ce qui flatte les sens, mais en outre une aversion instinctive de tout ce qui nous coûte et nous gêne; de tout ce qui exige de la contrainte. De là beaucoup d'infidélités aux lois de Dieu ou de l'Église jointes au scandale qui en résulte fréquemment; de là tant de négligences à remplir les devoirs de notre état, de la charge qui nous est imposée; tant d'imperfections dans nos exercices spirituels, et tant d'imperfections dans toutes nos actions; de là enfin la tiédeur !

APPLICATIONS. La démonstration de ces tristes vérités ne demande pas de grands efforts d'esprit; nous la trouvons au dedans de nous-mêmes. Appelez-en au témoignage de votre conscience: elle vous dira que vous vous acquittez de telle partie de vos obligations et que vous négligez telle autre parce que l'une ne vous gêne pas et que l'autre contrarie vos goûts, votre caractère, vos habitudes; que vous avez abandonné, perdu de vue les résolutions de votre dernière retraite ou confession, quoique si bien motivées, parce qu'elles gênaient votre liberté, vous coûtaient trop d'efforts; que vous êtes si souvent infidèle à faire vos prières, à vous lever à l'heure convenue, à suivre le règlement de vie que vous vous étiez prescrit, parce que vous deviez vous faire violence... Ces aveux sont humiliants; mais qu'ils ne vous découragent point. Prenez-en au contraire occasion de ranimer votre ardeur, de vous renouveler dans l'esprit de mortification et d'abnégation, soutenant votre courage par la pensée que plus le combat aura été acharné, plus la victoire sera glorieuse, et plus grands seront les avantages qui doivent vous en revenir.

COLLOQUE. Avec l'admirable sainte Térèse, qui porta si loin l'esprit de mortification. C'est aujourd'hui la veille de sa fête.

FÊTE DE SAINTE TÉRÈSE

FONDATRICE DE L'ORDRE DU CARMEL RÉFORMÉ (1).

I. Prél. Figurez-vous entendre la Sainte qui s'écrie: Ou souffrir ou mourir !

II. Prél. Demandez qu'elle vous obtienne un grand amour de Jésus.

-

LUTTES DE SAINTE TÉRÈSE.

I. POINT. CONSIDÉRATIONS. Dans la vie de cette admirable sainte, écrite par elle-même, il est un aveu digne de fixer avant tout nos considérations, c'est que les vingt premières années de sa profession religieuse dans le couvent des Carmélites d'Avila, se passèrent dans une lutte continuelle contre les attraits de la grâce qui la pressait de renoncer aux conversations trop fréquentes, trop intimes avec certaines personnes du dehors. Dieu, dit-elle, m'appelait d'un côté, et le monde m'entraînait de l'autre. Mon âme était continuellement troublée. Je passai vingt années dans cette lutte! Mes chutes étaient lourdes, et je ne me relevais que faiblement ! Je ne goûtais ni la joie qu'il y a à servir Dieu fidèlement, ni les plaisirs qu'on trouve dans le monde.

APPLICATIONS. D'utiles enseignements et de grands encouragements nous sont donnés dans cet aveu; nous y

(1) Née à Avila en Espagne, 1515. Morte, 1582. Béatifieé, 1614. mière maison de la réforme, 1562.

- Entrée en religion, 1536. Canonisée, 1622. - Pre

que

voyons: 1o qu'une seule affection tant soit peu déréglée est un obstacle à la paix de l'âme, au progrès spirituel et à l'intime union avec Dieu; 20 les Saints n'étaient pas d'une nature différente de la nôtre, ni toujours exempts de faiblesses et de défauts; 3° que quelques-uns sont restés un temps notable dans un état d'infériorité relative et de langueur spirituelle, avant de prendre enfin leur élan et d'atteindre à une haute perfection; 4o que nous aurions donc tort de désespérer jamais de nous-mêmes ou de la grâce.

AFFECTIONS. Remerciez Dieu de la patience dont il a usé à votre égard.

RÉSOLUTIONS. Je ne veux plus différer de faire à Dieu le sacrifice qu'il demande de moi depuis longtemps.

II. POINT. - VICTOIRES DE SAINTE TÉRÈSE.

CONSIDÉRATIONS. Un jour, dit la Sainte, que, sur l'ordre de mon confesseur je demandais instamment à Dieu qu'il me fit connaître sa volonté, j'eus un ravissement, et j'entendis distinctement ces paroles: Je veux que désor– mais vous ne conversiez qu'avec les anges. Ce fut pour Térèse l'éclair de la grâce. Elle renonça pour toujours à ses anciennes liaisons, et ne respira plus que croix et travaux à endurer pour l'amour de Jésus. Dès ce moment ses progrès dans la perfection furent immenses, et Dieu la combla des plus insignes faveurs. Elle devint la merveille de son siècle, et la vénération dont son nom et ses admirables écrits furent entourés dès lors, subsiste encore aujourd'hui. D'autre part, la Sainte obtint ce qu'elle ne cessait de demander par ce soupir amoureux : Ou souffrir

pour vous, ô mon Dieu, ou mourir toujours souffrante de corps, elle fut en outre longtemps en butte aux persécutions du dehors on la traita d'extravagante, d'hypocrite et de visionnaire, même de possédée et d'hérétique. Tant de souffrances ne furent égalées que par sa profonde humilité et son inaltérable patience.

APPLICATIONS. A l'exemple de sainte Térèse, sachez faire des sacrifices; acceptez volontiers les croix qu'il plaît å Dieu de vous envoyer, et vous aurez infailliblement une large part aux dons de sa libéralité.

AFFECTIONS. Demandez à la sainte de vous obtenir un cœur généreux.

RÉSOLUTIONS. Joindre vos efforts à sa puissante inter

cession.

III. POINT. RÉFORME DU CARMEL OPÉRÉE PAR SAINTE TÉRÈSE.

CONSIDÉRATIONS. L'ordre illustre et si ancien du Carmel avait, par suite de sa translation en Occident (1229) et des malheurs du temps, beaucoup perdu de l'esprit de sa première institution. Dieu inspira à sainte Térèse la pensée de le ressusciter; et une des grandes merveilles de sa vie, c'est qu'elle vint à bout de faire accepter une réforme très-austère, non-seulement par les personnes de son sexe mais même par les hommes, qui la reconnaissent aussi pour leur Mére!

Cependant, que d'obstacles suscités de toute part! Que de peines, que de travaux, que de déboires, pendant les vingt dernières années de sa vie consacrées à cette œuvre difficile! Mais sa grande âme et sa confiance en Dieu, jointe à une admirable dextérité dans le maniement des

affaires, vinrent à bout de tout. Elle eut la consolation, avant de passer au ciel, de voir la réforme solidement établie dans dix-sept couvents de filles et dans quinze monastères d'hommes, qu'elle avait tous fondés ellemême. Le nombre s'en accrut immensément après sa mort; et aujourd'hui nous voyons l'ordre du Carmel florissant, produisant des saintes et des hommes distingués par leur vertu, leurs talents et leurs succès dans le saint ministère.

APPLICATIONS. Bénissons Dieu de tout le bien qu'il a fait à sainte Térèse, et par elle à tant d'autres; félicitons cette femme extraordinaire, et excitons en nous le désir de faire à notre tour quelque chose de grand pour Dieu, ou du moins raffermissons-nous dans la résolution de travailler sérieusement à notre propre sanctification. COLLOQUE. Avec la Sainte.

SUITE DE LA MÉDITATION PRÉCÉDENTE.

AVIS SPIRITUELS DE SAINTE TÈRÈSE.

1. Prél. Se représenter sainte Térèse écrivant ses Avis spirituels. II. Prél. Demander la grâce de faire de ces avis la règle de notre conduite.

1. POINT. -AVIS POUR NOUS RÉGLER DANS NOS PAROLES.

CONSIDÉRATIONS. Parmi les nombreux écrits de sainte Térèse, non moins admirables et tout aussi édifiants que sa vie elle-même, nous trouvons des avis très-sages concernant la perfection, qu'elle laissa comme un gage de son amour aux Enfants du Carmel. Faisons-en notre

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