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OBSERVATIONS DE L'ÉDITEUR.

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4 La caution n'est pas bourgeoise, façon de parler empruntée de la science du droit. Elle veut dire que la caution n'est ni valable ni sûre. Avec l'idée qu'on a du véritable esprit de Molière, on ne pensera pas qu'il ait voulu jouer sur le mot de caution bourgeoise, en parlant à un marquis.

5 La différence d'un demi-louis d'or et de la pièce de quinze sous. Le louis d'or ou lis d'or étoit de 7 liv., le marc d'or à 423 liv. 10 s. 11 den. à 23 karats de titre. Les premières places d'un demi-louis étoient donc de 3 liv.

10 sous.

SCÈNE VII.

6 Pour moi, je ne parle pas de ces choses par la part que j'y puisse avoir; il seroit plus régulier de dire que j'y peux avoir. La lettre p, multipliée dans cette phrase, la rend dure et peu coulante. Nous ne faisons cette observation que pour nombre de gens qui ne croient pas que la prose ait, comme l'art des vers, et son harmonie et ses difficultés.

' Molière pousse avec chaleur dans cette scène le dédain insolent que Lysidas affecte pour la cour. Il est revenu à cette idée lorsqu'il a dit dans ses Femmes savantes : Vous en voulez beaucoup à cette pauvre cour. Ce qui s'est fait de grand en tout genre sous les yeux de Louis xiv, exclut à cet égard toute idée de flatterie. On aperçoit encore dans cette même scène l'envie qu'avoit déjà Molière de ne pas plus épargner les ridicules du bel esprit que tous les autres. On ne peut s'empêcher de le dire, cette petite comédie aujourd'hui perdue pour le théâtre, y feroit rire encore, et seroit le tableau de beaucoup de nos sottises modernes. La décadence des arts les ramène-t-elle aux vices qu'ils avoient à leur naissance?

8 Qui choquent même le respect que l'on doit à nos mystères. Le bonheur le plus doux pour l'envie est de pouvoir

rencontrer dans les ouvrages qu'elle cherche à détruire, certains endroits qu'elle puisse faire soupçonner d'irréligion, parce qu'on ne peut faire un plus grand tort à l'esprit d'un écrivain que de le taxer de mépris pour les choses saintes, et parce qu'il est difficile de lui faire des ennemis plus dangereux que les hypocrites enthousiastes. « De vrais « dévots, répond Molière, qui ont ouï le discours moral « que vous appelez un sermon, n'ont pas trouvé qu'il choquât ce que vous dites, et sans doute que ces paroles d'enfer et de chaudières bouillantes, sont assez justifiées << par l'extravagance d'Arnolphe et par l'innocence de celle « à qui il parle. » Molière ne pouvoit se justifier mieux; mais la nécessité que lui en firent ses ennemis doit nous engager à bien observer, dans les reproches d'irréligion, si le véritable zèle se les permettroit.

«

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L'IMPROMPTU

DE VERSAILLES,

COMÉDIE EN UN ACTE.

SUR

L'IMPROMPTU DE VERSAILLES.

CETTE pièce en un acte et en prose en un acte et en prose fut représentée

à Versailles, le 14 octobre 1663; et à Paris, le 4 novembre suivant.

Ce fut dans le courant de la même année que Molière reçut les preuves les plus fortes de la satisfaction qu'avoit son maître des plaisirs qu'il lui procuroit. Louis xiv le fit comprendre dans la liste des gens de lettres qui eurent part à ses libéralités, et qui annoncèrent à toute l'Europe le goût et la magnificence de ce prince. Molière fit ses remercîmens au roi par une épître en vers libres, qui se trouve dans les éditions précédentes après toutes ses comédies, mais que nous placerons à la suite de cet Avertissement, afin qu'elle y serve de date au bienfait ainsi qu'à la reconnoissance.

Cette épître, peut-être un peu trop longue, ne brille pas moins par le beau naturel que tous les autres ouvrages de Molière. Il conseille à sa muse de se présenter sous le masque d'un marquis, personnage ridicule alors à la cour, et auquel ont succédé nos petits-maîtres. Le portrait qu'il fait de cette espèce d'être moitié seigneur, moitié bouffon, est un des meilleurs tableaux qu'il ait dessiné.

Louis XIV, qui venoit de se déclarer le protecteur de Molière, fut indigné qu'à l'occasion de l'Ecole des Femmes, dont ce monarque, ami des arts, sentoit toutes les beautés, on se fût permis contre lui des per

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