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sault, qui n'avoit alors que vingt-cinq ans, et qui n'avoit fait que quelques comédies détestables, avoit-il de la réputation? Notre auteur pouvoit - il moins dire contre un homme qui cherchoit à ternir la sienne, que de lui reprocher de n'en avoir aucune, lorsqu'en effet il n'en avoit point? Il est si différent d'inquiéter la vanité, ou de blesser le véritable honneur d'un citoyen, qu'on ne peut trop s'étonner de voir tous les jours confondre ces deux choses.

11 Les principes de Molière étoient bien loin de cette erreur; et c'est dans cette scène principalement qu'il pose les bornes de la critique théâtrale, lorsqu'en parlant de la haine qu'avoient pour lui les comédiens de l'hôtel, il dit : « Je <«< leur abandonne de bon cœur mes ouvrages, ma figure, mes « gestes.... pour en faire et dire tout ce qu'il leur plaira...... << Mais en leur abandonnant tout cela, ils me doivent faire « la grâce de me laisser le reste, et de ne point toucher à « des matières de la nature de celles sur lesquelles on m'a « dit qu'ils m'attaquoient dans leurs comédies. C'est de « quoi je prierai civilement cet honnête monsieur qui se « mêle d'écrire pour eux. »

Molière ne parle ici que d'après la pièce de Boursault; cependant, comme elle se trouve dans le recueil de cet auteur, et qu'on n'y voit aucun trait injurieux, personnel, et qui touche à des matières de la nature de celles qu'interdit Molière à ses ennemis, il faut que le Portrait du peintre n'ait pas été

imprimé tel qu'il avoit été offert sur

le théâtre la crainte d'offenser Louis XIV, qui dans cette

:

affaire-ci s'étoit déclaré le protecteur de Molière, suffisoit pour opérer ce changement.

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