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l'Hypothèse, c'eft que tout ce qui habite aujourd'hui les Airs & la Terre, a eu autrefois les Eaux pour domicile, & que nous fommes originairement des animaux aquatiques, qui avons appris à vivre hors de l'eau.

De ces deux parties, la prémière. comme on le voit d'un coup d'œil, eft beaucoup plus fpécieufe que la feconde, & elle le devient encore davantage, quand on a lu l'amas de raifons & d'autorités dont le prétendu Teliamed l'appuie. En voici la récapitulation, telle qu'il la fournit lui-même.

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La conformation du Globe apparent de la Terre, & celle de la partie que la Mer nous cache encore, l'extérieur de nos montagnes & leur intérieur font, dit-il, des preu,, ves également invincibles de la vérité de ,, mon Système. La pofition & l'aspect de ces ,, montagnes, les matières dont elles font compofées, les pierres de toutes les fortes, les marbres unis & variés qui ne font que des congélations, les lits de cailloutage renfermés entre deux autres couches de fables; la reffemblance de ces matières avec celles ,, que la Mer employe chaque jour dans fon fonds, ou fur les bords; les lits qu'elles ,, compofent & leur arrangement; les corps terreftres & étrangers, du bois, du fer, des plantes, des os d'hommes & d'animaux, des pierres d'une fubftance différente, inférés ,, dans la maffe de nos montagnes; les coquil,, lages fans nombre, connus & inconnus, lardés encore dans leur fuperficie, comme dans

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leur intérieur; les bancs entiers qu'on en rencontre en divers endroits de laTerre ; tant d'autres corps marins trouvés dans leur fein, tant de ,, coquilles, de plantes & de feuilles propres à certaines régions, découvertes dans la com, pofition des terrains de certaines autres contrées fituées dans des parties du Globe fort ,, éloignées; la manière toujours horizontale, dont ces différens corps font arrangés dans ces terrains; les Iles anciennes unies au continent & les nouvelles qui fe font montrées; les ports qui s'effacent, tandis que d'autres ,, naiffent; les villes, abandonnées de la Mer; les nouveaux terrains, dont nos continens s'accroiffent vifiblement, ies lacs, les puits falés, les eaux faumatres; les carrières de fel pur confervées en des lieux très - diftans · de la Mer; mille bâtimens propres à elle feule, qu'on rencontre dans les contrées les ,, plus éloignées d'elle, l'afpect des terrains voifins de fes bords, tellement femblable à celui que fes eaux offrent à nos yeux, qu'il n'eft prefque pas poffible de les diftinguer, fur-tout dans des tems qui ne font pas bien nets, enforte que nous croyons voir la Mer, quoiqu'elle foit hors de la portée de notre vuë; tout enfin dans la Nature nous ,, parle de cette vérité, que nos terrains font l'ouvrage de la Mer, & qu'ils en font fortis ,, par la diminution des caux “.

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On eft d'abord prefque accablé fous ce prodigieux entaffement. Mais après avoir un peu repris haleine, & paffé en revuë à tête repofée

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Les différentes pièces dont il eft formé, on revient de cette efpèce de furprife, & l'on s'apperçoit qu'ici, comme en tant d'autres occafions, tout dépend du point de vuë. Voici, par exemple, quelques réflexions qui fe préfentent naturellement à l'efprit. 1. Tous ces faits débités avec tant de confiance, font-ils bien avérés? Il femble que Teliamed ait été par tout, & qu'il ait été avec le compas, le niveau, la balance, & tous les autres inftrumens les plus exacts. Cependant on ne fauroit douter que fes Obfervations ne foient de pures compilations, dont il auroit même dû être plus attentif à produire les garans. 2. Qu'il y ait eu des bouleverfemens confidérables fur la furface de notre Globe, & qu'il en refte des traces fenfibles, c'eft ce qui eft généralement avoué. Mais ces bouleverfemens fuffifent pour rendre raifon des fingularités qu'offre l'examen des montagnes & des entrailles de la Terre ; fingularités, dont il y a auffi beaucoup à rabattre, la plupart des curiofités que renferment les Cabinets, n'étant que des jeux affez informes de la Nature. 3. Le grand Article de la diminution de la Mer paroit être ce que l'Auteur a le mieux prouvé, comme étant en effet la bafe de fon Syftème. Mais outre qu'il n'y a rien de plus arbitraire que l'eftimation qu'il donne de cette diminution, (laquelle eft, felon lui, d'environ un pié dans l'espace de trois fiècles, & de trois piés quatre pouces en mille ans), outre cela, qui pourra jamais s'affurer que cette diminu tion obfervée dans certains lieux n'eft pas compen

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penfée par quelque augmentation dans d'autres? L'Amérique étant un continent nouvellement découvert, on ne fait fur quel pié les chofes y ont été depuis l'origine du Monde; fes Mers ont peut-être hauffé de ce dont les nôtres ont baiffé. Mais c'eft perdre le tems, que de chercher des folutions pour des faits encore fi peu conftatés. 4. Une feule chofe fuffit pour décréditer à jamais ce Système, c'est l'infiniment ridicule explication de la manière dont notre Terre s'eft peuplée. Ce font des efpèces d'hommes marins, qui fe font terreftrifés; ce font des poiffons qui font devenus oifeaux & quadrupèdes. Pour ne pas abufer de la patience du Lecteur, je n'en apporterai que la réjouïffante preuve, exprimée par Telliamed en ces termes: Il y a dans tous les hommes une marque impériffable qu'ils tirent leur origine de la Mer. En effet, confidérez leur peau avec un de ces Microscopes qu'on a inventés dans ces derniers tems, & qui groffiffent aux yeux un ,, grain de fable à l'égal d'un œuf d'autruche, vous la verrez toute couverte de petites écailles, comme l'eft celle d'une carpe. Ajoutez que nous avons plufieurs exemples d'hommes, couverts d'écailles vifibles, ce ,, qui confirme cette origine. "Il y auroit de la témérité à affirmer, que l'Auteur propofe férieufement de pareilles raifons, auffi bien que celles qu'il prend, de ce que les bains d'eau excitent à la génération, & font par conféquent l'élément naturel de l'homme.

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Avoüons néanmoins que ce Livre eft atta

chant,

chant, & qu'il y a bien des endroits curieux. qui marquent dans fon Auteur une connoiffance étenduë de l'Hiftoire Naturelle & des talens pour le raifonnement, dont il n'auroit tenu qu'à lui de faire un meilleur ufage. Nous donnerons dans la Partie prochaine de ce Journal des Recherches détaillées fur l'origine des montagnes, faites par un Phyficien auffi éclairé pour le moins que, Telliamed, & beaucoup plus judicieux.

ARTICLE X.

La SPECTATRICE Danoife, ou l'ASPASIE moderne. Ouvrage Hebdomadaire. A Copenhague, aux dépens de l'Auteur, in Octave 1749. Tome I. & II. pp. 504.

fauroient trop fe multiplier, quand même ils n'atteindroient pas un certain dégré de perfection, qui a fait la fortune éclatante de quelques-uns d'entre eux. La raifon de ce que j'avance eft prise de ce qu'ils renferment toujours diverfes vérités utiles, qui fe répandent avec plus de fuccès qu'elles ne feroient par toute autre voie, qui peuvent fervir à adoucir les mœurs d'une Nation, à en corriger les ridicules, ou à produire tel autre effet avantageux à la Société. Quand donc la place de M. Angliviel de la Beaumelle, (c'eft le nom de l'Auteur de la Spec

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