Images de page
PDF
ePub

proviennent des parties fexuelles, feront les prémières fixées, & toutes les autres qui font communes aux deux individus, fe fixeront enfuite indifféremment & indiftinctement, foit celles du mâle, foit celles de la femelle, ce qui formera un Etre organifé qui reffemblera parfaite ment à fon père, fi c'eft un mâle, & à fa mère, fi c'est une femelle, par ces parties fexuelles, mais qui pourra reffembler à l'un, ou à l'autre ou à tous deux, par toutes les autres parties du Corps.

(*)

ARTICLE II

De l'Esprit des Loix, &c.
TROISIEME EXTRAIT.

N

ous confidérons à préfent les Loix dans le rapport qu'elles ont avec la force offenfive.

La force offenfive eft réglée par le Droit des gens, qui eft la Loi politique des Nations, confidérées dans les rapport qu'elles ont les unes avec les autres.

La vie des Etats eft comme celle des hommes. Ceux-ci ont droit de tuër dans le cas de la défense naturelle; ceux-là ont droit de faire la guerre pour leur propre confervation.

Le Droit de la guerre dérive donc de la nécesfité, & du jufte rigide. Si ceux qui dirigent la confcience, ou le Confeil des Princes, ne fe tien

(*) Liv. X.
Tom. I. Part. III.

Z

tiennent pas là, tout eft perdu; & lorsqu'on fe fondera fur des principes arbitraires de gloire, de bienséance, d'utilité, des flots de fang inonderont la Terre.

Du Droit de la guerre dérive celui de conquête, qui en eft la conféquence; il en doit donc fuivre l'esprit.

Un Etat, qui en a conquis un autre, le traite d'une des quatre manières fuivantes. il continuë à le gouverner felon fes Loix, & ne prend pour lui que l'exercice du Gouvernement politique & civil; ou il lui donne un nouveau Gouvernement politique & civil; ou il détruit la Société, & la difperfe dans d'autres; ou enfin il extermine tous les citoyens. Il faut rendre ici hommage à nos tems modernes, à la raifon préfente, à la philofophie, à la religion d'aujourd'hui, à nos mœurs. Toutes ces fausfes idées qu'on avoit eu des Conquérans, tous ces droits arbitraires qu'on leur avoit attribué, de détruire & la Société, & les hommes mêmes qui la compofent, font aujourd'hui regar dés comme autant d'erreurs palpables & dange. reufes. On voit clairement que, lorsque la conquête eft faite, le Conquérant n'a plus le droit de tuër, puisqu'il n'eft plus dans le cas de la défense naturelle & de fa propre confervation. On n'eft pas moins convaincu que le droit de réduire en fervitude n'exifte que lorsqu'elle eft néceffaire pour la confervation de la conquête. L'objet de la conquête eft la confervation; la fervitude n'eft jamais l'objet de la conquête, mais il peut arriver qu'elle foit

un

un moyen néceffaire pour arriver à la confervation.

Il y a quelquefois divers avantages pour un peuple à être conquis, fur-tout, fi notre Droit des gens eft exactement fuivi. Des Etats opprimés par leurs Maîtres, peuvent être foulagés par le Conquérant, qui n'a ni les engagemens, ni les befoins du Prince légitime. Une conquête peut encore détruire les préjugés nuifibles, & mettre, pour ainsi dire une nation fous un meilleur Génie.

Un Conquérant eft obligé de réparer au moins une partie des maux qu'il a faits. Làdeffus M. de M... définit ainfi le Droit de conquête un Droit néceffaire, legitime & malheureux, qui laiffe toujours à païer une dette immenfe, pour s'acquitter envers la Nature humaine.

Il eft contre la nature de la chofe que dans une constitution fédérative un Etat confédéré conquière fur l'autre, comme cela s'eft vu de nos jours chez les Suiffes pour le Tockembourg. Dans les Républiques fedératives mixtes, où l'affociation eft entre de petites Républiques, & de petites Monarchies, cela choque moins.

Une République Démocratique ne doit point non plus conquérir des villes, qui ne fauroient entrer dans la fphère de fa Démocratie. Si elle conquiert un peuple pour le gouverner comme fujet, elle expofera fa propre liberté, parce qu'elle confiera une trop grande puiffance aux Magiftrats qu'elle enverra dans l'Etat conquis. Il y a encore un inconvénient aux conquêtes

[blocks in formation]

faites par les Démocraties; & cela peut s'appli quer de même à l'Ariftocratie. C'est que leur Gouvernement eft toujours odieux aux Etats affujettis. Ainfi, quand une République tient quelque peuple fous fa dépendance, il faut qu'elle cherche à réparer les inconvéniens, qui naiffent de la nature de la chofe, en lui donnant, un bon Droit politique & de bonnes Loix civiles.

Une Monarchie ne doit conquérir que pendant qu'elle refte dans les limites naturelles à fon Gouvernement. La prudence veut qu'elle s'arrête, fitot qu'elle paffe ces limites. Dans une Monarchie qui a travaillé longtems à conquérir, tout tombe néceffairement dans le desordre. Un luxe affreux règne dans la Capitale, la mifère défole les Provinces qui s'en éloignent un peu, & l'abondance ne fe trouve qu'aux extrémités. Il en eft comme de notre Planète; le feu eft au centre, la verdure à la furface, une terre aride, froide & ftérile entre les deux.

Quelquefois une Monarchie en conquiert une autre. Plus celle-ci fera petite, mieux on la contiendra par des fortereffes; plus elle fera grande, mieux on la confervera par des colonies.

Il eft peut-être encore plus néceffaire de laisfer au peuple vaincu fes mœurs que fes Loix, parce qu'un peuple connoit, aime & défend toujours plus fes mœurs que fes Loix.

Ici notre Auteur paffe en revuë Cyrus, Alexandre & Charles XII. & examine la manière dont ils firent leurs conquêtes, & les moyens qu'ils employèrent pour les conferver. Les me

fu

fures d'Alexandre étoient juftes, fon projet étoit non feulement fage, mais il fut fagement exécuté. Charles XII. au contraire détermina fa chûte, en formant des deffeins que fon Royaume ne pouvoit foutenir. La Nature, ni la fortune, ne furent jamais fi fort contre lui, que lui-même.

1

Rien ne conferve mieux les conquêtes, que d'incorporer les Sujets conquis dans les Troupes, & dans les Tribunaux du peuple conquérant, comme l'a fait la famille Tartare, qui règne préfentement à la Chine.

Une conquête immenfe fuppofe le Defpotisme. Il faut que les Etats conquis foient feudataires. Rendre la Couronne aux Princes vain, cus, comme faifoient fi fouvent les Romains, n'eft point une générofité; c'est un acte néceffaire.

(*) Paffons à de nouveaux objets. On peut diftinguer les Loix qui forment la liberté politique dans fon rapport avec la conftitution d'avec celles qui la forment dans fon rapport avec le citoyen. M. de M... traite des prémières dans le livre XI. & des fecondes dans le livre fuivant.

Il n'y a point de mot qui ait reçu plus de différentes fignifications, & qui ait frappé les efprits de tant de manières que celui de LI BERTE. Chacun a appellé ainfi le Gouvernement qui étoit conforme à fes coutumes, ou à fes inclinations.

; (*) Liv, X',

La

« PrécédentContinuer »