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d'honneurs. Lorsqu'il s'agenouilla devant le Pape, Jules s'empreffa de le relever, & le baifa au front. Je ne fuis pas furpris, lui écrivoit un de fes Adulateurs, que les Papes vous embraffent, que les Empereurs vous cèdent la droite: vos écrits difpenfent l'immortalité. Je m'étonne de ce qu'ils ne partagent par leurs Etats avec vous. "Cependant il n'étoit pas homme à fe repaître de fumée. ,, Le S. Père m'a donné l'accollade, difoit-il, mais fes baifers ne font pas des lettres de change." Dépité à la fin de refter les mains vuides, il retourna à Venife, d'où il ne fortit plus.

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M. de Boispréaux préfente ici le revers de la médaille, & après avoir détaillé les biens & les honneurs qu'Aretin eut l'art d'excroquer, il rend compte des disgraces & des mauvais traitemens que fa médifance lui attira. Nous en avons indiqué quelques-uns, & ce n'eft pas la peine de groffir cet Extrait des autres. Tous les Auteurs contemporains parlent de ces tragi-comédies, comme aïant été fréquemment répétées; & Tani voulant repréfenter énergiquement un babillard, dit qu'il étoit plus riche en paroles qn' Aretin en coups de bâton.

Il mourut d'un accident fingulier. En écoutant le récit d'un tour qu'une de fes fœurs avoit joué à quelque galant, il lui prit un rire fi violent, qu'il tomba de fon fiége & fe caffa la tê

te.

Cela arriva en 1557. & il avoit 65. ans. L'opinion commune eft qu'on grava fur fa tombe cette épitaphe:

Dd 4

Con

Condit Aretini cineres, lapis ifte, fepultos,
Mortales atro qui Jale perfricuit.

Inta&tus Deus eft illi; caufamque rogatus.

Hanc dedit ille, inquit, non mibi notus erat. Mais on ne fauroit penfer que le Patriarche de Venife eût fouffert dans une églife des vers qui tournoicnt l'Athéisme en plaifanterie. Auffi M. de la Monnoye a-t-il conjecturé que c'étoit quelque railleur, qui, avant ou après l'enterrement, ayoit porté ces vers dans l'églife de S. Luc.

Tels font les principaux évènemens de la vie d'Aretin, auxquels M. de Boispréaux fait fuccéder un examen plus détaillé de fon caractère, qui fert à apprécier fon mérite, & à déméler les moyens par lesquels il en impofa à fon fiècle; enfuite de quoi il dit encore quelques mots de fes ouvrages. Tout cela eft écrit de manière à fe faire lire.

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NOUVELLE THEORIE DU MOUVE MENT, où l'on donne la raifon des principes généraux de la Phyfique. De fubjeeto vetuftiffimo noviffimam promovemus fcientiam. Galilée. à Londres. 1749. Pp. 181. fans l'Avertisement.

C'eft

'eft avec raifon que l'Auteur de ce petit ouvrage nomme fa théorie nouvelle; elle l'eft en effet, au moins par rapport au développement des idées, car à l'égard du princi

pe

pe-même, qui fait dériver le Mouvement d'une caufe immatérielle, il a déjà été hafardé par quelques Philofophes. Ce n'eft pas ici le coup d'effai du nôtre; il fe fait connoitre au §. 6. de l'Avertiffement pour l'Auteur d'un Effai fur les principes de la Phyfique, qui a paru en 1746. Nous tâcherons d'en dire affez dans cet Extrait, pour représenter fidèlement l'hypothèse fur laquelle roule ce traité.

L'Auteur demande, pour expliquer le Mouvement, qu'on lui accorde que les idées de la fubftance matérielle, & de la fubftance penfante, nous les repréfertent comme des chofes esfentiellement diftinctes l'une de l'autre. Mais quoique nous penfions comme lui à cet égard, il n'auroit peut-être pas mal fait néanmoins d'exercer fa méthode démonftrative à bien établir préalablement cette diftinction effentielle entre les deux fubftances, que bien des gens ne lui avoueront pas fur fa fimple demande.

Quoiqu'il en foit, il part de-là pour former fa théorie du Mouvement, qu'il commence par définir ainfi. Le Mouvement eft une force donnée aux corps, qui les jépare ou les unit, & qui Je transmet des uns aux autres. Il me femble que cette définition n'eft ni claire, ni exacte. Qu'est-ce qui prouve que la force, d'où naît le mouvement, foit donnée aux corps, & comment fe repréfenter la manière dont elle leur eft donnée? Quelle idée encore peut-on fe faire de fa transmiffion, ou communication? En vain notre Auteur fe fonde-t-il fur un Axiome qu'il a pofé, qu'une chofe purement paffive ne peut avoir Da 5.

au

aucune espèce de force, qui ne lui ait été donnée, pour en inférer, que la matière, incapable par elle-même d'action, (ce qu'il n'a prouvé nulle part, ne peut avoir aucune force qui ne lui ait été donnée. En vain reclame-t-il l'expérience, comme nous enfeignant que le Mouvement peut être transmis & communiqué, puisqu'elle ne nous montre que des accroiffemens & diminutions dans le mouvement des corps, conformément à certaines loix, fans nous découvrir de près, ni de loin, un paffage proprement dit du Mouvement, qui quitte le corps où il fe trouve, pour en aller occuper un autre.

Le Mouvement, continue-t-il, eft une FORCE; il auroit mieux valu dire, l'effet d'une Force; & les corps ne font que des refforts que le Mouvement met en jeu, pour produire. tous les phénomènes de la Nature. Il nous avertit expreffément que c'eft là ce qu'il fe propofe d'établir dans fon ouvrage.

Pour y proceder, il pofe cette prémière propofition; Le principe du Mouvement eft immatériel; & il la prouve par une raison affez fingulière, c'eft que nous ne pouvons nous former une image repréfentative de ce principe, comme fi tout ce qui échappe à nos fens & à notre imagination, étoit par-là même, & fans qu'il foit befoin d'autre preuve, démontré immatériel. Il ajoute à la vérité que le mouvement, n'étant, ni une propriété effentielle, ni un mode de la matière, il faut qu'il foit immatériel; mais comment prouve-t-il que le Mouvemout n'eft pas une propriété effentielle de la

ma

matière ? Parce que toute propriété effentielle eft incommunicable, & que le Mouvement fe communique. Pure pétition de principe.

Il s'arrête lui-même ici, pour fe faire quelques difficultés. Il fe demande, par exemple s'il a une idée fort nette des propriétés de la fubftance immatérielle, & il répond qu'ouï, & que la diftinction de cette idée l'emporte fur celle qu'il a des modifications de la matière. Cela eft vrai, s'il veut dire que nous connoisfons mieux les propriétés de notre ame que celles du corps; mais je doute qu'il puiffe affirmer qu'il a une idée diftincte d'une fubftance im matérielle, étrangère à la matière, & qui lui eft unie, pour y produire le mouvement. Au moins la manière vague dont il répond à une autre difficulté, donne lieu de croire qu'il ne voit pas trop clair fur fon propre principe fondamental.,, On me demandera encore, dit-il, ,, fi je conçois que Dieu a uni un principe immatériel d'action à une partie de la matière ,, pour mouvoir l'autre; ou fi j'imagine plufieurs de ces principes répandus dans le monde. Je répondrai, que l'un & l'autre est posfible, que l'un & l'autre peut être vrai, que ,, l'un & l'autre peut être vrai à la fois. De pareils aveux à l'entrée d'une théorie ne promettent pas qu'elle puiffe devenir fort lumineufe.

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A cette inftance: Comment ce qui n'eft pas matière peut-il agit fur la matière, puisque les Métaphyficiens démontrent que cela eft imposfible? Il oppofe, que fans cela le mouvement feroit impoffible, les Métaphyficiens démon

trant

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