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Eft-on Héros en régnant par la peur ?·
Sejan fit tout trembler, jusqu'à fon Maitre.
Mais de fon ire éteindre le Salpêtre,
Savoir fe vaincre, & réprimer les flots
De fon orgueil: c'eft ce que j'appelle être
Grand par joi-même, & voilà mon Héros.

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Revenons aux Lettres de Rouffeau. paroit qu'en déférant à l'avis que M. Racine avoit donné, de les faire examiner avant l'impreffion, on l'a prié de vouloir bien fe charger lui-même de ce travail, & qu'il y a confenti. (†) "J'en fuis bien recompenfe, ditil, puisque ces Lettres où règnent la candeur & la franchife, m'ont fait connoitre le cœur d'un homme dont j'avois toujours admiré l'efprit, ont diffipé entièrement mes anciens préjugés, & m'ont fait retrouver à ,, ma grande fatisfaction un Poëte célèbre dans le petit cercle de ceux qui ont eu des mœurs & de la Religion. Ouï, Monfieur, foyez en perfuadé, Rouffeau étoit un honnête-homme, je ne crains plus de le dire, ,, depuis que j'ai lu le Recueil que vous m'a" vez envoyé." C'eft ce que M. Racine justifie effectivement par une fuite de preuves, tirées de fes Lettres, écrites depuis 1711. jusqu'à fa mort.

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(†) Il faut pourtant qu'on n'ait pas exactement déféré à fes avis, puisqu'il a defavoüé cette Edition, par une Lettre du 12. Juillet 1749. inférée dans le Mercure de France, Août 1749. p. 138.

Les Lettres de la prémière Partie du Tome I. font à Mrs. Boutet, Père & Fils, & à quelques autres Amis. M. Boutet raffembloit à fa Table plufieurs beaux Efprits, qui paroiffoient alors unis. Lorsque la jaloufie alluma la guerre entre eux, & qu'il vit Rouffeau perfécuté, il fe déclara pour lui; & comme il fut toujours perfuadé de fon innocence, il lui conferva, tant qu'il vécut, une amitié conftante & génércufe. M. Boutet de Montberi fon Fils, hérita des mêmes fentimens & de la même générofité, dont Rouffeau recevoit tous les ans des preuves, qu'il vit redoubler dans fes différens malheurs & dans fa dernière maladie. Comme il n'eut jamais rien de caché pour ces deux rares Bienfaiteurs, il ne lui eft presque rien arrivé, dont il ne foit parlé dans les Lettres qu'il leur a écrites:

C'est d'abord de Soleurre que Rouffeau écrit à M. Boutet; il y étoit occupé à faire exécuter la prémière Edition de fes Ouvrages. Je ne copierai point des plaintes réitérées qu'il fait fur fes malheurs encore tout réccns, & des proteftations de fon innocence, dont le jugement appartient à Dieu feul. On y voit outre cela plufieurs preuves d'une fierté de fentiment qui l'empêchoit de rien recevoir, à moins que ce ne fût une penfion, ou gratification d'un Prince ou des fecours d'un Ami intime. "Vous favez, Monfieur, écrivoitil à M. le Baron de Breteuil, d'Arau, le 20. Juillet 1712. vous favez de quelle manière ,, je penfe; & fi vous avez encore les Let

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tres que j'ai eu l'honneur de vous écrire de Bade vous y verrez que mes fentimens font bien éloignés de ceux d'un homme basfement intérelle. Depuis que je fuis ici, ,, plufieurs perfonnes m'ont écrit pour m'offrir leur bourfe que je n'ai point acceptée Je fais mieux qu'homme du monde me paffer de tout; & fi la néceffité m'y forçoit, il feroit bien plus naturel d'accepter les fecours offerts par un Ami, que d'en aller chercher chez des gens que peut-être je ne connois point.

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On fera bien aife de voir un témoignage naïf de ce que Rouffeau penfoit au fujet de Boileau, dont nous avons tant parlé dans l'Article précedent. C'eft dans une Lettre du 10. Mai 1714. qu'il s'exprime ainfi. "On m'a ,, envoyé en blanc les Ocuvres de Boileau de l'impreffion de Hollande, mais en toute la Suiffe il ne fe trouve pas un homme qui fache rélier un Livre ; & comme celui-ci eft ,, pour moi ce que les Dieux Lares étoient ,, pour les Anciens, je voudrois l'habiller d'une manière convenable à fa dignité. J'ai donc ,, pris le parti de vous envoyer mon idole, en vous priant de me la faire orner. Après les anciens Auteurs, Boileau eft le feul à qui ,, j'aie obligation de favoir écrire, & je dois à fa mémoire le foin de conferver fes Ouvra,, ges avec honneur. C'eft pour cela que j'en ai fait retrancher de méchantes rapfodies que le Libraire Hollandois y a fait ajouter, & une iniférable Differtation qu'on ne peut lire

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M. Arouët, à préfent le célèbre Voltaire, avoit commencé à être connu de Rouffeau dés l'an 1712. "J'ai reçu, dit-il, une fort jolie Lettre du jeune M. Arouët, accompagnée d'une Ode, où il y a beaucoup d'efprit. Je vous prie de lui témoigner l'eflime que je fais de fa perfonne & de fon mérite. "Arrivé à Vienne, & malgré les prémiers foins d'un nouveau débarqué, il écrit à M. Boutet le 15. Juillet 1715. Vous me fercz plaifir de m'en,, voyer les vers de M. Arouët. C'eft un jeu,, ne homme qui a bien de l'efprit, & il en ,, peut faire un bon ufage, s'il veut fuivre mes avis, que je lui ai donnés toutes les fois qu'il me les a demandés,

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Les amis de Rouffeau, & fur-tout M. le Baron de Breteuil, lui avoient obtenu des Lettres de rappel, du mois de Février 1716. Madame de Flamenville lui en donna les prémiers avis, qui le jettèrent dans un extrême étonnement. Il écrivit fur le champ à M. de Breteuil, pour lui protefter qu'il ne pouvoit accepter ces Lettres, dés-là qu'elles ne lui procuroient pas une entière fatisfaction. "Vous favez, dit-il, quels font mes fentimens, & que des graces & des accommodemens ne conviennent qu'à des ,, fripons, & non à un honnête homme injustement opprimé. J'aimerois mieux être mort que de fortir d'oppreffion par une ,, honte qui feroit irréparable. Et par apoftille il s'écrie: "Un accommodement avec Saurin, jufte Ciel! cela n'eft pas croyable.

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En effet cette démarche de fes amis fut inutile, & on ne put jamais le réfoudre à en profiter. Il ne s'agit point, écrit-il à fon cher M. Bou"tet le 30. Mars 1716. il ne s'agit point pour moi de retourner en France, mais de confondre l'impofture qui m'a noirci, & de me ,, mettre en état de paroitre devant les hommes, comme je paroitrai un jour devant Dieu. Tout autre plan feroit me deshonnorer, & je fouffrirai la mort plutôt que d'y ,, acquiefcer. C'eft ainfi que j'ai toujours penfé & parlé, & c'eft ainfi que je penserai & », parlerai toute ma vie.

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Je retrouve M. Arouët dans une Lettre du 5. Mai 1719. Il m'a envoyé fon Oedipe dit Rouffeau, avec une fort belle Lettre. Je ne fuis point furpris du grand fuccès de cette Pièce, & il s'en faut bien peu que l'Auteur n'ait atteint toute la perfection, dont fon fu,, jet étoit capable." Rouffeau & Voltaire ap prirent à fe connoitre perfonnellement en Septembre 1722. "M. de Voltaire a paffè ici (à Bruxelles) onze jours, pendant lesquels nous ne nous fommes guères quittés. J'ai été charmé de voir un jeune homme d'une auffi grande espérance. Il a eu la bonté de me confier fon Poëme pendant cinq ou fix jours. Je puis vous affurer qu'il fera un très,, grand honneur à l'Auteur. Notre Nation avoit befoin d'un Ouvrage comme celui-là l'œconomie en eft admirable, & les vers ,, parfaitement beaux. A quelques endroits près, fur lesquels il eft entré dans ma penTom. I. Part. I.

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