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PREFACE

D

eux fortes d'Ecrits périodiques partagent l'attention du Public; ceux qui rendent compte des évènemens qui arrivent dans le Monde Politique, & ceux qui font connoitre l'état de la République des Lettres. Les prémiers ont une vogue beaucoup plus générale, parce quils font du reffort de tout le monde, & qu'il n'y a point d'état, ni de profeffion, qui ne puiffe s'allier avec la curiofité de favoir les Nouvelles Politiques. Sur-tout quand les affaires Jont en fermentation, & que les Etats éprouvent quelques unes de ces grandes crifes, auxquelles ils font de tems en tems expofes

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l'atten

l'attention redouble, & le caractère de Nouvellifte devient un mal contagieux.

il s'en faut beaucoup que les mêmes circonftances favorisent la publication des Fournaux Litteraires. Il n'y a prefque aucune Claffe de Lecteurs, qui y prenne un intérêt bien vif. Le Peuple, qui ne fe promet aucun fruit de leur lecture, ne l'entreprend pas. Les Grands, occupés de tout autre Join, en regardent à peine nonchalamment le titre, & pouffent rarement l'effort jusqu'à le conferver dans leur mémoire. Il ne refte donc que les Gens de Lettres; & il eft rare que le débit qu'ils procurent enrichille les Libraires. La médiocrité ordinaire de leur fortune leur fait regretter les moindres depenfes, trop heureux de fubvenir au néceffaire.

Ainfi un Auteur, qui entreprend un Ouorage périodique, & un Libraire, qui fe charge de l'impreffion, courent fouvent risque, le prémier de retomber bientôt dans l'oubli, & l'autre d'en être pour les avances. C'est le fort inévitable du mauvais & du médiocre; & le bon, l'excellent même, rencontre bien des obftacles, avant que de prendre racine. Ce font quelque fois les bonnes qualités elles-mêmes, qui font naltre ces obftacles, en enlevant

les

les clameurs de l'envie, & les contradictions de plufieurs autres Paffions, qu'un Fournaliste met pour l'ordinaire en mouvement, lorsqu'il s'aquitte fidèlement de fes fonctions.

Voilà bien des confidérations, propres à décourager, & qui fembleroient avoir dû étouffer dés le berceau le Journal, dont nous donnons ici les prémices. Ce n'est pourtant point une démangeaifon d'écrire plus forte que la Raifon, qui en a triomphé; on a murement péfé le pour & le contre; & les raifons fuivantes ont déterminé affirmativement. Le Lecteur jugera de leur folidité.

Le prémier motif, qui a fait prendre la plume, c'est la tranquilité publique, le bonheur des conjonctures où nous nous trouvons. Une heureufe Paix aiant impofé filence au fracas des armes, laiffe, pour ainfi dire chacun maître d'une attention que les circonstances publiques occupoient toute entière. Il femble donc impoffible que parmi tant de perJonnes d'esprit & de goût, qui étoient livrées à ces distractions, il n'y en ait un bon nombre, pour qui la Lecture & la Litterature ne redeviennent des objets intéreffans. Nous vivons dans des tems fi éclairés, que personne n'ofe faire montre & gloire de fon igno

rance.

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