Images de page
PDF
ePub

la plus grande partie appartenait aux provinces, s'étaient si promptement retirés devant l'ennemi, qu'ils avaient couvert de ridicule, par leur fuite honteuse, le grand nom qu'ils avaient eu la prétention de ressusciter.

Ces nouvelles répandirent la consternation dans la ville, qui se croyant sûre de la victoire préparait déjà, pour ses fils glorieux, les palmes et les triomphes capitoliens. Alors, ainsi qu'il arrive toujours à la suite d'un revers imprévu, une polémique maladroite s'engagea entre plusieurs publicistes, qui, combattant avec leurs plumes, traitèrent d'infâmes les vaincus de Cornuda. Les autres, et le célèbre professeur Orioli fut de ce nombre, cherchèrent à pallier les hontes da la défaite en les rejetant sur l'inexpérience des volontaires et sur le désaccord qui régnait entre eux. Quoi qu'il en soit, il fut répandu, à cette occasion, de part et d'autre beancoup plus d'encre qu'il n'avait été versé de sang sur le champ de bataille.

Les diverses chances de la guerre, contraires aux armes des indépendants, commencèrent alors à refroidir singulièrement l'arrogance des journaux italiens, qui, dans le principe, ne voulant devoir la conquête de leurs libertés qu'aux efforts communs de la patrie, repoussaient avec mépris, avec menaces même, les sympathies de la France. Inquiets de l'avenir, malgré le pompeux Italia

fara da se, ils prévoyaient avec crainte le jour où l'intervention étrangère, qu'ils considéraient comme un malheur, deviendrait une nécessité.

Quoi qu'il en soit, les échecs successifs et partiels que les volontaires romains essuyèrent dans presque toutes leurs rencontres avec les soldats de l'Autriche produisirent une telle démoralisation que, pour empêcher une débandade complète, le ministre de l'intérieur, Mamiani, se crut obligé d'adresser aux gouverneurs des provinces une circulaire des plus étranges (1).

Tandis que les armées autrichiennes ralliaient la victoire sur les bords de la Piave, un vaste complot, organisé de longue main, éclatait simultanément, le même jour, à la même heure, dans plusieurs capitales de l'Europe et prouvait l'implacable solidarité, la fatale harmonie qui régnait dans le parti révolutionnaire. A Paris, les conjurés, prétextant une manifestation en faveur de la Pologne, violaient au nom de la liberté le sanctuaire de la représentation nationale. A Vienne, les étudiants égarés faisaient cause commune avec la garde civique, prononçaient les discours les plus incendiaires, couraient aux armes et forçaient l'empereur à quitter sa capitale pour se réfugier à Inspruck. A Naples, les révolutionnaires provoquaient des

(1) Voir les documents historiques. N. 3.

résultats plus sinistres encore. Le roi des DeuxSiciles, après avoir l'un des premiers, entre les princes de l'Italie, accordé si généreusement la constitution à ses sujets, avait fixé l'ouverture des Chambres au 15 mai. Les conjurés crurent l'occasion d'engager la lutte d'autant plus favorable que la capitale se trouvait dégarnie de troupes par le départ de seize mille hommes envoyés en Lombardie. La lutte fut terrible.

Un grand nombre de députés, gagnés au parti révolutionnaire, préludaient aux hostilités par des réunions clandestines où les motions les plus subversives étaient soulevées. Dans ces conciliabules on proposait des changements à la formule du serment exigé par le roi: on créait un comité de salut public sous la dépendance absolue duquel la garde nationale devait être placée; en même temps, on adressait au roi des demandes incompatibles avec sa dignité et contraires à ses droits souverains. On l'engageait à remettre les forts de la ville aux mains de la garde nationale, à se confier lui-même au comité de salut public, après avoir préalablement renvoyé ses troupes à un rayon de dix lieues de la capitale. La conduite du roi fut ce qu'elle devait être digne, calme et résolue; il repoussa avec fermeté des conditions qui compromettaient son honneur, et avec le canon, la révolte qui menaçait sa couronne. La lutte fut acharnée, mais avant la

fin du jour, le parti révolutionnaire était vaincu sur toute la ligne et la force restait au droit.

La dissolution de la garde civique, la mise de Naples en état de siége et la dissolution de la Chambre des députés, tels furent les résultats du combat provoqué par les éternels ennemis de l'ordre et de toute sage liberté.

CHAPITRE VII.

[ocr errors]

[ocr errors]

OuverProgramme

Élection des députés.— Mamiani chez le cardinal Altieri. ture des Chambres. Discours du cardinal Altieri. du ministère. — Interpellation du prince de Canino. - Ruse de Mamiani. - Prise de Vicence. - Echec de Mamiani. — Réponse du pape à l'adresse des députés. - Pie IX redevient maître de la position. Occupation de la ville de Ferrare par les Autrichiens. Débats parlementaires. —Protestation pontificale. — Crise ministérielle. Journée du 19 juillet. — Tentative d'insurrection. trois fiasques. - Assassinat de l'abbé Ximenès. Le Labaro. Manoeuvres de Mamiani pour conserver son portefeuille. - Commis voyageur de la révolution. Le Père Gavazzi chassé de Florence.

[ocr errors]
[ocr errors]

[ocr errors]

Les

- Rentrée triomphale à Rome des vaincus de Vicence. - Ils s'emparent d'un couvent.-Victoire et déception. — Défaite de Charles Albert à Custoza. -Mémorandum de l'Autriche. - Refus d'acceptation. Le Saint Père refuse une déclaration de guerre.

Les révolutionnaires se dédommageaient de leur défaite à Naples en reprochant au pouvoir les fautes dont ils étaient seuls coupables, lorsque les élections pour la nomination des députés commencèrent à Rome. Malgré les facilités accordées aux électeurs par la division de la ville en six colléges, un très-petit nombre de votants remplit son

« PrécédentContinuer »