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toute la Lombardie, Génois, hommes de Piémont, de Parme, de Modène, de Toscane, allons, marchons au camp de l'Italie, au boulevard des Alpes; nous saurons le défendre et, s'il le faut, le franchir. >>>

Ainsi disait cet homme qui osait avouer hautement, que le renversement de la papauté et la destruction des monarchies italiennes était le but suprême de ses efforts, le terme de ses espérances. Il agissait ainsi, alors que son parti mettait tout en œuvre à Rome pour compromettre Pie IX dans une lutte si suspecte dans son but et dont les résultats sinistres étaient connus de quiconque ne se laissait point aveugler par la folie de l'orgueil, et par les extravagances de l'ambition.

Les armées de l'Italie, si braves qu'elles fussent, devaient être inévitablement vaincues, non point seulement, parce que la force motrice de l'unité manquait à l'ensemble de leur pensée et de leur action, mais surtout, parce que les chefs qui s'étaient mis à leur tête, s'étaient fait de l'autel et du trône pour arriver à l'indépendance de la patrie un piédestal qu'ils auraient brisé le lendemain de la victoire. La preuve, que ces hommes voulaient autre chose que l'indépendance du territoire italique, se trouve clairement énoncée dans leur refus des conditions honorables que leur avait offertes le cabinet de Vienne. Le dieu des bataillons, ce

dieu, qu'ils prenaient sans cesse à témoin de la justice de leur cause, ne pouvait bénir leurs efforts suprêmes, car leurs lèvres hypocrites d'accord avec leur coeur mentaient audacieusement dans les rapports de l'homme avec la divinité, dans ce que la conscience a de plus saint et de plus sacré, la prière.

Les Mazziniens, rêvant la république, ont perdu l'Italie Pie IX seul à la tête de l'élément moque narchique pouvait sauver.

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CHAPITRE VIII.

Chute du ministre Mamiani. Nouveau ministère. Proclamation du souverain Pontife. — Menaces d'un gouvernement provisoire. Nouvelle invasion des Etats Romains.

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Mouvement populaire. Les révolutionnaires à l'ambassade de France. Enrôlements. Négociations. - Derniers actes de la Chambre des députés. —- Prorogation. Le comte Rossi ministre. - Courageux efforts. - Désintéressement du clergé et des corporations religieuses. - Premiers actes du ministère Rossi. Sinistre projet des sociétés secrètes. — Inter scyphos. Troubles au Ghetto. -Fermeté de Rossi. -- Marche de la révolution en Europe. - Revue des carabiniers. — Arrestation du moine Gavazzi.—Provocation de la presse.—Sanglants préludes. -Répétition d'un drame.-Scène lugubre.-Conjuration.

Le 2 août, le comte Mamiani renouvela formellement et irrévocablement sa démission de ministre, après avoir subi un dernier échec dans le rejet de ses propositions belliqueuses.

Après de mûres réflexions le pape, pressé par la rapidité des événements, le remplaçant par un nommé Fabri, ancien exilé libéral, mais honnête homme, reconstitua son ministère de la manière suivante :

Le comte Lauro Lauri, aux finances;

Le comte Pietro Guerini, aux travaux publics et par intérim à l'agriculture et au commerce ; Francesco Perfetti, à la police;

Pasquale de Rossi, grâce et justice;

Et Camillo Gaggiati, par intérim à la guerre. Mamiani ne se retira point sans étaler dans le journal qui subissait ses inspirations son propre panégyrique. Porté au ministère non par le choix libre du pape, mais par l'impulsion irrégulière des clubs, il prétendait avoir mis de la mesure dans ses rapports avec le souverain, tandis qu'il s'était constamment trouvé en dissidence avec lui. Pour que le gouvernement constitutionnel soit une vérité, il importe que chaque pouvoir ait le libre exercice de l'autorité que la loi lui confère. Au chef irresponsable appartient le choix des ministres, ce droit est tellement incontestable que dans le pays le plus sagement constitutionnel de l'Europe, en Angleterre, on a vu le souverain le conserver intact, malgré les exigences du parlement.

Le règne de Georges III en fournit un exemple dans la personne du célèbre W. Pitt. Il en est de même quant au droit de paix ou de guerre; le 'souverain seul dans le régime constitutionnel en est le dépositaire. Mamiani en méconnaissant ce double droit était en rebellion flagrante entre le système politique que la générosité du pontife

avait accordé aux exigences des temps. Mamiani en subissant les conditions que les clubs lui imposaient n'était plus, au terme de la loi écrite, l'homme du pouvoir, mais le séide de la révolution : il n'était plus le chef responsable d'un gouvernement régulier, mais le jouet d'une faction. Il croyait conduire, tandis que lui-même était poussé par les hommes qui convergeant vers un but unique aspiraient à renverser l'autorité légitime, pour fonder sur les ruines d'un édifice éphémère le règne de la démagogie.

Enfin, après avoir été un mauvais ministre, Mamiani se posa en méchant tribun, en déclarant à la Chambre, le 5 août, que si le ministère n'était complétement réorganisé le lendemain, il proposerait à ce mal extrême un extrême remède.

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Cette déclaration, qui n'était autre chose que la menace d'un gouvernement provisoire, avait été inspirée à l'ex-ministre par la nouvelle qu'un corps de quatre mille Autrichiens, sous les ordres du général Welden, avait de nouveau envahi les légations. Cette nouvelle, dont on ne pouvait contester l'exactitude, fut un nouveau brandon jeté au milieu de l'effervescence populaire. En effet, le soir même de nombreux groupes se formèrent dans le Corso et sur les places où la foule, dans ses jours de colère, a l'habitude de se rassembler. Assez calmes dans le principe, mais prenant bientôt une atti

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