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s'accordent de concert avec les intérêts de l'Italie, de manière à produire un premier effet de la ligue et de la diète nationale;

5° Que le gouvernement pontifical s'occupe le plus promptement possible de la conclusion de cette ligue et de la formation de cette diète;

6° Que l'armée soit organisée et disciplinée, suivant le mode et le chiffre prescrits par la Chambre, et ce jusqu'à ce que la question italienne soit résolue;

7° Que le gouvernement s'attache à rétablir par tous les moyens en son pouvoir la confiance réciproque entre le clergé et le peuple;

8° Que le gouvernement et les Chambres s'appliquent pour opérer une réforme financière dans l'état avant l'année 1849;

9° Que l'on fasse justice aux classes inférieures et aux propriétaires, en déchargeant les premières des poids qui pèsent directement sur elles, et que pour les seconds, les taxes soient rendues plus équitables en les appliquant à toute espèce de

revenus.

Ces propositions furent le dernier acte d'une session si mal employée dans l'intérêt des États romains et celui de l'Italie tout entière. Les députés, animés d'abord de bonnes intentions, attiédis plus tard par les injustes appréciations de la conduite du souverain, avaient fini par s'abandonner

au courant de l'opinion publique, égarée ellemême par les déclamations emphatiques d'une audacieuse minorité, et plus encore par le prestige qui s'attache aux mots d'indépendance et de nationalité.

le

Ainsi que nous l'avons dit, les Chambres, prorogées le 26 août, devaient se rouvrir le 15 novembre; le souverain Pontife songea à profiter de leur vacance pour s'entourer d'un ministère puissant et fort qui remplaçât, par l'intelligence et l'énergie, la faiblesse et le peu d'expérience que cabinet actuel, animé cependant de bonnes intentions, apportait au soin des affaires. Pour cela, il ne lui fallait qu'un homme dont l'esprit de sagesse fût au niveau de sa pensée et le dévouement à la hauteur des circonstances: il jeta les yeux sur le comte Rossi, et lui fit proposer la première place dans les conseils du Saint-Siége.

Rossi, quoique touché de la confiance que le pontife lui accordait, hésita; d'un seul coup d'œil il avait mesuré l'énorme difficulté des problèmes qu'il aurait à résoudre comme chef du cabinet pontifical. D'un autre côté, sa qualité de Français devenait un obstacle d'autant plus grand qu'il n'avait jamais voulu faire acte de reconnaissance envers la République de février et que l'autorisation de ce gouvernement devenait indispensable à l'acceptation du poste important qu'on lui propo

sait. Cependant comme Pie IX insistait, le père Vaures ménagea une entrevue entre Rossi et le duc d'Harcourt, son successeur à l'ambassade de Rome. Après de longs pourparlers, il fut convenu qu'on écrirait à Paris pour obtenir la sanction du nouveau gouvernement, qui la refusa ; cependant comme il y avait urgence, le duc d'Harcourt, se fondant sur ce que le pape, comme chef suprême de deux cents millions de sujets catholiques, pouvait avoir le droit de choisir ses ministres dans les États qui relevaient de son autorité spirituelle, conseilla de passer outre, et il écrivit lui-même dans ce sens une seconde fois à son gouvernement. Rassuré sur ce point, le comte Rossi accepta, dans un nouvel entretien qu'il eut avec le Saint Père, la direction des affaires et les lettres de naturalisation dont il avait besoin dans sa nouvelle position, autant pour sa garantie personnelle que pour la sûreté de sa famille.

Les conditions qu'il proposa dans son premier programme au pape ne furent pas acceptées; alors s'estimant heureux de pouvoir décliner l'immense responsabilité qu'il n'avait point ambitionnée, il se retira à l'hôtel d'Angleterre.

Dans cet intervalle, les événements ayant subi de notables modifications, le père Vaures fut de nouveau chargé d'inviter le comte Rossi à se rendre au Quirinal. L'ex-ambassadeur, supposant avec

raison qu'il s'agissait de renouer les négociations, refusa d'abord, mais sur les instances pressantes du moine français, il lui dit : «Vous m'avez toujours donné d'excellents conseils dites-moi ce que je dois faire? Vous rendre à l'appel du pape et accepter le poste qu'il vous offre, répondit le père

Vaures.

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- «La situation est si difficile !

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<«< Raison de plus, d'ailleurs l'esprit de Dieu vous dirigera.

Que sa volonté soit faite!» répliqua Rossi ; et, pressant la main du père Vaures, il ajouta ces paroles de l'Évangile : In verbo tuo, laxabo rete; puis se rendant aussitôt chez le pape, il accepta définitivement la direction du cabinet constitué de la manière suivante :

Le cardinal Soglia, président et secrétaire d'État ;

Ciccognani, grâce et justice;

Montanari, commerce;

Le prince de Rignano, travaux publics et la guerre, par intérim ;

Guarini, ministre sans portefeuille ;

Rossi se réservait l'intérieur, la police, et, par intérim, les finances.

Dès lors, l'ex-ambassadeur de France, devenu ministre, se mit à l'œuvre avec courage, et fort de sa conscience, secondée par sa prodigieuse habi

leté, il espéra, sans trop de présomption, arriver à l'accomplissement de l'œuvre la plús difficile qui se fût jamais trouvée dans un pays complétement désorganisé. D'un dévouement sans bornes à la personne du pontife, d'un zèle infatigable, d'une activité à toute épreuve, il se rendait chaque jour au Quirinal pour imprimer lui-même aux divers rouages de la machine gouvernementale l'impulsion rapide de sa puissante volonté. Insensible aux cris de colère, aux injures, aux menaces même de la presse démagogique et des hommes du mouvement, il marchait fièrement devant lui d'un pas ferme sur le terrain qui s'était écroulé sous ceux qui l'avaient précédé. Quelques jours à peine s'étaient écoulés depuis son entrée au ministère, que l'influence de son habileté pratique se faisait déjà sentir dans toutes les branches de l'administration. Les premiers à répondre à son appel et jaloux de concourir au bien de l'État, les divers Ordres du clergé et les corporations religieuses, venant à son aide, offrirent au Saint Père une somme de vingt-un millions six cent mille francs.

Dans le même temps, le ministre infatigable, voyant tout et faisant tout par lui-même, projetait la réorganisation civile de l'Etat romain et négociait à Naples, Florence et Turin les bases d'une confédération des États italiens, répondant ainsi victorieusement, sur ce dernier point, aux

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