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figie du souverain Pontife. A l'évêque de Valence il écrivit la lettre suivante :

« Les desseins de Dieu, dont vous Nous parliez dans la lettre qui accompagnait le précieux objet que vous Nous avez envoyé et qui Nous rappelle la mémoire de Pie VI, se sont accomplis en Notre personne. Dans notre court voyage de Rome à Gaëte, où Nous Nous trouvons temporairement, Nous avons fait usage de la petite Pyxide et Nous avons ressenti beaucoup de consolation et de force à placer la très-sainte Hostie sur notre poitrine. Recevez Nos remerciements et l'assurance de Notre résignation à la volonté du Seigneur. Nous y joignons Notre bénédiction apostolique que Nous vous donnons de tout notre cœur.

<< PIE IX. »

De même que le sénat de Naples, qui le premier avait déposé ses hommages au pied de Sa Sainteté, le conseil d'État des Deux-Siciles, admis en sa présence, lui adressa, par l'organe de son président, un discours auquel le Saint Père fit une réponse, qui dans l'état où se trouvaient les choses, devenait un document politique, d'une importance telle que nous croyons devoir le reproduire ici :

<<< C'est avec beaucoup de gratitude, répondit le pape, que je reçois les témoignages d'affectueux dévouement du conseil d'État du seul royaume en Italie qui donne encore l'exemple de l'ordre et de la

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légalité, choses qui sont pour ainsi dire identiques et qui marchent toujours ensemble. Je prie Dieu, qu'au milieu de l'effervescence des passions, vous conserviez ces deux principes, sans lesquels il n'y a pas d'espoir. Nous bénissons dans toute l'effusion de notre cœur, ainsi qu'ils nous en prient, les membres du conseil d'État. Puissent-ils sans cesse assister de leur énergie et de leur courage un roi bon et pieux qui s'est montré si plein de zèle pour le bien du pays!

« Nous avons reçu ici l'hospitalité et nous y avons vu tous nos souhaits prévenus, lorsqu'il était si loin de notre pensée d'avoir besoin d'un asile. Aujourd'hui que les passions sont déchaînées et attisées par toute l'Italie, qui peut prévoir le terme de pareilles convulsions?

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Beaucoup de gens, il est vrai, parlent d'indépendance, mais fussent-ils dix millions d'hommes ayant cette même pensée, nous sommes sûr que nous n'en trouverions pas deux d'accord sur les moyens d'acquérir cette indépendance. Nous pouvons comparer, avec vérité, l'Italie à un malade accablé par la fièvre, se retournant sans cesse d'un côté sur l'autre pour trouver un soulagement qui le fuit sans cesse.

<< Dieu seul peut, dans sa clémence, porter remède à tant de maux! Prions-le donc humblement de dissiper les ténèbres qui enveloppent l'hu

manité, et de faire briller sa lumière dans toutes ses clartés. Vous faites maintenant de nouvelles lois, et de notre côté nous en méditons aussi pour le bien de ces bonnes populations. Avec l'aide de Dieu, leur exécution exacte suffira, car il faut seulement de prudentes modifications et non des changements fondamentaux. »

Cette allocution, indépendamment de sa portée politique, réfutait victorieusement les calomnies répandues avec tant de malveillance, contre le roi des Deux-Siciles, par la haine de la presse démagogique.

Chaque jour le Seigneur envoyait à son vicaire quelques nouvelles consolations; c'est ainsi que le 18 décembre, un détachement de carabiniers commandé par un brigadier, vint se présenter au Saint Père, sollicitant la grâce de rester près de sa personne. Le pape, après y avoir consenti, répondit à ce détachement fidèle :

« Braves soldats, je vous bénis, et quoique vous soyez en petit nombre, je me trouve extrêmement heureux de vous voir près de moi, parce que vous donnez une preuve d'attachement à votre souverain et de fidélité à la cause de la religion.... »

A cette époque, le Saint Père qui avait déjà fait, ainsi que nous l'avons vu, une première protestation contre les actes accomplis à Rome depuis la sédition qui l'avait obligé de fuir son ingrate ca

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pitale, en publia une seconde, dans laquelle il rappelait l'assassinat de son ministre et les excès dont ce crime avait été le signal. Après avoir déploré de nouveau l'ingratitude d'une partie de son peuple, il déclara illégale et sans effet la récente nomination de la junte suprême d'État. En même temps il frappait de nullité tous les actes qui en émaneraient, et il se référait entièrement à la nomination qu'il avait faite d'une commission gouvernementale.

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Dans cet état de choses, le ministère usurpateur avait promis aux clubs que la constituante romaine serait définitivement proclamée le 29 décembre; à cet effet, à l'ouverture de la séance de la Chambre des députés, qui eut lieu le 26 du même mois, l'un des ministres, Armellini, donna lecture d'une letque la junte avait adressée au cabinet, déclarant que si le ministère et les Chambres ne décrétaient pas immédiatement la convocation de la constituante romaine, la junte elle-même se verrait forcée de prendre l'initiative. Après cette lecture, le ministre prononça un discours, pour démontrer la nécessité de convoquer la constituante, disant que le moindre retard serait un sujet sujet de nouveaux troubles populaires.

Les tribunes où les agitateurs s'étaient rendus en grand nombre pour exercer leurs priviléges de pression, applaudirent cette proposition, qui pla

çait les députés dans l'alternative d'opter pour la loi ou pour les conséquences inévitables de l'é

meute.

Cependant la majorité de la Chambre, entraînée malgré elle sur un terrain gros de tempêtes se refusait à renier la loi fondamentale mise en péril par un acte qui remettait tout en question : quoique placée sous les cris et sous les menaces des tribunes publiques, elle aborda cette fois franchement la discussion. Quelques orateurs, plus résolus que les autres, établirent que la Chambre, incompétente pour changer les lois de l'État, dépasserait les limites de son mandat, en donnant suite à une proposition contre laquelle ils protestaient d'avance. Ces paroles courageuses, auxquelles la minorité factieuse et dominatrice n'était point accoutumée, firent éclater l'orage sur les bancs des tribunes publiques. Cet orage devint une tempête. Il redoubla lorsque plusieurs députés ayant déclaré que les délibérations n'étaient plus libres, prirent le parti de se retirer. La Chambre saisit avec empressement l'occasion de cette retraite pour déclarer à son tour que les députés ne se trouvant plus en nombre légal pour voter, la discussion était fermée de droit. Alors l'exaspération des tribunes publiques ne connut plus de bornes; les députés se levant au milieu des sifflets et des huées se dispersèrent à travers les outrages. Un peuple qui com

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