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en déshéritant les riches par les pauvres; passer le niveau fatal sur les arts, les sciences, les lois préservatrices et les institutions humaines; réduire la civilisation à l'état de la barbarie; détruire la famille; ensemencer de ruines les champs de leurs utopies, pour y récolter une société nouvelle, basée sur les rêves d'un état de choses impossible; refaire l'humanité, dénaturer à leur profit l'œuvre du créateur; usurper enfin les pouvoirs de Dieu! voilà le dernier mot de ces nouveaux Titans! Romains!

Autrefois, les Césars représentants de la force matérielle, ont fait de votre ville, la capitale du monde. Un jour, vos Césars disparurent sous les flots de poussière soulevés par le pied envahisseur des barbares du Nord, et Rome surprise laissa tomber de ses mains le sceptre de la puissance matérielle. Rome allait périr lorsque les représentants de la forcein tellectuelle, les papes venant à elle, la touchèrent de la croix et lui dirent: «< Relève toi, Rome, tu seras la ville éternelle. » Alors, sous la main des papes, comme autrefois le

Lazare sous celle de Jésus-Christ, Rome se releva sur son lit de ruines, elle ouvrit les yeux à la lumière et elle vit sur son front l'auréole d'une splendeur inconnue. La croix brillait à l'horizon de son ère nouvelle. Alors dans Rome catholique, l'empire de la force intellectuelle succéda à l'empire de la force matérielle, et Rome, retrouvant le sceptre suprême, redevint une seconde fois la capitale. du monde.

Romains!

Regardez maintenant autour de vous; regardez les nobles débris, les magnifiques vestiges de votre grandeur antique, regardez vos collines peuplées de souvenirs héroïques, regardez ces voies aux larges dalles, ces arcs majestueux par où les rois de la terre passaient le front courbé, derrière le char triomphal .de vos pères victorieux. Regardez ces jalons immenses, ces monuments gigantesques, ces phares glorieux jetés sur la route des siècles par la robuste main de vos ancêtres. Regardez ces bronzes, ces marbres, ces granits, magnifiques pages d'airain coulées dans votre his

toire qui vous les a conservés ces souvenirs dont, à juste titre, vous êtes si fiers? Les papes! Romains!

Regardez encore, regardez ces somptueux édifices couronnés par la croix rédemptrice, ces temples où l'autel du Christ a remplacé les idoles du paganisme, ces autels où la vérité règne, là où jadis trônait l'erreur, ces églises, où vos aïeux reposent en paix dans leur tombe à l'ombre du Seigneur, ces sanctuaires revêtus de porphyre, de marbre et d'or, ces vastes basiliques où les saints ministres de Dieu prient incessamment pour vous, ces dômes, ces coupoles, la Propagande, cette Pentecôte vivante, Saint-Pierre le prodige du catholicisme, Saint-Pierre le poëme de l'immensité architecturale, Saint-Pierre le plus merveilleux symbole de la puissance et de la foi catholiques qui vous a donné tout cela? Les papes!

Romains!

Regardez toujours

regardez ces galeries innombrables où le génie de l'homme a réuni

pour en parer votre cité, les merveilles sur

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les merveilles, ces musées où les chefs-d'œuvre des grands maîtres se pressent en foule sous le regard de l'admiration, ces toiles, ces tableaux, ces grandes pages signées Raphaël et Michel-Ange, ces statues, ces grandes images signées Phidias et Praxitèle, ces bibliothèques où se promènent errantes les grandes figures du Tasse et du Dante : qui vous les a conservées, qui vous en a dotés? Les papes!

Ces poëtes, ces archéologues', ces artistes, ces savants, qui des extrémités du globe viennent chercher parmi vous des chants, des souvenirs, l'étude et la méditation; ces caravanes de voyageurs qui traversent les sables du désert et les flots de l'Océan pour vous offrir leur or en échange de votre hospitalité, cette affluence d'hommes divers qui vous apportent le mouvement et le bien-être de la vie; ces catholiques à la foi brûlante et énergique qui, chaque année, se donnent rendez-vous, à jour fixe, sous les portiques dorés du Vatican qui les attire à Rome? Les papes! toujours les papes! C'est donc aux souverains pontifes que vous

devez, non pas seulement ce que vous êtes, mais encore ce que vous avez été depuis tant de siècles!

Romains!

Si les fatales espérances des hommes qui ont osé s'attaquer au représentant de Dieu sur la terre, devaient se réaliser un jour; si demain la tiare tombait du front de la papauté; si le pape devait reprendre après-demain le chemin de la terre étrangère et transporter ailleurs le siége d'une église qui ne peut périr, la ville que choisirait le Pontife pour abriter sa souveraineté suprême deviendraît la première ville du monde. Rome ne serait plus la ville éternelle. Rome, frappée de mort, irait bientôt là où vont toutes choses... La ronce des ruines, l'herbe des cimetières, croissant dans ses rues désertes et silencieuses, marqueraient à peine la place par où vous auriez passé.

Ainsi donc, Romains! entre les hommes qui vous perdraient, et les papes qui seuls peuvent vous sauver, c'est-à-dire entre le germe de la mort et le principe de la vie, choisissez!

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