une application, une tension, une dépense de volonté qui n'existaient pas dans le jaillissement spontané et comme irréfléchi et irraisonné de son verbe d'autrefois" (6). That his friend was right in regarding this verbal trouble as a primary indication of Gautier's decline is manifest from the testimony of the author's great facility in the use of words during his many years of production. The determination of this verbal gift is, moreover, of no little importance for the analysis of his artistic creation. The testimony dates from the year when Gautier was fifteen years old to the present time, forty-three years after his death. So the critic Albalat now writes: "On ne saurait écrire plus brillamment ni plus vite, . . Gautier se fiait tellement à son inspiration qu'il prétendait commencer ses phrases sans savoir comment il les finirait. Quand on connait son métier,' disait-il, 'elles retombent toujours sur leurs pieds’” (7). It was the school-boy's benefactor, that Abbé de Montesquiou who left Théophile his library, who serves as the first witness, when he writes to Gautier's father, on January 8th, 1826: . . J'espère que vous m'aurez déjà acquité avec M. Théophile et que vous aurez su choisir ce qui lui était le plus agréable; mais je veux qu'il me permette d'ajouter quelque avis sur sa belle poésie. . . Je "Elle est remarquable par sa facilité, et rien ne désarme plus la critique; mais on peut se la permettre lorsqu'il paroit si facile d'en profiter. fais ces observations à M. Théophile, parce qu'il arrive à l'âge où il faut se défendre de sa facilité. Elle est sans doute un don du ciel, mais elle est un peu ennemie du travail; elle éloigne ces méditations, ces recherches au fonds desquelles se trouvent cependant le beau et le sublime. Il faut donc combattre cette facilité, et le véritable moyen est d'orner sa mémoire des plus belles productions des grands maîtres. ." (8). In the following year, again, the kind Abbé thanks his godson once more for his gift of verses on the New Year, and once more finds them remarkable for their facility (9). Gautier's father himself considers this talent praiseworthy, and does not hesitate to express his pleasure in one of Théophile's first occasional pieces, “Le 28 juillet 1840" (10). However, the editor of the Roman de la Momie, Julian Turgan, does not think its author's verbal gift wholly admirable, and in a letter of amicable criticism takes him rather severely to task for his actual use of words as well as for a total disregard of the "cœur de tous ces gens": Primo: J'ai absolument (comme éditeur) besoin de deux jours de feuilletons de toi, demain et après demain; tu ne veux en faire qu'un parce qu'il te faut le temps de chercher des mots d'auteur.-Bon.-Alors je te dis: Fais-en un de mots d'auteur, et un petit de mots français ordinaire, agréable, melangé d'une douzaine seulement de mots d'auteur, et tu me rendras l'effet que je te demande. . . .' "Je comprends très bien que tu sois entraîné par la férocité de l'étude, par l'empoignement et la fièvre du rendu; mais moi, ton ami, je suis en dehors de la chose, et je crois que tes affaires gagneraient énormément par la contrainte même que tu t'imposerais de raconter l'amour d'Arthur et d'Eugénie, tout en décrivant leur culotte et leur gilet de flanelle" (11). The Goncourts, in this same year of the publication of the Roman de la Momie, take note of its author's facility and charm of speech, and ten years later their opinion remains unchanged: "1er mai 1857. . . . C'est une causerie tête à tête, simple, tranquille, bonhomme, allant sans se presser, mais tout droit, et sans surcharge de métaphores, et avec une grande suite dans l'enchainement des idées et des mots, et, par-ci, par-là, laissant percer une mémoire étonnante, où le souvenir a la netteté d'un cliché photographique" (12). "14 février 1868. Gautier dans ce logis inhospitalier de tous les côtés sème intarissablement les paradoxes, les propos élevés, les pensées originales, les fantaisies rares. Quel causeur,-bien, bien supérieur à ses livres, quelque valeur qu'ils aient, et toujours dans la parole au delà de ce qu'il écrit. Quel régal pour les artistes que cette langue au double timbre et qui mêle souvent les deux notes de Rabelais et de Henri Heine: de l'énormité grasse ou de la tendre mélancolie. "Il parlait, ce soir, de l'ennui, de l'ennui qui le ronge, parlait, comme le poète et le coloriste de l'ennui" (13). et il en In that same year the painter Hébert wrote to him of the "magnificence de langage, des perles et des diamants dans ton riche écrin " (14). Perhaps the most striking testimony to this power over words, however, is supplied by those friends of Gautier who wrote of him after his death; in any case, the accuracy of this evidence, and of its interpretation by later critics, cannot be doubted in the face of the judgments given during his lifetime. Feydeau, for example, who had watched the up-building of Tahoser in her Egyptian surroundings, found that her historian could, in the very process of writing, formulate his thought in its definitive form, and it is he also who records that, at the dinners of "la Présidente," " 'par une singulière et précieuse faculté de son esprit encyclopédique, il parlait absolument comme il écrivait. C'était la même pureté de style, la même abondance d'images, le même choix de pensées, les mêmes saillies, les mêmes traits" (16). Bergerat, too, who lived in the intimacy of the family during the last years of Gautier's life, records his fatherin-law's passion for word-games, his skill in the pastime of bouts-rimés, and in the invention of heraldic devices (17), and he tells the tale of the dictionary-game in which, in 1871, Gautier could define exactly the 60,000 words of Rivarol, but where, for the spelling, it was necessary for him to write those of which he felt uncertain: "Car il voyait les mots écrits, comme il les entendait à la fois chantés, et il fallait qu'ils passassent à l'épreuve de cette double opération où tout son art se révèle. En cela il était bien maitre poète, à fonds et à tréfonds, et ceux qui ne le sont pas ainsi ne le sont guère" (18). It was shortly after the death of the author that Paul Parfait's article on him appeared, with its illustrations after certain unpublished Algerian sketches by the traveller, and with a text which judged severely the merits of these drawings beside their facile and beautiful prose descriptions (19). So another associate, Charles Yriarte, writes that no matter how short the study made of Gautier, no one could omit a reference to an especial predisposition, a gift of the poet-that of admirable conversation, of a verbal endowment both abundant and charming, paradoxical and sure of its logic (20). Marcel attributes the poet's remarkable gift of speech, as well as his love for luminous form, to his meridional origin (21), and, as already noted, Albalat finds that this facility, which Gautier praised in his disciples, was the strength and the weakness of the good Théo (7). That Gautier praised verbal facility and felt that it was the foundation of his writing, in that, with his good syntax, his sentences always fell on their feet, is unquestioned. Bergerat quotes his famous conviction: "Celui qu'une pensée, fût-ce la plus complexe, une vision, fût-ce la plus apocalyptique, surprend sans mots pour les réaliser, n'est pas vain" (22). un écri He considered, also, that an aptitude for very rapid assimilation (and so the means for facility of expression) was characteristic of his century (23), and perhaps his advice to the young painter Leleux, "qu'il se défie de la facilité qui ne peut manquer de lui venir, qu'il se garde de peindre d'après des croquis ou des dessins faits à la hâte ou trop légèrement "(24), is a realization of the truth of his own godfather's warning in regard to an innate facility such as the mature author had developed and exploited in his literary technique. “Son érudition verbale était, en effet, tout à fait remarquable et il l'avait nourrie d'une lecture très abondante et très diverse. Ces acquisitions lui étaient du reste facilitées par une mémoire excellente et sa parfaite lucidité d'esprit lui permettait de se servir avec une aisance surprenante des matériaux ainsi amassés. Si Hugo était parfois porté à abuser de ses magnifiques ressources verbales, Gautier n'usait des siennes qu'avec une savante modération" (25). The ease of expression for which Gautier was noted implies, thus, an exceptionally good verbal memory, and there is no doubt, from the testimony of his friends, that the author was indeed remarkable in his power of remembering words and their meanings, bits of prose, and pieces of verse. The testimony of Bergerat shows the impression made by this faculty on those who witnessed its exercise: Vers ou prose, tout ce qui était à portée de sa main servait de pâture à son énorme curiosité de connaître. Et une fois le livre lu, il le savait à tout jamais et s'en souvenait encore dix ans après. S'il était contraint de sortir, sa promenade ne lui laissait pas une minute de repos ou d'oisiveté : le moindre tableau, le paysage le plus ordinaire, l'aspect des choses banales s'incrustaient dans cette mémoire avec une fixité d'airain. Il ne savait peutêtre pas les noms changeants des rues de Paris, mais il connaissait tellement la plus petite, la plus obscure et la plus délaissée par son aspect, qu'en y retournant vingt ans après, il aurait pu dire si on en avait changé un tuyau de cheminée. "Il y a sur cette prodigieuse mémoire et sur cette sûreté de vision des histoires presque fabuleuses et cependant scrupuleusement vraies. Théophile Gautier m'a conté lui-même que le Voyage en Russie n'a été écrit que quatre ans aprés le séjour qu'il y fit, sans aucune espèce de notes et sans l'ombre d'une rature. Et ce voyage, comme tous ceux qu'il a signés, passe pour une merveille d'exactitude" (26). It will be noted that the poet's son-in-law has remarked, in addition to verbal memory, the extraordinary habits of visual observation and recall on the part of Gautier. The truth of this assertion is pointed to by the poet himself, in his autobiography of 1867: "On doute parfois de la mémoire des enfants. La mienne était telle, et la configuration des lieux s'y était si bien gravée qu'après plus de quarante ans j'ai pu reconnaitre, dans la rue qui mène au Mercadieu, la maison où je naquis. Le souvenir des silhouettes de montagnes bleues qu'on découvre au bout de chaque ruelle et des ruisseaux d'eaux courantes qui, parmi les verdures, sillonnent la ville en tous sens, ne m'est jamais sorti de la tête et m'a souvent attendri aux heures songeuses" (27). The strong impression of the visual and the memory of forms are also evident from earlier work of Gautier, in his many accurate descriptions of things seen; two references to Marilhat's "Place de l'Esbekieh" aid in their demonstration: "La Place de l'Esbekich représentait l'Egypte avec un éblouissement de chaleur, un vertige de lumière, une exubérance de végétation incroyables. Il nous semble voir encore ce monstrueux caroubier au feuillage d'un vert noir, qui jetait des ombres bleues sur le sable orange, aux branches tordues, enlacées comme des nœuds de serpens boas. . . ." (28). "De l'Afrique, passons en Syrie, où M. Henri de Chacaton nous fait assister au départ d'une caravane. Reposons-nous un instant à l'ombre du platane d'Hippocrate, dans l'ile de Stanchio, géant végétal qui, pour la curiosité difforme de son tronc et les coudes étranges de ses branches, rappelle le caroubier monstrueux qui découpait son ombre bleue sur la place de l'Esbekieh, ce chef-d'œuvre de Marilhat" (29). If, however, words and observations entered freely into Gautier's memory-material, there were other possibilities of recall to which he did not respond so accurately-the factual and the auditory. It was only a couple of years after the publication of Mademoiselle de Maupin, for example, when the young author inserted in La Presse, as an isolated article just rediscovered, a portion of that novel which had already reappeared, but without indication of provenance, in the Monde dramatique of 1836 (30). So, too, the memories recorded in the Histoire du romantisme are notably inaccurate; the facts of the youthful escapades of the JeunesFrance had become myths. In a similar manner, sound as such evaded the author's memory. It was possible for him to recall in full the poems of others, and in his own work form and metre remained easily with him (31), but "le son particulier à un certain larynx, non. Et non-seulement ce son est perdu pour toujours, mais la mémoire humaine, ce miroir du temps et des choses n'en réfléchit rien. Est-ce bizarre!" (32). With this basis of facility in verbal expression, and in verbal and visual memory, what was Gautier's method of going to work, how did he set about his literary composition, and what procedure, |