voir, tant il a de qualitez convenables à un Souverain, & de véritable paffion pour la gloire. Il n'y en a pas beaucoup qui y tendent, quoi que tous le dûffent faire en ces places-là. Ce n'eft pas un vain phantôme Que la gloire & la grandeur; Y court avec plus d'ardeur, Qu'un Amant à fa Maîtreffe. Ennemi de la molleffe, En habile Potentat. De cette haute science L'Original eft en France. Jamais on n'a vû de Roi Qui fût mieux fe rendre Maître, Fort fouvent jufques à l'être Encore ailleurs que chez foi. L'Art est beau, mais toutes Têtes N'ont pas droit de l'exercer; LOUIS à fù s'y tracer Un chemin par fes Conquêtes. On trouvera fes leçons, Chez ceux qui feront l'Histoire : Et reviens à mes moutons, Ces moutons, Madame, c'eft Votre Alteffe, & Madame Mazarin. Ce feroit ici le lieu de faire auffi fon éloge, afin de le joindre au vôtre; mais toutes réflexions faites, comme ces fortes d'éloges font une matiére un peu délicate, je crois qu'il vaut mieux que je m'en abftienne. Vous vous aimez en Sœurs : cependant j'ai raison L'or fe peut partager, mais non pas la loüange. Deux Belles, deux Héros, deux Auteurs, ni deux Saints. Je fuis avec un profond refpect, &c. Réponse de Monfieur de Saint-Evremont, à la Lettre de Monfieur de la Fontaine, écrite à Madame la Ducheffe de Bouillon. S& Bottles que nous en fommes charmez, vous I vous étiez auffi touché du mérite de Madame l'auriez accompagnée en Angleterre, où vous euffiez trouvé des Dames, qui vous connoiffent autant par vos Ouvrages, que vous connoît Madame de la Sabliere , par vôtre commerce & votre entretien. Elles n'ont pas eu le plaifir de vous voir, qu'elles Jouhaitoient fort; mais elles ont celui de lire une Lettre affez galante & affez ingénienfe, pour donner de la jaloufie à Voiture, s'il vivoit encore. Madame de Bouillon, Madame Mazarin, & Monfieur Amballadeur, ont voulu que j'y fiffe ane efpece de réponse. L'entreprise eft difficile ; je ne laifJerai pas de me mettre en état de leur obéir. Je ne parlerai point des Rois, Ce font des Dieux vivans que j'adore en filence. Louez à notre goût, & non pas à leur choix, Dire de leur valeur ce qu'on a dit cent fois A leurs volontez, à leurs loix, Une parfaite obéïffance. Sans moi leur gloire a fi paffer les mers, Sans moi leur juste renommée Par toute la terre eft femée; Ils n'ont que faire de mes vers. Madame de Bouillon fe pafferoit bien de ma pro fe, après avoir la le bel eloge que vous lui avez envoyé. Je dirai pourtant qu'elle a des graces qui fe répandent fur tout ce qu'elle fait, & fur tout ce qu'elle dit; qu'elle n'a pas moins d'acquis que naturel, de favoir que d'agrément. de. En des conteftations affez ordinaires, elle disputė, avec efprit, fouvent à ma bonte avec raison, mais une raison raifon animée, qui paroît de la passion aux Connoisseurs médiocres, & que les délicats mêmes auroient de la peine à diftinguer de la colère dans une personne moins aimable qu'elle n'eft. Je passerai le chapitre de Madame Mazarin comme celui des Rois, dans le filence d'une fecrette adoration. Travaillez, Monfieur, tout grand Poëte que vous étes, à vous former une belle idée, & malgré l'effort de votre esprit, vous ferez honteux de ce que vous aurez imaginé, quand vous verrez une perfonne fi admirable. Ouvrages de la fantaisie, Fictions de la Poéfie, Dans vos chef-d'œuvres inventez, Vous n'avez rien d'égal à fes moindres beautez, Comparaisons aujourd'hui méprilées, Ce feroit embellir la lumière des Cieux, Que de la comparer à l'éclat de fes yeux. Et vous, Beautez, qu'on louë en fon absence, Par tous moyens traversez fon retour, Jeunes Beautez, tremblez au nom d'Hortenfe', Si la mort d'un Epoux la rend à vôtre Cour, Vous ne foûtiendrez pas un moment sa présence. Tome II. H Le folidité de Monfieur l'Ambassadeur l'a rendu affez infenfible aux louanges: mais quelque rigueur q'il tienne à fon mérite, il eft touché fecrettement de celles que vous lui avez données. Je voudrois que ma Lettre fût affez heureuse pour avoir le même fuccès auprès de vous. Vous poffedez tout le bon fens Qui fert à confoler des maux de la vieilleffe. Après avoir parlé de votre efprit, il faut dire un mot de votre morale. S'accommoder aux ordres du deftin, Aux plus heureux ne porter point d'envie, De ce faux air d'efprit que prend un libertin, Connoître avec le temps comme nous la folie, Et dans les vers, jeu, mufique & bon vin, Entretenir fon innocente vie, C'est le moyen d'en reculer la fin. Monfieur Waler dont nous regrettons la perte fenfiblement, a pouffe la vie & la vigueur de l'esprit jufqu'à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Et dans la douleur que m'apporte Ce trifte & malheureux trépas, Je dirois en pleurant que toute mufe eft morte; Si la vôtre ne vivoit pas. |