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Peut-on développer d'un jugement plus net
Tant de confeils fi néceflaires?

Les foins de fon Etat ne le laffent jamais ;

Et dans les travaux de la Paix

Il agit encore en Hercule.

Un autre cût tout perdu quand nous perdimes Jule;
Mais de quel changement eft fuivi son trépas?
Louis ne l'ayant plus, fait régir fes Provinces:
La machine de nos Etats,

Qui fans l'effort de cet Atlas

Eût fait fuccomber d'autres Princes,

Ne péle point au nôtre, & non plus que les Cieux
N'a befoin pour fupport que du maître des Dieux.

Tous les commencemens ayant été si beaux,
Celui de fon Hymen nous promet des miracles:
J'en attens un Dauphin, dont les exploits nouveaux
Ne pourront rencontrer d'affez puiffans obstacles.

La Victoire en tous lieux le doit accompagner.
Sans qu'il fe faffe craindre, on le verra régner.
C'est bien le mieux, qui le fait faire.
Les peuples les plus fiers fous un joug volontaire
Se verront d'eux-mêmes foumis.

Aux dépens de fes ennemis

Son Etat un jour doit s'accroître.

Il aura les Dieux pour amis,

Il aura fon Pére pour maître.

Théréle le portant avec un foin fi tendre
L'ornera de vertus, & de dons inoüis:

Jugez quel il doit être, & ce qu'on peut attendre
D'un chef-d'œuvre formé par elle, & par Louis.

De la Mére, il tiendra la douceur & les charmes;
Et de fon Pére, l'art de dompter par les armes,
Ceux qui résisteront à toutes fes bontez.
Il fera conquérant en diverfes maniéres ;
Et fon Empire un jour n'aura plus de frontières,
Non pas même les cœurs des plus fiéres Beautez.

Celle dont nous venons de chanter l'hyménée,
Ne peut qu'elle ne rende un tel œuvre accompli;
De bien moins de fleurons fa tête eft couronnée,
Que fon cœur de vertus ne fe montre rempli.
Les graces,
les beautez qui reluisent en elle
Ne font que la moitié d'un tout fi précieux:
Son efprit eft divin, fon ame eft toute belle:
Théréfe eft un chef-d'œuvre achevé par les Cieux.

Je me croyois forti d'une haute entreprise,
Et mon chant me fembloit ne pouvoir mieux finir:
Anne, par fes bontez dont mon ame est éprise,

S'eft

S'eft encor présentée à mon ressouvenir.

Notre Dauphin en doit tenir

Les mêmes dons; mais d'une autre maniére:

La fageffe aux confeils, l'efprit plein de lumiére,
La fermeté que l'on trouve aux Héros,

Et la conftance dans les maux;

(Mais quoi, de l'exercer il n'eft plus de matiére)
Vous dépeindre Anne toute entiére,

C'est pour ma Mufe un trop hardi projet.
Si vous regardez mon fujet,

Que dirai-je d'affez fublime?

Que ne dirai-je point, fi je fuïs mon devoir!

Dieux, qu'on eft empêché quand il faut qu'on exprime Ce qu'on ne fauroit concevoir!

Difpenfez-moi de cette peine;

Vous favez, Monseigneur, quelle eft Anne & Louis;

Vous voyez tous les jours notre nouvelle Reine;
Si vos yeux n'en font éblouis,

Je les tiens bons; ils le font, & perfonne

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N'en a douté jufques-ici;

Puiffent ils dans vingt ans veiller pour la Couronne !

Je ne vous plaindrai pas d'avoir un tel fouci.

Voilà, Monfeigneur, ce que je penfe fur ce fu

Tome II.

B

jet. J'ai corrigé les derniers vers que vous avez lûs, & qui ont eu l'honneur de vous plaire : j'efpére que vous les trouverez en meilleur état qu'ils n'étoient ; entre autres fautes, j'y avois mis un deux pour un trois, ce qui eft la plus grande rêverie dont un nourriffon du Parnaffe fe pût avifer; la bévûë ne vient que de-là: car je prens trop d'intérêt en tout ce qui regarde votre famille, pour ne pas favoir de combien d'Amours & de Graces elle eft compofée. Je me rétracterai plus amplement à la premiére occafion, & cependant je ferai toujours, Monfeigneur, &c.

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Cette Princeffe fe pare,

Et les Dieux, en la formant,

N'ont rien produit que de rare; Ils ont rendu fes appas

L'ornement de nos climats,

Et la gloire de notre âge.

Le confeil des Immortels
Augmenta par cet ouvrage
Les honneurs de fes Autels.

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