Images de page
PDF
ePub

ACANT E.

Polymnie, ils font Dieux,

APOLLON.

Je l'étois, & Daphné ne m'en traita pas mieux: Perdons ce fouvenir. Vous, triomphez, Acante. Nous vous laiffons, adieu; notre troupe eft contente.

FIN.

L'EUNUQUE, COMÉDIE

(

AVERTISSEMENT

AU

LECTEUR.

Ccellent original. Peu de perfonnes ignorent

E ici qu'une médiocre copie d'un ex

de combien d'agrémens eft rempli l'Eunuque Latin. Le fujet en eft fimple, comme le prefcrivent nos Maîtres; il n'eft point embarraflé d'incidens confus ; il n'eft point chargé d'ornemens inutiles & détachez; tous les refforts y remuent la machine, & tous les moyens y acheminent à la fin. Quant au noud, c'eft un des plus beaux & des moins communs de l'Antiquité. Cependant il fe fait avec une facilité merveilleufe, & n'a pas une feule de ces contraintes que nous voyons ailleurs. La bienféance & la médiocrité que Plaute ignoroit, s'y rencontrent par tout. Le Parafite n'y eft point goulu par-delà la vrai-femblance, le foldat n'y eft point fanfaron jufqu'à la folie, les expreffions y font pures, les penfées délicates ; & pour comble de loüange, la nature y inftruit tous les perfonnages, & ne manque jamais de leur fuggérer ce qu'ils ont à faire & à dire. Je n'aurois jamais fait d'examiner toutes les beautez de l'Eunuque; les moins clairvoyans s'en font apperçû auffi-bien que moi ; chacun fait que l'ancienne Rome faifoit fouvent fes délices de cet ouvrage, qu'il recevoit les applaudiffemens des honnêtes-gens & du peuple, & qu'il paffoit alors pour une des plus belles productions de cette Vénus Afriquaine, dont tous les gens

d'efprit font amoureux. Auffi Terence s'eft-il fervi des modelles les plus parfaits que la Grece ait jamais formez; il avoue être rédevable à Ménandre de fon fujet, & des caractéres du Parafite & du fanfaron. Je ne le dis point pour rendre cette Comédie plus recommandable; au contraire, je n'oferois nommer deux fi grands perfonnages, fans crainte de paffer pour profane & pour téméraire, d'avoir of travailler après eux, & manier indifcrettement ce qui a paffé par leurs mains. A la vérité c'eft une faute que j'ai commencée, mais quelques uns de mes amis me l'ont fait achever: fans eux elle auroit été fecrette, & le Public n'en auroit rien fû. Je ne prétends pas non plus empêcher la cenfure de mon ouvrage, ni que ces noms illuftres de Térence & de Ménandre lui tiennent lieu d'un affez puiffant bouclier contre toutes fortes d'atteintes ; nous vivons dans un fiécle & dans un pays où l'autorité n'est point respectée: d'ailleurs l'état des belles Lettres eft entiérement populaire, chacun y a droit de fuffrage, & le moindre Particulier n'y reconnoît pas de plus fouverain Juge que foi. Je n'ai donc fait cet Avertiffement que par une efpéce de reconnoiffance; Térence m'a fourni le fujet, les principaux ornemens & les plus beaux traits de cette Comédie : pour les vers & pour la conduite on y trouveroit beaucoup plus de défauts fans les corrections de quelques perfonnes dont le mérite eft univerfellement honoré. Je tairai leurs noms par refpect, bien que ce foit avec quelque forte de répugnance; au moins m'eft-il permis de déclarer que je leur dois la meilleure & la plus faine partie de ce que je ne

« PrécédentContinuer »