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Les fractures qui s'étoilent autour du massif ont été tracées par M. Ch. Vélain, professeur à l'Université de Paris, d'après les reconnaissances qu'il a opérées sur le terrain pour la construction de la Carte géologique détaillée et dont il a bien voulu nous communiquer les résultats.

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offrirent un refuge et des moyens de subsistance qui permirent à quelques espèces de se maintenir longtemps.

Dans le développement de la vie, comme dans la structure, les Vosges offrent l'intérêt d'un fragment de monde ancien, curieusement situé entre des contrées que des courants de circulation sillonnent et renouvellent. Peu à peu l'ensemble des formes animées qui s'y était concentré disparaît, cède à l'intrusion de formes nouvelles. La flore de physionomie boréale, héritage des époques glaciaires, restreint de plus en plus son domaine, limité désormais aux parties les plus hautes ou les moins accessibles. Tel a été aussi le sort de ces animaux, également legs du passé, que leur taille et leurs exigences de nourriture livrèrent à une destruction plus ou moins rapide. Les Vosges se modernisent dans leur population d'êtres vivants, comme dans leur aspect. Les populations humaines qui les ont primitivement habitées, et qui nous ont légué dans les dolmens, les abris sous roches, les enceintes fortifiées, des traces de leur occupation, ont sans doute laissé des éléments dans la population actuelle; mais il semble que leurs débris, émiettés dans quelques vallées, soient destinés aussi à se fondre prochainement. La redoutable force de l'industrie moderne, avec les habitudes qu'elle semble trop généralement entraîner, portera peut-être le dernier coup à ces

survivants.

L'élément le plus ancien de la population vosgienne appartient au même type brachycéphale que celui qui prévaut dans le Morvan et le Massif central. Traversé par d'autres couches de populations, que l'exploitation des mines ou une colonisation sporadique ont, à diverses époques, implantées jusque dans l'intérieur des Vosges, il subsiste néanmoins dans les hautes vallées des deux versants. Il descend sur le versant oriental avec les vallées dites welches, qui ont conservé leur patois roman. Une empreinte gauloise prononcée reste sur les Vosges. Les plus anciens monuments où se marque la main de l'homme ressemblent à ceux qui existent en différentes parties de la Gaule. Le Donon, comme le Puy de Dôme, a son culte perpétué plus tard par un temple. Sur le promontoire fameux où la légende de sainte Odile a succédé peut-être à quelque ancien sanctuaire, se dressent les restes d'une enceinte fortifiée semblable à celles qui couronnaient le mont Beuvray et d'autres sites stratégiques d'oppida gaulois. Ce fut sans doute un refuge, rendu nécessaire par les invasions qui vinrent de bonne heure assaillir la riche plaine. Chaque jour, les découvertes préhistoriques nous font mieux apprécier l'importance des groupes de population qui avaient occupé les fertiles terrasses limoneuses bordant le pied oriental du massif. Menacées par des ennemis, les

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POPULATIONS
HUMAINES.

populations du versant alsacien recherchèrent sur les sommets l'abri des fortifications naturelles. Ce sont elles qui ont dressé sur les cimes ces camps retranchés dont on voit des restes non seulement à Sainte-Odile, mais à Frankenburg, à l'entrée du Valde-Villé. C'est partout le rôle de la montagne d'offrir asile aux races refoulées.

Bien plus âpre, bien plus longue est la pénétration par le versant opposé. La vallée lorraine, irrégulière et raboteuse, serpente péniblement sur le flanc occidental du massif. Elle est tournée vers les vents pluvieux. Elle n'a ni le climat, ni les ressources naturelles des vallées du flanc opposé, ni le châtaignier, ni la vigne. C'est par saccades et par des efforts répétés qu'une population parvint à s'y constituer. Plus encore que sur le côté alsacien, il fallut l'action systématique des monastères pour introduire dans ces solitudes forestières la culture et la vie Épinal, Remiremont, Saint-Dié, Senones, Étival, etc. La vallée lorraine des Vosges ne s'est peuplée et n'a vécu que par l'appui des petites villes qui se sont formées sur sa périphérie. Plusieurs de ces villes gardent encore quelque chose de la physionomie de ces marchés urbains qui, à proximité des montagnes, s'établissent pour servir aux transactions avec les montagnards. Leurs grandes halles, leurs rues à arcades, leurs larges places les caractérisent, aussi bien que les eaux vives de leurs fontaines. C'est là que le Vosgien venait, à époques fixes, troquer son bétail ou les produits de son industrie, pour le grain nécessaire à sa nourriture, pour le lin qui devait occuper son travail d'hiver.

Avec la ténacité caractéristique de nos vieilles races de montagnes, une population s'implanta jusque dans les intimes replis du massif. Elle se fit place aux dépens des forêts, sur les flancs inférieurs des vallées, sur les versants où s'attardent les rayons du soleil. Dans les basses, le long des collines, tant qu'il fut possible de faire pousser entre les pierres quelques-unes de ces récoltes de seigle ou de méteil qu'on voit encore à moitié verts à la fin d'août, s'éparpillèrent les granges, séjours permanents de ces montagnards. Ces maisons larges et basses, dont les toits en bardeaux s'inclinent et s'allongent pour envelopper sous un même abri le foin, les animaux et les hommes, sont les dernières habitations permanentes qu'on rencontre avant les chalets où les marquaires viennent, en été, pratiquer leur industrie 1. Quelquefois un coin de terre plus soigné où l'on cultivait un peu de chanvre, où croissent quelques légumes, avoisine ces granges. On voit, dans les vallées qui confluent à la Bresse, le domaine qu'elles

1. Marquaire, altération française de melker (celui qui trait les vaches).

se sont taillé sur les versants tournés vers le Sud, entre les champs pierreux qui montent jusqu'à lisière de bois et les talus de moraines qui leur fournissent souvent un meilleur sol. Jusqu'au-dessus de 800 mètres, les dernières granges se hasardent; ensuite, il ne reste plus qu'à s'élever encore de 200 ou 300 mètres pour atteindre les chaumes, les pâturages d'été qui, dès le vir siècle, commencèrent

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CARTE 33. TYPE DE HAUTE VALLÉE VOSGIENNE DU VERSANT LORRAIN. Par les collines ou versants des vallées, la Bresse a essaimé peu à peu jusqu'à proximité des chaumes. Des routes modernes remontent les vallées. Mais, au XVIe siècle, le chemin appelé chemin des Marchands, venant de Münster et passant au Sud du Rheinkopf, se dirigeait directement vers la Bresse : preuve qu'auparavant le haut de la vallée n'était pas encore occupé. (Voir la carte de Thierry Alix, aux archives de Meurthe-et-Moselle.)

à être méthodiquement exploités. Par eux et par les seuils tourbeux qui les avoisinent on franchit aisément la ligne de faîte qui sépare des riches vallées d'Alsace. Il y avait ainsi près du Rothenbach, au sud du Hohneck, un vieux « chemin des Marchands », que pratiquaient les gens de la Bresse pour se rendre dans la vallée de Münster. Ces hameaux épars dans les vallées formèrent de petites autonomies. Sous le nom de Bans, qu'on retrouve dans toutes les parties des Vosges, ils se groupèrent en petites unités distinctes, ayant leurs relations, leurs costumes et leurs moeurs. On ne s'étonne pas, dans quelques-uns de ces replis retirés, de voir encore de petites communautés d'anabaptistes vivant à part.

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