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a été successivement conquise sur le récif qui l'environne; les forêts de sa partie basse sont presque généralement marécageuses; une foule de ruisseaux s'y perdent, et les caur de la mer y filtrent à travers les coraux. Les vents pénètrent difficilement sous les grandes forêts qui couvrent le pays jusqu'à la plage; aussi l'humidité est-elle, sans aucun doute, extrêmement nuisible à la constitution des habitants; il faut la compter au nombre des causes prédisposantes de l'éléphantiasis, si commun dans cette île. Oïalava et Maouna, que nous avons prolongées, ont la même configuration géologique; il en résulte nécessairement la même topographie et les mêmes conséquences pathologiques. En général, parmi les îles hautes, les plus saines sont celles qui plongent à pic dans l'Océan, où aucune plaine ne s'étend du pied de la montagne à la mer. Les îles Marquises surtout, Taiti et les autres îles de cet archipel jouissent de cette heureuse disposition.

que

En résultat, les Océaniens de la Polynésie équatoriale constituent un bel embranchement de la race mongolique; ils sont supérieurs en tout aux Américains, et physiquement et moralement. Les principaux archipels ont été trouvés dans un état de civilisation tout aussi avancé le Pérou et le Mexique, si dans cette comparaison l'on sait avoir égard aux nombreux matériaux qui manquent aux insulaires, aux limites rétrécies de leur patrie, et, par conséquent, de leurs idées. Au contraire, si l'on fait attention à l'abondance des moyens qu'un vaste continent offre à l'intelligence humaine, on s'étonnera que les plus civilisés des Américains fussent encore aussi reculés au moment de la découverte du Nouveau-Monde. On ne peut comprendre cet état de barbarie prolongée qu'en supposant que l'homme n'apparut en Amérique que longtemps après l'établissement de la race blanche en Europe et en Asie. L'histoire, en plaçant sous nos yeux le tableau des grandes inconstances de la fortune, nous a montré de puissantes nations tombant

du faîte de l'intelligence dans une profonde ignorance; mais elle nous montre aussi les sciences, les lettres et les arts fuyant la brutalité triomphante et recevant l'hospitalité sur des terres voisines; chassés de peuple en peuple, ils laissent en tous lieux des traces de leur passage. En Amérique seulement ils n'auraient rien laissé! Le raisonnement se refuse à une pareille exception : les mœurs de 1492 n'étaient encore, chez les Mexicains et les Péruviens autochthones, que l'héritage de la barbarie; aucun vestige de civilisation ne s'observait autour de ces deux peuples: l'homme y était partout sans loi, sans chef; il courait les bois et en disputait la domination aux animaux.

Il faut l'avouer pourtant, les progrès intellectuels des hommes dépendent beaucoup de la facilité de leurs communications, de la fusion et de la rivalité des esprits; or, la forme géographique de l'Amérique, ses fleuves, ses montagnes, ses forêts, autant que son isolement et que son éloignement des grands centres de civilisation qui fécondèrent tour à tour différentes parties de l'Europe et de l'Asie, apportèrent d'immenses obstacles à la civilisation de ce continent.

Les insulaires de la mer du Sud ont cependant plus d'intelligence que les Mexicains, dans ce sens qu'ils ont plus de pénétration, plus de vivacité, plus de sensibilité. Dans ce rapprochement comparatif, l'intelligence des Chiliens n'occupera que le troisième rang. Quant aux Péruviens, ils sont impassibles comme leur climat: jamais esprit ne fut plus lourd,. plus lent, plus indifférent; ce que les historiens de la conquête du Pérou disent de leur bonté prouve qu'ils étaient alors ce qu'ils sont aujourd'hui, c'est-à-dire qu'ils poussaient la bonté jusqu'à la bêtise. Les stupides Patagons pourraient bien leur disputer ce genre de débonnaireté 1.

1 Les Américains ne surent jamais profiter des lumières de la civilisation européenne pour secouer le joug de l'étranger; c'est la meilleure preuve que

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Si des hommes éclairés, véritablement animés du feu sacré, prêchent un jour une morale consolante, claire, facile, aux insulaires de la Polynésie, s'ils prêchent d'exemple surtout, s'ils exigent plus d'eux-mêmes que de leurs néophytes, nul doute que ces derniers ne fassent de rapides progrès. Ils sont légers, fort attachés au plaisir; mais ils sont prompts à saisir, pleins de curiosité; ils promettent de l'imagination; ils iront au-devant de l'instruction.

Du croisement avec les Européens il résultera une race métis magnifique, si de bonnes lois autorisent et règlent ces alliances et si l'industrie porte promptement les habitations sur les revers élevés des montagnes.

Les métis péruviens et chiliens, les montagnards principalement, ainsi qu'on peut le voir si facilement à Lima, à Valparaiso, sont de beaux hommes, pleins de force, d'adresse, capables de résolution et d'une intelligence remarquable. Il serait bien nécessaire qu'un clergé instruit leur donnât l'exemple de la vertu, que des institutions libérales vinssent au secours de leur ignorance; car ils retournent à grands pas à l'état sauvage.

N° 120.

Moyens

LETTRE de M. Gourio de ReFUGE, lieutenant de vaisseau. de rendre facile, lors d'un débarquement, l'emploi à terre des obusiers de montagne employés à bord. — Lacune dans l'Exercice des bouches à feu.

A bord du vaisseau le Suffren, rade de Brest, 2 décembre 1842. Monsieur le rédacteur, la commission navale, assemblée, en 1841, pour arrêter un exercice des bouches à feu en rapport avec les améliorations introduites récemment dans l'ar

l'on puisse invoquer contre les merveilles de leurs anciens empires. Là encore l'histoire nous trompe.

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