AVERTISSEMENT. Au commencement de chaque année nous sommes admis à présenter les Annales maritimes et coloniales au prince sous les auspices duquel elles paraissent tous les mois. Ce n'est pas seulement pour nous une grande faveur, c'est encore pour notre recueil une cause de notables améliorations. Dans les audiences qu'il nous accorde, monseigneur le prince de Joinville passe rapidement en revue les principaux articles de l'année précédente et daigne nous donner sur l'ensemble de la publication des conseils que nous mettons toujours à profit. « Les officiers de la marine, nous a-t-il dit cette année, éprouvent le besoin d'ajou«ter à la pratique assidue du métier de la mer une étude approfondie de l'art naval dans ses progrès non-seulement en France, mais aussi chez les étrangers. Il serait avantageux de faire connaître dans les ports et sur la flotte, par la voie des Annales maritimes, les mémoires, notices ou observations intéressantes que renferment les jour 4 ན་ «naux d'Europe et d'Amérique consacrés, en tou ou en partie, à la marine.» 1 Le prince nous a donc recommandé de don ner à l'avenir un peu plus d'étendue aux extrait traduits des publications étrangères qui traiten des matières maritimes, telles que l'hydrogaphic les constructions navales, l'artillerie de mer, médecine nautique, les bâtiments à vapeur, sur tout sous le rapport des combinaisons de la va peur avec les voiles, de l'emploi, de l'économie o du remplacement du combustible, des moyen de diminuer les naufrages sur les côtes ou d'e atténuer les terribles effets, etc., etc. Les intentions de son Altesse Royale seront rem plies. Sans négliger les journaux de marine de autres pays, nous nous attacherons particulière ment à ceux qui, comme les Annales maritimes paraissent mensuellement en Angleterre et porten les titres suivants : Nautical magasine, Mechanich' magasine, United service gazette naval and military Pour l'observation comme pour la pratique tou leurs articles ne sont pas sans doute d'un égal in térêt, mais le ministre a chargé MM. les inspec teurs généraux des divers services, ainsi que M. 1 vice-amiral directeur général du dépôt des carte et plans, d'indiquer les articles à traduire, et il en a de la plus haute importance pour la navi gation et pour les arts qui la concernent. B. ANNALES MARITIMES ET COLONIALES. N° 1. Ma DOCUMENTS INÉDITS sur l'histoire de la marine (xvI° siècle). nuscrits n° 9749-3, 7972-8 et 7168-33 A. de la Bibliothèque royale. — Publiés et annotés par A. JAL, historiographe de la marine. (Inséré par ordre du ministre.) M. le ministre de la marine m'a ordonné de publier tout ce que je pourrai trouver de documents propres à faire connaitre la marine, et surtout la marine française, à ses differents âges. J'ai accepté avec plaisir une tâche dont je sens toute l'importance. Déjà, pour répondre aux intentions de Son Excellence. dans un mémoire qui peut être considéré comme un complément au Mémoire n° 7 de mon Archéologie navale, j'ai enregistré les pièces intéressantes que j'ai découvertes à Gênes, sur la marine du x siècle et les deux voyages outre-mer de saint Louis; aujourd'hui je vais mettre en lumière trois documents inédits, relatifs à la marine du AVT siècle. Ces documents sont restés enfouis jusqu'à ce jour dans un de nos grands dépôts publics, parce que, malheureusement, jusqu'ici aucun éditeur n'a été dans les conditions d'études spéciales où il faut être pour donner utilement de pareils textes, c'est-à-dire pour les rendre intelligibles aux hommes de mer comme aux érudits. De ces trois documents, un seul peut être publié en en tier; une notice analytique suffit pour chacun des deux autres. Voici ce qui motive cette distinction : Le premier est un tableau de l'état de la marine à la fin du règne de Louis XII et au commencement du règne de François I, tableau tracé par un marin célèbre à cette époque, le seigneur Antoine de Conflans; Le second est un compte rendu de la dépense faite pour le radoub et l'armement de trois galéaces et d'une galère, en 1537 et 1538; Le troisième est un projet adressé à Henri II pour l'armement d'une flotte de 60 galères. On concevra aisément que, si les détails de ce projet et de ce compte rendu peuvent servir à expliquer certains passages du premier des documents que j'annonce (et, en effet, j'en ferai un assez grand usage dans ce but d'élucidation) c'est seulement ce qui est une pièce tout à fait historique, ce qui est un exposé de l'état réel des choses, à un moment précis, qu'il importe d'imprimer intégrale ment. C'est ainsi que je procéderai. Je publierai in extenso le premier des manuscrits dont je viens de parler; j'analyserai les deux autres pour montrer de quel intérêt ils sont pour l'histoire générale, et pour celles de l'art naval et de la marine française en particulier. Je reproduirai scrupuleusement le texte d'Antoine de Conflans. J'aurais pu lui prêter une physionomie plus moderne; mais je suis, en principe, contre de telles transformations; et puis je crois qu'il est bon que les officiers de la marine, à qui surtout s'adresse la publication présente, se familiarisent par cette lecture avec celle des documents analogues qu'ils pourraient rencontrer dans leurs explorations à l'étranger. |