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tion que j'en ai eu à confidérer celle-là.

Encouragements de l'Agriculture.

L'Agriculture Chinoise a bien d'autres encouragements. Chaque année les Vice-Rois de chaque Province envoyent à la Cour les noms des laboureurs qui fe font le plus diftingués dans leur culture, foit en défrichant & faifant valoir des terreins regardés comme ftériles, foit en faifant rapporter davantage par une meilleure culture, un terrein anciennement mis en valeur.

Tous ces noms font préfentés à l'Empereur qui accorde aux cultivateurs nommés, des titres honoraires pour les diftinguer du commun. Si un laboureur a fait quelque découverte importante, & qui puiffe influer fur l'amélioration de l'Agriculture publique, ou fi par quelque endroit il

mérite des égards plus diftingués que les autres, l'Empereur l'appelle à Pékin, le fait voyager aux fraix de l'Empire, & avec dignité, le reçoit dans fon Palais, l'interroge fur fes talents, fur fon âge, fur le nombre de fes enfants, fur l'étendue & la qualité de fes terres, l'accable de bontés, & le renvoye à fa culture avec un titre honorable, & comblé de bienfaits.

Lequel eft le plus heureux, Meffieurs, ou du Prince qui fe conduit ainfi, ou de la nation qui eft ainsi gouvernée? Chez un peuple où tous font égaux & où tous afpirent après les diftinctions, de tels encouragements doivent bien infpirer l'amour du travail & l'émulation pour la culture des terres.

Attention du Gouvernement Chinois.

En général, toute l'attention du

Gouvernement Chinois eft dirigée vers l'Agriculture. Le foin principal d'un pere de famille doit être de penfer à la fubfiftance de fes enfants. Ainfi l'état des campagnes eft le grand objet des travaux, des veilles & des follicitudes des Magiftrats. On conçoit facilement qu'avec de telles dif pofitions, le Gouvernement n'a pas négligé d'affurer aux cultivateurs, la liberté, la propriété & l'aisance qui* font les feuls fondements d'une bonde Agriculture,

Les Chinois jouiffent librement de leurs poffeffions particulieres & des biens qui, ne pouvant être partagés par leur nature, appartiennent à tous; tels que la mer, les fleuves, les canaux, le poiffon qu'ils contiennent, & toutes les bêtes fauvages; ainfi la navigation, la pêche & la chaffe font libres. Celui qui achete un champ ou qui le reçoit en héritage de fes peres, en eft feul Seigneur & maître.

Les terres font libres comme les hommes, par conféquent point de fervices & partages, point de lods & ventes, point de ces hommes intéreffés à defirer le malheur public, de ces fermiers qui ne s'enrichiffent jamais plus que lorfqu'un défaut de récolte a ruiné les campagnes, & réduit le malheureux laboureur à mourir de faim, après avoir fué toute l'année pour nourrir fes freres; point de ces hommes dont la profeffion deftructive a été enfantée dans le délire des loix féodales, fous les pas defquels naiffent des milliers de procès qui arrachent le cultivateur à la charrue, pour l'envoyer dans les retraites obfcures & dangereufes de la chicane, défendre fes droits & perdre un temps précieux pour la nourriture des hommes.

Les impôts établis à la Chine font invariables.

Enfin, il n'y a point d'autre Seigneur, d'autre décimateur que le pere commun de la famille, l'Empereur. Les Bonzes, accoutumés à recevoir les aumônes d'un peuple charitable, seroient mal reçus de prétendre que cette aumône eft un droit que le Ciel leur a donné.

La Dixme.

Cet impôt, qui n'est pas exactement la dixieme partie du produit, est réglé fuivant la nature des terres; dans le mauvais fol, ce n'eft que la trentieme partie, &c. La dixieme portion de tous les biens de la terre appartient à l'Empereur. Voilà le feul & unique droit impofé fur les terres, le feul tribut connu en Chine depuis l'ori

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