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PARTI DE TROUPES COSAQUES

ET TARTARES.

Tableau de sept pieds de haut, sur cinq pieds six pouces de large.

Ils reviennent du pillage. Ils ont rassemblé leur butin pour le partager. La scène est tranquille. Pourquoi s'asservir si scrupuleusement au costume et aux mœurs? Il me semble qu'une querelle survenue entre ces brigands auroit animé cette froide composition, où l'on n'est intéressé que par le pittoresque des vêtemens, et dont on n'a à louer que la touche des figures qui est plus large ici qu'en aucune des compositions de cet artiste. Le technique s'acquiert à la longue; la verve, l'idéal ne vient point, il faut l'apporter en naissant. Je dirois volontiers aux Quarante, rassemblés trois fois la semaine au Louvre : Eh! que m'importe qu'il n'y ait pas un sollécisme dans tous vos écrits, s'il n'y a pas une idée frappante, pas une ligne qui vive? Vous écrivez comme Leprince peint, et comme Pierre dessine: très-correctement, d'accord; mais très-froi

dement. Il n'y a, à proprement parler, que trois grands peintres originaux, Raphaël, le Dominiquin et le Poussin (1). Entre les autres, qui forment pour ainsi dire leurs écoles, il y en a qui se sont distingués par quelques qualités particulières. Le Sueur a son coin; Rubens le sien. On pourra reprocher quelquefois à celui-ci une mâin estropiée, une tête mal emmanchée; mais quand vous avez vu ses figures, elles vous suivent et vous inspirent du dégoût pour les

autres.

PRÉPARATIFS POUR LE DÉPART D'UNE HORde.

Tableau de deux pieds six pouces de haut, sur deux pieds trois pouces de large.

A droite, des arbres auxquels on a suspendu un cimeterré, un carquois plein de flèches, et d'autres armes. Un Calmouck est

(1) Et le Corrège? à votre avis, n'est-ce pas u peintre original ?

occupé à les détacher. Il obéit à l'orde de son officier, qui est debout et qui lui commande. Entre l'officier et le Calmouck, sous une tente formée d'un grand voile tendu on voit un Tartare et sa femme assis. La femme est tout-à-fait agréable; elle intéresse par son naturel et sa grace. Sur la gauche, l'Horde commence à défiler.

Morceau où l'on voit tout ce que l'artiste a de talent et de défauts. Bon, et puis c'est tout.

PASTORALE RUSS E.

Tableau de la grandeur du précédent.

Songez, mon ami, que je laisse toujours-* là les mœurs que je ne connois point. Les artistes diront de celui-ci tout ce qu'il leur plaira; mais il a un sombre, un repos, une paix, un silence, une innocence qui m'enchantent. Il semble qu'ici le peintre ait été secondé par sa propre foiblesse. Ce sujet simple demandoit une touche légère et douce; elle y est. Peu d'effet de lumière ; il y en a peu. C'est un vieillard qui a cessé de jouer

de sa guitarre, pour entendre un jeune berger jouer de son chalumeau. Le vieillard est assis sous un arbre je le crois aveugle. S'il ne l'est pas, je voudrois qu'il le fût. Il y a une jeune fille à côté de lui. Le jeune garçon est assis à terre, à quelque distance du vieillard et de la jeune fille. Il a son. chalumeau à la bouche. Il est de position, de caractère, de vêtement, d'une simplicité qui ravit. Sa tête sur-tout est charmante. Le vieillard et la jeune fille écoutent à merveille. Le côté droit de la scène montre des rochers au pied desquels on voit paître quelques moutons. Cette composition va droit à l'ame. Je me trouve bien là. J'y resterai appuyé contre cet arbre, entre le vieillard et la jeune fille, tant que le jeune garçon jouera. Quand il aura cessé de jouer, et que le vieillard remettra ses doigts sur sa balalaie, j'irai m'asseoir à côté du jeune garçon; et lorsque la nuit s'approchera, nous reconduirons, tous les trois ensemble, le bon vieillard dans sa cabane. Un tableau avec lequel on raisonne, qui met le spectateur en scène et le mêle avec ses acteurs, et dont enfin l'ame reçoit une sensation délicieuse, n'est jamais un mauvais tableau.

Vous me direz qu'il est foible de couleur.... D'accord!...... Qu'il est sourd et monotone...... Cela se peut. Mais il touche mais il arrête; et que m'importent tes passages de tons savans, ton dessin pur et correct, la vigueur de ton coloris, la magie de ton clair-obscur, si ton sujet me laisse froid? La peinture est l'art d'aller à l'ame par l'entremise des yeux. Si l'effet s'arrête aux yeux, le peintre n'a fait que la moindre partie du chemin.

PÊCHE AUX ENVIRONS DE PÉTERSBOURG.

Tableau de deux pieds six pouces de haut sur deux pieds trois pouces de long.

Triste et malheureuse victime de Vernet!

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