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UN CAVALIER ESPAGNOL.

Petite composition de dix pouces de large, sur quatorze pouces de haut.

L'Espagnol est à cheval; il occupe presque toute la toile. La figure, le cheval et l'action sont du plus grand naturel. On voit à droite une troupe de soldats qui défilent vers le fond; à gauche, ce sont des montagnes très

suaves.

Bean petit tableau, très-vigoureux, trèschaud de couleur et très-vrai. Bonne touche et spirituelle. Effet décidé, sans dureté. Achetez ce beau petit tableau, et soyez sûr de ne vous en jamais dégoûter, à moins que vous ne soyez né inconstant dans vos goûts. On quitte la femme la plus aimable sans autre motif que la durée de ses complaisances; on s'ennuie de la plus douce des jouissances sans trop savoir pourquoi. Pourquoi le tableau auroit-il quelque privilège sur la chose? C'est pourtant un présent bien agréable que la vie! L'habitude rend les choses plus nécessaires, la possession moins flatteuse et les privations plus cruelles. Comme cela est arrangé! Y avez-vous jamais rien compris ?

BAUDOUIN.

PEINTRE EINTRE en miniature. Bon garçon, qui a de la figure, de la douceur, de l'esprit, un peu libertin ; mais, qu'est-ce que cela me fait? Ma femme a ses quarante-cinq ans passés, et il n'approchera pas de ma fille, ni lui, ni ses compositions.

Il y avoit au Salon une quantité de petits tableaux de Baudouin, placés dans l'embrâsure d'une fenêtre, et toutes les jeunes filles, après avoir promené leurs regards distraits sur quelques tableaux, finissoient leur tournée à l'endroit où l'on voyoit la Paysanne querellée par sa mère et le Cueilleur de cerises: c'étoit pour cette travée qu'elles avoient réservé toute leur attention. A un certain âge, on lit plutôt un ouvrage libre qu'un bon ouvrage, et l'on s'arrête plutôt devant un tableau ordurier que devant un bon tableau. Il y a même des vieillards qui sont punis de la continuité de leurs débauches, par le goût stérile qu'ils

en ont conservé. Quelques-uns de 'ces vieillards se traînoient aussi, béquille en main dos voûté, lunettes sur le nez, aux petites infamies de Baudouin.

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LE CONFESSIONNAL.

Un confessionnal est occupé par un prêtre ; il est entouré d'un troupeau de jeunes filles qui viennent s'accuser du péché qu'elles ont fait, ou qu'elles feroient volontiers: voilà pour l'oreille gauche du confesseur. Son oreille droite entendra les sotises des vieilles, des vieux et des petits morveux. qui occupent ce côté. Le hazard ou la pluie a fait entrer deux grands égrillards dans l'église; les voilà qui ruent tout à travers le troupeau des jeunes pénitentes. Le scandale s'élève le prêtre s'élance de sa boîte;" il s'adresse durement à nos jeunes étourdis; voilà le moment du tableau. Le prêtre est à moitié hors du confessionnal; il a l'air indigné. Un de ces jeunes gens, la lorgnette à la main, l'air ironique et méprisant, la tête retournée vers le confesseur, est tenté

de lui dire son fait. Son camarade, qui pressent que l'affaire peut devenir grave, cherche à l'entraîner. Les jeunes filles ont la plupart les yeux hypocritement baissés. Les vieilles et les vieillards sont courroucés. Les marmousets,, placés derrière leurs parens, sourient. Cela est plaisant; mais la piété de notre archevêque (1), qui n'entend pas la plaisanterie, a fait ôter ce morceau du salon.

L'ESPÉRANCE DECU E.

Dans un petit appartement de plaisir, un boudoir, on voit, nonchalamment étendu sur une chaise longue, un petit-maître peu disposé à renouveller sa fatigue. Debout, à côté de lui, une jeune fille en chemise, l'air piqué, semble lui dire en se remettant du rouge : Quoi! c'est-là tout ce que vous savez?

(1) Nota que la piété éclairée du prélat n'a pas été choquée du Cueilleur de cerises, ni de la Fille quereliée, mais seulement du Confessionnal,

LE CUEILLEUR DE CERISES.

On voit sur un arbre un grand garçon jardinier qui cueille des cerises. Au pied de l'arbre, une jeune paysanne prête à les recevoir dans son tablier. Une autre paysanne, assise à terre, regarde le cueilleur. Entre celle-ci et l'arbre, un âne, chargé de ses paniers, qui broute. Le jardinier a jetté sa poignée de cerises dans le giron de la paysanne; il ne lui en est resté dans la main que deux accouplées qu'il tient suspendues au doigt du milieu. Mauvaise pointe. Idée grossière et plate; mais je dirai mon avis sur cela, à la fin.

PETITE IDYLLE GALANTE.

A droite, une ferme avec son colombier. A la porte de la ferme, au-dessous du colombier, une jeune paysanne assise, ou plutôt voluptueusement renversée sur un banc de pierre. Derrière elle, sa sœur cadette, debout: elles regardent, toutes deux, deux pigeons qui sont à terre, à quelque

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