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prochain pour prendre notre parti sur cet

artiste.

Au reste, un écho est un son réfléchi; un écho de lumière est une lumière réfléchie. Ainsi, une lumière qui tombe fortement sur un corps, d'où elle est renvoyée sur un autre, lequel en est assez vivement éclairé pour la réfléchir sur un troisième, et de ce troisième sur un quatrième, etc. forme, sur ces différens objets, des échos, comme un son qui va se répétant de montagne en montagne. Ce terme est technique, et c'est en ce sens que les artistes l'emploient.

UN PAYSAGE.

Tableau de vingt-deux pouces sur dix-huit.

On y voit un pâtre debout sur une butte. Il joue de la flûte; il a son chien à côté de lui, avec une paysanne qui l'écoute. Du même côté, une campagne; de l'autre, des rochers et des arbres. Les rochers sont beaux; le pâtre est bien éclairé et de bel effet : la femme est foible et floue; le ciel, mauvais.

L'ABSENCE

L'ABSENCE DES PÈRES ET MÈRES

MISE A PROFIT.

A droite, sur de la paille, un havresac avec une carnacière; à côté, un petit tambour. Plus vers le fond, une cuve de bois, avec du linge mouillé et tors jetté par dessus; plus dans l'enfoncement du mur, un pot de grès en urne avec une bouilloire. Puis, la porte de la chaumière, par laquelle sort un chien, poil jaune, dont on ne voit que la tête et un peu des épaules; le reste du corps est couvert par un chien, poil blanc, portant au col un billot. Ce chien est sur le devant; il a le maseau posé sur une espèce de tonné ou grand baquet qui fait table : sur cette table, mettez un bout de nappe, un plat de terre verni en verd et quelques fruits.

D'un côté de la table, sur le fond, vers la droite, on voit une petite fille assise de face, ayant une main sur les fruits, l'autre sur le dos du chien jaune. Derrière et à côté de cette petite fille, il y a un petit garçon un peu plus âgé, faisant signe de la main et parlant à un de ses frères qui est assis à terre auprès de l'âtre; l'autre main de

Y

celui-là est posée sur celle de sa petite sœur et sur le chien jaune: il a aussi la tête et le corps un peu portés en avant.

De l'autre côté de la table, devant le foyer qui est tout-à-fait à l'angle gauche du tableau, et qu'on ne reconnoît qu'à la neur du feu, un frère plus grand est assis à terre, une main appuyée sur la table, et tenant de l'autre la quene d'un poëlon. C'est à celui-ci que son frère cadet parle et fait signe.

Sur le fond, tout-à-fait dans l'ombre, on apperçoit un autre garçon déjà grandelet, tenant embrassée et pressant vivement la sur aînée de tous ces marmots; elle paroît se défendre de son mieux.

Tous ces enfans ont un air de famille commun avec leur sœur aînée; et je présume que sicette chaumière n'est pas celle d'un guèbre, le garçon graudelet est un petit voisin qui a pris le moment de l'absence du père et de la mère pour venir faire une petite niche à sa jeune voisine.

On voit à gauche, au-dessous du foyer, dans l'enfoncement du mur, des pots, des bouteilles et autres ustensiles de ménage.

Le sujet est joliment imaginé. Il y a de

l'effet et de la couleur. On ne sait trop d'où vient la lumière : à cela près, elle est piquante; moins toutefois qu'au tableau de Callirhoé. Elle paroît prise hors de la toile et tomber de la gauche à la droite. La moitié de la main de l'enfant au poëlon, celle dont il s'appuie sur la table, fait plaisir à voir par sa partie de demi-teinte et sa partie éclairée.

LES SCULPTEURS.

J'AIME les fanatiques, non pas ceux qui vous présentent une formule absurde de croyance, et qui vous portant le poignard à la gorge, vous crient, signe ou meurs; mais bien ceux qui, fortement épris de quelque goût particulier et innocent, ne voient plus rien qui lui soit comparable, le défendent de toute leur force; vont dans les maisons et les rues, non la lance, mais le syllogisme en arrêt, sommant tous ceux qu'ils rencontrent, ou de confesser leur absurdité, ou de convenir de la supériorité de leur

Dulcinée sur toutes les créatures du monde. Ils sont plaisans ceux-ci; ils m'amusent; ils m'étonnent quelquefois. Quand par hazard ils ont rencontré la vérité, ils l'exposent avec une énergie qui brise et renverse tout. Dans le paradoxe accumulant images sur images, appellant à leur secours toutes les puissances de l'éloquence, les expressions figurées, les comparaisons hardies, les tours, les mouvemens; s'adressant au sentiment, à l'imagination, attaquant l'ame et sa sensibilité par toutes sortes d'endroits, le spectacle de leurs efforts est encore beau. Tel est JeanJacques Rousseau, lorsqu'il se déchaîne contre les lettres qu'il a cultivées toute sa vie, contre la philosophie qu'il professe, contre la société de nos villes corrompues, au milieu desquelles il brûle d'habiter, et où il seroit désespéré d'être ignoré, méconnu, oublié. Il a beau fermer la fenêtre de son Hermitage qui donne du côté de Paris, c'est le seul endroit du monde qu'il voie : au fond de sa forêt, il n'y est pas; il est à Paris. Tel est Winkelmann (1), lorsqu'il

(1) Interrompons un moment le philosophe, pour dire un mot de ce charmant enthousiaste de Winkelmann. Je ne sais quel est le charpentier qui a osé

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