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Qu

CAFFIÉR I.

'UE diable voulez-vous que je vous dise de Caffiéri? Qu'il a fait les bustes de Lulli et de Rameau que la célébrité de ces deux noms a fait regarder. Placez-moi devant ce Triton un diacre qui lui étende son étole sur la tête, et vous aurez un démoniaque tout prêt à rendre le diable.

CHALL E.

CELUI-CI vient de mourir. Dieu soit loué! Cela console un peu de la perte de Bouchardon.

Le buste de Floncel est ébauché, encore ne l'est-il pas spirituellement.

Concevez-vous qu'un homme soit perclus de goût au point de coucher sur le ventre une figure qui a des tettons, et de lui couvrir les fesses? Eh! stupide, que veux-tu

donc que je voie? Mais il faut voir encore comment il vous les a couvertes! C'est par un petit bout de draperie tortillée, imitant parfaitement le bourlet d'une chemise relevée, -précisément comme une femmede-chambre le voit le matin à sa maîtresse.

D'HUÈ S.

J'AI entendu un artiste qui disoit en passant devant le Saint-Augustin d'Huès: mon dieu, que nos sculpteurs sont bêtes! Cette exclamation indiscrette me frappa. Je m'arrêtai, je regardai, et au lieu d'un saint, je vis la tête hideuse d'un sapajou embarrassé dans une chasuble d'évêque.

MIG NOT.

BAS-RELIEF d'une naïade vue par le dos. Dos de femme charmant. Caractère fluide et coulant. Dessin pur, simple et facile.

BRIDA N.

SAINT-BARTHÉLEMI SUR LE POINT D'ÊTRE ÉCORCHÉ,

Groupe en plâtre de trois pieds de haut.

Il a un genou en terre; ses bras sont levés vers le ciel. Il prie sans frayeur, sans émotion; il offre ses souffrances et sa vie sans regret. Le bourreau a le dos tourné : il a saisi le bras gauche du Saint; il l'a serré 'd'une corde, et il attache cette corde au haut d'un chevalet. Il a bien l'air de son état; ce couteau qu'il tient dans sa bouche fait frémir. C'est une idée belle comme du Carrache. A cela près, le groupe est trèsbeau, les formes sont grandes, le dessin correct, les muscles prononcés justes, et tous les détails bien étudiés.

Je vous ai dit que ce couteau que le bour reau tient dans sa bouche fait frémir, et cela

est vrai. Je connois pourtant une idée de peintre plus forte et plus atroce (1); c'est un vieux prêtre qui aiguise son couteau contre la pierre de l'autel, en attendant que sa victime lui soit livrée. Je ne sais si elle n'est pas de Deshays.

(1) J'en connois une troisième, toute aussi belle que celle du Carrache, pillée par M. Bridan, et celle de Deshays. C'est un boucher suivi de l'agneau qu'il va égorger. Tandis que de la main droite il attache le croc auquel il va suspendre sa victime, celle-ci lui lèche la main gauche qui est pendante et qui tient le couteau meurtrier. Vous prétendez, mon cher philosophe, avoir vu ce touchant tableau de vos yeux, en passant par la rue des boucheries de votre quartier, et moi je vous soutiens que vous ne l'avez jamais vu que dans votre tête. Il n'en est pas moins beau pour cela; et j'aurois mauvaise opinion d'un peintre à qui cette idée seroit venue, et qui n'en sauroit pas faire un tableau pathé tique.

BERRUER.

CLÉOBIS ET BITON,

Bas-relief en marbre de deux pieds quatre pouces de largeur, sur un pied huit 1. pouces de hauteur.

Voici un beau, un très-beau morceau. D'abord, rien de plus touchant que l'action de deux enfans qui, au défaut de bœufs, s'attachent au charriot de leur mère, et la traînent eux-mêmes au temple de Junon où elle devoit sacrifier. Les anciens récompensoient, éternisoient ces actions. Ah! si j'avois cette voix qui se fait entendre des temps présent et à venir, comme je célébrerois celle qui vient de se passer sous mes yeux! Je vais vous dire cela; vous n'en serez pas moins touché du bas-reliefs. Les libraires de l'Encyclopédie récompensent le domestique du chevalier de Jaucourt d'une somme assez

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