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» n'avons pu porter (1) » ; et nous infidèles à Jésus, dont le joug est si doux et le fardeau si léger,

Mais comment, Samarie la cadette [en a-t-elle usé?] Elle a méprisé l'Eglise, [s'est] séparée de sa communion, grand crime; mais tu l'as justifiée : car croire l'Eglise, et ne point vivre selon l'Eglise, [c'est un plus grand crime ]. Elle a méprisé le carême; et toi, ou tu ne le fais pas, le croyant d'obligation, ou tu le fais judaïquement. Tu l'as justifiée : car est-ce que ces viandes sont impures? Non, il falloit s'abstenir des jeux, des plaisirs, du moins des péchés, des médisances. Elle a retranché la confirmation contre [ la pratique expresse des apôtres ], tu la justifies [en montrant si peu de zèle pour cette foi à laquelle tes pères ont tout sacrifié, que tu t'étois engagé de défendre aux dépens même de ta vie, en recevant ce sacrement ]. Elle a retranché l'extrême-onction, pour ne pas mourir comme entre les mains des apôtres; tu la justifies [ par l'opposition de toute ta vie aux maximes, à l'esprit, aux exemples de ces fondateurs de ta religion. ] Elle a retranché le sacrement de pénitence contre [ l'institution sainte de Jésus-Christ, l'usage constant de toute l'antiquité.] Tu la justifies, [ par l'abus continuel que tu fais de ce sacrement, pour perpétuer tes désordres ]. Elle a retranché le sacrement [ de l'eucharistie. ] Je ne veux croire, [dit-elle, ] que ce que je vois, etc.; tu la justifies, le croyant et le profanant. On devroit connoître sa présence à ton respect, comme le roi où l'on voit la Cour découverte et respectueuse : tu la justifies [par tes irrévérences, le peu de prépa

(1) Act. xv. 10.

ration que tu apportes à la réception de ce sacrement auguste, le peu de fruit que tu en retires, l'indécence et l'irréligion avec laquelle tu assistes au sacrifice redoutable de nos autels. ] Appuyer sur l'un et sur l'autre ; sur le tort de l'hérésie et le plus grand tort des catholiques, qui méprisent [ ou tournent à leur perte tant de moyens de salut.] Tout parcouru, quelle espérance pour toi ? Ah, dit le Seigneur, je me souviendrai des jours de ta jeunesse, je renouvellerai mon pacte, ma foi que je t'ai donnée. Ce n'est pas elle qui revient, c'est Dieu : exhortation à écouter sa voix. [Ne] plus distinguer les anciens et les nouveaux catholiques, abolir ces restes de division. Je ne me relâcherai pas, je reviendrois du tombeau. J'ai un second, le Roi humble sujet partout ailleurs, dans la religion j'ose dire que le prince ne va que le second.

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SUR NOS DISP. A L'ÉGARD DES NÉCESS. DE LA VIE.

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I.ER SERMON

POUR

LE IV.E DIMANCHE DE CARÊME.

Objet des soins paternels de la Providence envers nous. A qui Dieu promet la subsistance nécessaire : étendue et nature de ses promesses. Quelles doivent être les dispositions de ses enfans à l'égard de cette vie mortelle et de tout ce qui y a rapport. Nécessité de réprimer les désirs d'une cupidité insatiable: excès qu'elle produit dans le monde. Maximes qui doivent régler les sentimens des chrétiens au sujet de la grandeur: combien elles sont peu suivies. En quelle manière Dieu confond les vaines pensées de l'ambitieux.

Cùm sublevasset ergo oculos Jesus, et vidisset quia multitudo maxima venit ad eum, dixit ad Philippum: Unde ememus panes ut manducent hi?

Jésus ayant élevé sa vue, et découvert un grand peuple qui étoit venu à lui dans le désert, dit à Philippe : D'où acheterons-nous des pains pour nourrir tout ce monde qui nous a suivis? Joan. vi. 5.

Je ne crois pas, Messieurs, que nous ayons jamais JE

E

entendu ce que nous disons, lorsque nous demandons à Dieu tous les jours dans l'Oraison dominicale qu'il nous donne notre pain quotidien. Vous me direz peut-être que sous ce nom de pain quotidien vous lui demandez les biens temporels qu'il a voulu

être nécessaires pour soutenir cette vie mortelle ; e; c'est ce que j'accorderai volontiers, et c'est pour cela, chrétiens, que je ne crains point de vous assurer que vous n'entendez pas ce que vous dites: car si jamais vous aviez compris que vous ne demandez à Dieu que le nécessaire, vous plaindriez-vous comme vous faites, lorsque vous n'avez pas le superflu? Ne devriez-vous pas être satisfaits, lorsque l'on vous donne ce que vous demandez? Et celui qui se réduit au pain, doit-il soupirer après les délices? Car si nous avions bien mis dans notre esprit que ce peu, qui nous est nécessaire, nous sommes encore obligés de le demander à Dieu tous les jours, ni nous ne le rechercherions avec cet empressement que nous sentons tous, mais nous l'attendrions de la main de Dieu en humilité et en patience; ni nous ne regarderions nos richesses comme un fruit de notre industrie, mais comme un présent de sa bonté qui a voulu bénir notre travail; ni nous n'enflerions pas notre cœur par la vaine pensée de notre abondance; mais nous sentant réduits, contraints tous les jours à lui demander notre pain, nous passerions toute notre vie dans une dépendance absolue de sa providence paternelle.

D'ailleurs si nous faisions réflexion que nous pe demandons à Dieu que le nécessaire, nous ne nous plaindrions pas, comme nous faisons, lorsque nous n'avons pas le superflu. Après avoir restreint nos désirs au pain, nous verrions que nous n'avons aucun droit de soupirer après les délices, et contens d'avoir obtenu de Dieu ce que nous avons demandé avec tant d'instance, nous nous tiendrions trop

heureux d'avoir le vêtement et la nourriture. Habentes autem alimenta et quibus tegamur, his contenti sumus (1) : « Ayant donc de quoi nous nourrir >> et de quoi nous couvrir, nous devons être con» tens ». Et comme nous sommes si fort éloignés d'une disposition si sainte et si chrétienne, j'ai juste sujet de conclure que nous n'entendons pas ce que nous disons, quand nous prions Dieu comme notre père de nous donner notre pain quotidien. C'est pourquoi il est nécessaire que nous tâchions aujourd'hui de l'apprendre, puisque l'occasion en est toute née dans l'Evangile qui se présente.

Pour exécuter un si grand dessein et si fructueux au salut des ames, il faut remarquer avant toutes choses trois degrés des biens temporels marqués distinctement dans notre Evangile. Le premier état, chrétiens, c'est celui de la subsistance qui regarde le nécessaire; le second naît de l'abondance qui s'étend au délicieux et au superflu; le troisième c'est la grandeur qui embrasse les fortunes extraordinaires voyons tout cela dans notre Evangile. Jésus nourrit le peuple au désert, et voilà ce qu'il faut pour la subsistance: Accepit ergo Jesus panes, et distribuit discumbentibus (2): Après qu'ils furent rassasiés, il resta encore douze paniers pleins: Collegerunt et impleverunt duodecim cophinos fragmentorum (3); et voilà manifestement le superflu. Enfin ce peuple étonné d'un si grand miracle, accourt au Fils de Dieu pour le faire roi : Ut raperent eum et facerent eum regem (4): où vous voyez clairement la gran

(1) I. Tim. vi. 8.—(3) Joan, VI. 11.- (3) Ibid. 13,- (4) Ibid. 15.

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